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fpécialement le célebre miffionnaire M. Goulde, qui fit paroître en 1700 un ouvrage très-clair & très-folide, intitulé La véritable croyance de l'églife catholique. L'auteur d'une réponse qui avoit pour titre, Antidote contre la lettre d'un miffionnaire touchant la croyance de l'églife catholique, prétendit auffi que M. Goulde favorifoit tantôt les calvinifles, tantôt les luthériens, tantôt les catholiques; & qu'affurément le pape n'approuveroit pas ce qu'il avançoit fur plufieurs articles. M. Goulde, dont l'ouvrage avoit été approuvé en 1700, & enfuite en 1710 par M. l'évêque de Poitiers, répondit en 1717 à cet antidote par un autre ouvrage intitulé Preuves de la doctrine catholique, qui fut réimprimé en 1745 avec celui de 1710 par ordre du clergé de France.

Il eft certain que M. Boffuet & M. Goulde ont exposé la doctrine catholique dans l'exacte vérité. Ils n'avancent rien d'eux-mêmes. Ils ne difent que ce qu'ils ont puifé dans les monumens publics de notre croyance. Le concile de Trente a décidé avec tout le détail & toute la clarté poffibles les points conteftés entre les catholiques & les proteftans. Les explications & les décifions renfermées dans les actes de ce concile, & dans le catéthisme compofé depuis par fon ordre,

fubfifteront toujours. Les décifions de ce concile font regardées par tous les catholiques comme autant d'articles de foi, & par conféquent comme une regle invariable de leur croyance. Quiconque n'expoferoit pas la doctrine catholique telle qu'elle eft, feroit aifément convaincu de faux, & porteroit bientôt la peine de fa témérité. Auffi les docteurs de la réforme, en accufant M. Boffuet de n'avoir pas exactement exposé la doctrine de l'églife catholique, difoient en même temps qu'il n'éviteroit pas la cenfure de fa communion, tant ils étoient perfuadés que dans l'églife catholique on ne s'éloigne pas impunément de ce qui a été décidé.

LE PROTESTANT.

Je fens bien, Monfieur, que les controverfiftes catholiques ne peuvent pas expofer les points de doctrine qui ont été une fois décidés par l'églife, autrement qu'elle ne les a fixés, puifque c'eft fa déci fion qui regle leur croyance, & que s'ils s'en écartoient, on ne manqueroit pas de les confondre en la leur oppofant : ainfi c'en eft affez fur ce point, ce me femble.

LE DOCTEUR.

Parlons donc à préfent des points fur lefquels les prétendus reformés & les

catholiques perfiftent dans des fentimens -contraires : ce font ceux qui concernent le culte des faints l'euchariftie, les autres facremens, le purgatoire, les indulgences, les ufages & les cérémonies de l'églife catholique.

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Mais j'ai auparavant une question à vous faire: ne vous refte-t-il aucun doute fur tous les articles que nous avons difcutés enfemble jufqu'à ce moment? Ce que j'ai principalement à cœur, c'eft de ne rien laiffer en arriere : parlez-moi avec une entiere ouverture de coeur; auriez-vous encore quelque difficulté à me proposer?

LE PROTESTAN T.

Non, Monfieur, vous m'avez prouvé trèsclairement que l'églife catholique romaine eft feule l'églife de Jéfus-Chrift, parce que c'eft celle qui l'a eu pour fondateur, & qui a pour conducteurs des miniftres envoyés de fa part, parce qu'elle eft la feule qui ait les quatre caracteres & les différentes propriétés que doit avoir l'églife de Jefus-Chrift, & qu'enfin elle peut feule rendre la foi des fideles entiere & certaine.

Mais il eft un article lié avec ceux-là & dont vous m'avez parlé, fur lequel il me refte quelque difficulté dans l'efprit, parce que j'en ai entendu parler à nos miniftres

plus fouvent & avec beaucoup de feu, c'eft la primauté du pape.

:

Vous m'avez bien prouvé que JéfusChrift avoit établi S. Pierre chef de fon églife mais eft-il également certain que cette autorité de S. Pierre ait paffé aux évêques de Rome, qu'on a appellés papes, que cette primauté des papes foit d'inftitution divine, & que Notre Seigneur leur ait ainfi donné pour toujours la qualité de chefs de fon églife? Nos miniftres foutiennent au contraire que cette primauté, cette jurifdiction du pape eft d'inftitution purement humaine : que doit-on leur répondre ?

LE DOCTEUR.

Il falloit bien que les prétendus réformés combattiffent la primauté du pape, puifque c'eft Léon X, & enfuite plufieurs de fes fucceffeurs dans le concile de Trente, qui, comme chefs de l'églife, ont condamné leurs erreurs; mais ils ont contredit en cela l'écriture & la tradition, qui établiffent manifeftement que Jésus-Christ a donné non feulement à S. Pierre, mais en lui, à tous fes fucceffeurs, la qualité de chefs de fon église jusqu'à la fin du monde. Je l'ai fpécialement montré dans notre fecond entretien; mais puifque vous le defirez, je vais reprendre & réunir fous un

même coup d'œil les preuves évidentes de ce point effentiel de doctrine, & je les puiferai, comme je viens de vous le dire, dans l'écriture & la tradition.

I. Je vous ai rapporté les paroles mémorables du Sauveur qui dit à Pierre, après lui avoir donné ce nom, au lieu de ceux de Simon & de Céphas qu'il portoit auparavant Tu es Pierre, & c'eft fur cette pierre que je bâtirai mon églife, & les portes de l'enfer ne prévaudront jamais contre elle. Pour exprimer enfuite avec encore plus d'énergie la fublimité du pouvoir qu'il lui confioit, en cette qualité de chef de fon églife, le Sauveur ajouta : Je te donnerai les clefs du royaume des cieux, tout ce que tu auras lié fur la terre fera lié dans le ciel, & tout ce que tu auras délié fur la terre fera délié dans le ciel (a).

Enfin, après fa réfurrection, il fit protéfter trois fois à Pierre qu'il l'aimoit avec plus d'ardeur que ne l'aimoient tous fes autres difciples, & le chargea, comme pour le récompenfer de ce plus grand amour, du foin de tout fon troupeau, non feulement des agneaux, mais des brebis c'est-à-dire, de tous les enfans de fon églife, même de leurs pasteurs (b).

(a) Mat. 16, 18. (b) Joan. 21, 15.

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