Abbildungen der Seite
PDF
EPUB

peut vous éclairer & c'eft lui feul que vous devez chercher : jamais vous n'eûtes un befoin plus preffant de fa grace: demandez-la lui avec ardeur; efforcez vous de l'attirer non feulement par les plus ferventes prieres, mais encore par la vie la plus pure.

LE PROTESTAN T.

Je vous remercie, Monfieur, de vos bons avis; ce n'eft ni l'intérêt, ni aucun autre motif humain qui me guide; je ne cherche qu'à connoître la vérité. Je prierai Dieu de toutes mes forces, de m'éclairer, & tâcherai de ne rien faire qui puiffe Poffenfer.

19

SECOND ENTRETIEN.

Deux propofitions qui vont former le fujet des cinq Entretiens fuivans.

On doit s'attacher à l'églife de JéfusChrist, & quitter les fociétés qui ne font pas cette véritable églife.

Or l'églife catholique romaine eft seule la véritable églife de Jéfus-Chrift, & les fociétés proteftantes ne le font pas. D'où il fuit que les proteftans doivent quitter leurs fociétés & fé réunir à l'églife romaine.

Preuve de la premiere propofition qui eft un principe conflant.

Premiere preuve de la feconde, tirée de ce que Jésus-Chrift a fondé l'églife romaine, & a donné miffion aux pafleurs qui la conduifent; tandis qu'il n'a pas fondé les fociétés proteftantes, & que leurs miniftres n'ont point eu de miffion de lui.

VOUS

LE DOCTEUR.

Ous êtes bien exact au rendez-vous, Monfieur, & je vous en fais gré. J'ai renvoyé quelques affaires qui m'étoient furvenues, afin d'être plus libre avec vous.

Cette conférence va devenir bien fé rieufe.

LE PROTESTAN T.

J'y apporte au moins, Monfieur, un defir fincere de connoître la vérité & de la fuivre.

LE DOCTEUR.

Voici l'objet précis que nous avons aujourd'hui à approfondir. Ceux qui fe trouvent engagés dans des fectes féparées de l'églife romaine, font-ils obligés de les quitter & de fe réunir à elle? Je foutiens qu'ils y font obligés, & je vous promets de vous en apporter des preuves claires & fans replique. Mais avant de vous les développer, j'ai une obfervation à vous faire.

Les fociétés des prétendus réformés font forties, comme je vous le difois, du fein de l'églife romaine. Luther y étoit religieux, Calvin bénéficier, Zuingle curé d'une paroiffe de Zurich. Lors qu'ils s'en font féparés & ont formé leurs fectes, ils n'ont pas contredit tous les articles de fa doctrine. Ils ont retenu le baptême dans toute fon intégrité; de là vient que tous les enfans qui l'ont reçu dans les fectes proteftantes font fauvés, s'ils meurent avant d'avoir atteint l'ufage de raison, & par conféquent avant d'avoir pu perdre la grace fanctifiante que le baptême confere.

:

Je dis plus il peut fe faire que, dans les fectes proteftantes, des adultes (c'està-dire ceux qui ont atteint l'âge de raifon) foient fauvés, parce qu'il peut arriver que ces adultes foient de bonne foi & ne participent point à l'héréfie car fi leur ignorance eft invincible, elle ne met point obftacle à leur falut.

Ainfi, Monfieur, quand je dis que ceux qui vivent dans des fectes féparées de l'églife catholique ne peuvent être fauvés, s'ils ne quittent ces fectes pour s'attacher à l'églife catholique, je ne parle pas de ceux que leur ignorance invincible excufe, mais de ceux qui ne peuvent prétexter qu'une ignorance volontaire & coupable. LE PROTESTAN T.

J'avois entendu dire que l'églife romaine damnoit fans diftinction tous ceux qui étoient dans des communions féparées d'elle. Mais quoi ! me difois-je à moimême, comment fe pourroit-il que ceux qui n'ont pu connoître l'églife romaine fuffent damnés pour ne l'avoir pas connue? Je vous avoue qu'une telle doctrine me prévenoit beaucoup contre votre églife. LE DOCTEUR,

Je fuis charmé Monfieur d'avoir détruit votre préjugé. Mais remarquez, je vous prie, que fi dans les fociétés fépa

rées de l'église il y a, outre les enfans, des adultes qui font fauvés, le nombre de ces adultes n'eft pas fi grand que vous pourriez peut-être vous l'imaginer. Remarquez encore que ces enfans & ces adultes appartiennent à l'églife catholique, hors de laquelle il n'y a point de falut. Je dis 1°. que le nombre des adultes qui peuvent être fauvés, quoiqu'ils vivent dans des communions féparées de l'églife romaine, n'est pas fi grand que vous pourriez peut-être le penfer.

Les docteurs de la faculté de théologie de Paris ont traité fort clairement ce point dans un ouvrage imprimé au nom de leur corps; le voici, je vais vous en lire quelques traits.

«Ceux qui font, difent-ils, (a) dans » quelque communion que ce foit féparée de l'églife catholique, ne peuvent » venir à connoître les faits qui concer» nent une telle communion & fpécia»lement remonter à fon origine, qu'ils »ne foient obligés de condamner les » auteurs de la féparation, comme des »novateurs qui ont abandonné la foi » qu'ils tenoient auparavant, qui fans » vocation, fans miffion légitime, fe font

(a) Cenfure de la Faculté de théologie de Paris, contre le livre qui a pour titre Emile ou de l'Education.

« ZurückWeiter »