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ils allerent jufqu'à l'accufer d'idolâtrie: leurs difciples les ont imités; on lit dans leurs profeffions de foi, que dans l'église romaine toutes fortes d'idolâtries ont vogue. Ils taxent spécialement d'idolâtrie l'adoration de Jéfus-Chrift dans l'euchariftie, & le culte que l'églife rend aux faints.

Ce culte des faints confifte en ce que nous les invoquons, & que nous honorons leurs images & leurs reliques. Voyons d'abord fi l'invocation des faints mérite les qualifications que les proteftans lui ont données.

Il faut d'abord obferver qu'ils conviennent qu'on doit honorer les faints: Nous les honorons, dit Dumoulin dans fon ouvrage intitulé, Evafions du fieur Arnoux, jéfuite, p. 644, mais nous ne les invoquons pas. Eft-ce donc cette invocation. qui mé rite d'être taxée d'idolâtrie ?.

Il eft conftant que dès les premiers fiecles, les fideles ont cru que les faints, vivant dans le ciel, intercédoient pour eux, & qu'ils ont été dans l'ufage de fe recommander à leur interceffion.

Le Miniftre Daillé reconnoît que cette coutume de prier les faints étoit établie dès le quatrieme fiecle: mais en faifant cet aveu, il accufe S. Bafile, S. Ambroife, S. Jérôme, S. Jean Chryfoftôme, S. Auguftin, S. Grégoire de Naziance, & les

autres faints qui ont paru dans ce fiecle & ont été des lumieres de l'églife, d'avoir altéré en ce point la doctrine des trois fiecles précédens. Mais qui croira que ce miniftre, écrivant dans fe dix - feptieme fiecle, entendoit mieux les fentimens des peres des trois premiers fiecles, que ceux qui vivoient dans le quatrieme ? Et remarquez que ces peres du quatrieme fiecle, dont ce miniftre nous rapporte même les textes, font voir qu'en priant les faints, ils ne faifoient que fuivre les exemples de ceux qui les avoient précédés; tant ils étoient éloignés de croire que cette invocation fût une nouveauté.

Il n'étoit pas de l'intérêt du ministre Daillé de faire une recherche exacte des textes des peres des trois premiers fiecles; mais d'autres que lui les ont trouvés. Je vais vous en rapporter quelques-uns.

S. Polycarpe, évêque de Smyrne & difciple de S. Jean l'évangélifte, fut brûlé vif pour la foi de Jéfus - Chrift, l'an 169. Son églife écrivit les actes de fon martyre, & les envoya aux autres églises, fpécialement à S. Irénée, évêque de Lyon; or voici ce qu'on y lit : Nous honorons les martyrs & les autres fideles difciples de JefusChrift: nous nous adressons à eux pour obtenir, par leur entremife, de pouvoir partager un jour la gloire dont ils jouiffent.

Origene qui vivoit dans le troifieme fiecle, dit: Perfonne ne doute que les faints ne nous aident dans le ciel par leur interceffion (a).

S. Cyprien difoit: Souvenons-nous de nos freres dans nos prieres; & fi quelqu'un de nous précede les autres auprès de Dieu, qu'il ne ceffe de folliciter pour eux sa mifèricorde. (b)

Eufebe qui a vécu dans le troifieme & le quatrieme fiecles, attefte ce qui se pratiquoit de fon tems. Tous les jours, dit-il, nous accourons aux tombeaux des faints martyrs; nous leur adreffons nos vœux, fachant que leur interceffion auprès de Dieu nous eft d'un grand fecours (c).

Vous voyez, Monfieur, que ces auteurs ne rapportent pas feulement ce qu'ils croyoient & ce qu'ils pratiquoient, mais ce qu'on croyoit & pratiquoit publiquement dans toute l'églife.

En effet, cet ufage d'invoquer les faints eft fondé fur le fymbole même des apôtres, fur la communion des faints qui en eft un article, & en vertu de laquelle il fe fait un commerce facré des fuffrages,

(a) Homélie II, in lib. numeria

(b) Epift. ad Cornel.

(c) Eufeb. de præpar. Evang. lib, 23. n. 15.

des prieres & des bonnes œuvres entre tous les membres qui compofent l'églife militante, c'est-à-dire, les fideles qui font fur la terre, & l'église triomphante, c'està-dire, les faints qui font dans le ciel.

Les juftes qui regnent dans le ciel s'intéreffent donc aux befoins de leurs freres qui combattent fur la terre; & ceux-ci réclament avec ardeur leur interceffion auprès de Dieu, parce que les uns & les autres font membres de Jéfus-Christ qui eft leur chef.

Les miracles que Dieu a fouvent opérés en faveur des fideles qui invoquoient les faints, ces miracles atteftés par les témoins oculaires les plus dignes de foi, tels que S. Auguftin, S. Ambroife, &c. ne fuffiroient-ils pas pour prouver combien le culte des faints eft agréable à Dieu.

LE PROTESTAN T.

Voici ce que j'ai entendu dire à nos miniftres, & ce qu'ils répetent fans ceffe, que, fuivant l'apôtre S. Paul, Jésus-Chrift feul eft médiateur entre Dieu & les hommes (a); que nous ne devons mettre qu'en lui notre confiance d'où ils concluent que nous ne devons pas invoquer les faints.

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LE DOCTEUR.

Si en invoquant les faints qui font dans le ciel nous faifons injure à la qualité de médiateur que l'écriture donne à JéfusChrift, nous ne lui en ferions pas moins en invitant les faints qui vivent avec nous fur la terre, à demander à Dieu les graces que nous defirons car nous invoquons les faints qui font dans le ciel de la même maniere & dans le même efprit que nous demandons l'affiftance & les prieres de nos freres avec qui nous vivons. Cependant l'apôtre S. Paul avoit coutume de se recommander aux prieres des fideles à qui il écrivoit; il le fait fpécialement dans fes lettres aux Romains, c. 12, v. 10, aux Theffaloniciens, c. 5, v. 2; &c. & en fe recommandant aux prieres des fideles, il les affure que de fon côté il prie Dieu pour eux. L'apôtre Saint Jacques nous dit: Priez les uns pour les autres, afin que vous faffiez votre falut. Car la priere affidue du jufte eft d'un grand poids auprès de Dieu (a). Nous lifons dans les actes des apôtres, que S. Pierre étant en prifon à Jérusalem, toute l'églife prioit pour lui (6). Quand nous recitons l'oraifon dominicale nous

(8) Jac. 5, 16.

(b) Act. c. 12, V. §.

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