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prions pour tous les fideles: nous ne difons pas, mon pere qui êtes aux cieux, mais notre pere: nous ne disons pas, donnez-moi mon pain quotidien, pardonnez-moi mes péchés mais donnez-nous notre pain quotidien, pardonnez-nous nos offenfes.

Mais fi nous prions tous les jours les uns pour les autres; fi nous demandons à nos freres qui vivent avec nous, le fecours de leurs prieres, pourquoi ne pourrions-nous pas nous adreffer de même aux bienheureux qui font également nos freres, qui nous font unis par la charité & s'intéreffent à nos befoins comme Jérémie & Onias, qui, après leur mort, prioient pour la délivrance des Juifs en captivité (a).

Au refte quand l'église a autorife fes enfans à invoquer les faints, elle a toujours réfervé à Jéfus-Chrift feul le titre de médiateur entre Dieu & les hommes. Si on vouloit appliquer ce terme aux faints (car il ne faut pas difputer des mots) on ne pourroit l'entendre que d'une médiation d'interceffion dans le même fens que Moïfe eft appellé médiateur entre Dieu & fon peuple (b). Nous ne demandons aux faints que d'humbles prieres faites au nom de Jéfus-Chrift, telles que nous en faifons

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tous les jours les uns pour les autres.

Le catéchisme du concile de Trente explique ainfi l'extrême différence qui fe trouve entre la maniere dont on implore le fecours de Jéfus-Chrift, & celle dont on demande celui des faints. Nous prions Dieu de nous donner des biens, ou de nous délivrer des maux ; mais parce que les faints lui font plus agréables que nous, nous leur demandons qu'ils prennent notre défenfe, qu'ils obtiennent pour nous les chofes dont nous avons befoin: de-là vient que nous nous fervons de deux manieres de prier très-diffèrentes. En parlant à Dieu, la maniere propre eft de dire: Ayez pitié de nous : Ecoutez-nous; au lieu que nous difons aux faints: Priez pour nous, quoiqu'en quelque fens on puiffe leur dire: Ayez pitié de nous; parce qu'ils font très-miféricordieux, & nous pouvons leur demander qu'étant touchés de nos miferes, ils nous accordent leur interceffion auprès de Dieu (a). Ainfi, Monfieur, fuivant la doctrine de l'églife catholique, l'invocation des faints fe réduit à les prier d'intercéder pour nous, & d'intercéder au nom de Jésus-Christ. Nous favons que tout ce que nous obtenons par l'entremise des faints, nous l'obtenons par Jésus-Christ,

(a) Part. 4, tit, quis orandus fit.

parce que les faints ne prient pas en leur nom, mais au nom de Jéfus-Chrift, & ne font exaucés qu'en fon nom. Telle est la foi de l'églife catholique que le concile de Trente explique en ce peu de mots : Il est bon & utile d'invoquer les faints... pour obtenir des graces & des faveurs de Dieu par fon fils Jésus-Chrift notre Seigneur, qui eft notre feul rédempteur, & notre unique fauveur (a).

Quand nous offrons le facrifice pour honorer la mémoire des faints, ce n'eft pas à eux que nous l'offrons, mais à Dieu feul: Quoique l'églife, dit le concile de Trente (a), ait coutume de célébrer quelquefois des melles en l'honneur & mémoire des faints, elle n'enfeigne cependant pas que le facrifice leur foit offert. Il n'eft offert qu'à Dieu qui les a couronnés. Auffi le prêtre ne dit pas, Pierre ou Paul, je vous offre ce facrifice; mais rendant graces à Dieu de leurs victoires, il demande leur affiftance, afin que ceux dont nous faifons mémoire fur la terre, daignent prier pour nous dans le ciel (b).

LE PROTESTANT.

Je ne vois rien dans la doctrine que

) Con. Trid. Seff. 25.

(2) Seff. 2, C. 3.

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vous venez de m'expliquer, qui puiffe diminuer la confiance que nous devons avoir en Jésus-Christ, ni lui ôter le titre de seul & unique médiateur.

Mais, Monfieur, les faints qui font dans le ciel entendent-ils les prieres qu'on leur adreffe dans tous les lieux de l'univers ; & s'ils ne les entendent pas, devons-nous les leur adreffer?

LE DOCTEUR.

L'écriture nous apprend que les bien heureux prient pour nous, qu'ils connoiffent nos befoins & les prieres que nous leur faifons. L'archange Gabriël offroit à Dieu les prieres de Tobie, il favoit donc que Tobie le prioit. Jérémie & Onias prioient après leur mort pour les juifs qui étoient en captivité (a); par conféquent ils connoiffoient leur oppreffion. JéfusChrift nous apprend en S. Luc, c. 16, V. 7, que les anges & les faints qui font dans le ciel fe réjouiffent plus de la converfion d'un pécheur que de la perfévérance de quatre-vingt dix-neuf juftes; ils connoiffent donc la perfévérance des juftes, & la converfion des pécheurs.

Mais, dites-vous, comment cela fe fait-il ?

(a) 2. Macch. c. 15.

C'est ce qu'il n'a pas plu à Dieu de nous révéler , parce qu'il n'eft pas néceffaire que nous le fachions. Il nous fuffit de favoir ce que la foi nous enseigne, que les faints font nos interceffeurs auprès de Dieu, qu'il eft bon & utile de les prier.

Dieu n'a pas voulu nous manifefter par quelle voie fe forment les connoiffances de nos ames, quand elles font féparées du corps; mais nous ne pouvons pas douter qu'elles n'en aient, fur-tout les ames faintes qui regnent avec Dieu dans le ciel, & qui favent fans doute, par fon pouvoir, tout ce qui peut les intéresser & entretenir leur union avec nous, qui forme, comme je vous l'ai déja dit, là communion des faints, exprimée dans le fymbole.

LE PROTESTAN T.

Mais, Monfieur, c'eft que les catholiques portent à l'excès leurs expreffions, leurs profternations, & c'eft ce que nos miniftres leur reprochent : ils femblent adorer les faints comme ils adorent Dieu.

LE DOCTEUR.

Non, Monfieur, généralement parlant, les catholiques n'excedent point en ceci. Ils entendent tous la fainte églife s'écrier, en s'adreffant à Dieu dans fes offices publics, fes proceffions folemnelles: Ayez

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