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Les juifs convertis par la premiere prédication de S. Pierre dirent aux apôtres: Nos freres, que faut-il que nous faffions? S. Pierre leur répondit : Faites pénitence, & que chacun de vous foit baptife afin que les péchés vous foient remis (a).

Si l'écriture attribue la juftification à la foi, elle l'attribue auffi à d'autres difpofitions. L'apôtre S. Paul dit dans l'épître aux romains que la foi juftifie; mais il ajoute dans la même épître que l'efpérance nous fauve. Spe falvi facti fumus (b).

Mais ce qu'il eft bien important d'obferver, c'eft que les proteftans qui font profeffion de ne croire que ce qui est dans l'écriture, n'ont jamais pu y trouver un texte qui enfeignât que la foi fuffit pour la juftification. Luther n'en pouvant découvrir aucun en fit un de fon chef. Voyant que l'apôtre S.Paul avoit dit dans fon épître aux Romains (c): Nous croyons que Phomme eft juftifié par la foi fans les œuvres de la loi, (c'eft-à-dire, de la loi de Moïfe): il ajouta au mot foi, le mot feule. Par-là il faifoit dire à S. Paul que l'homme eft juftifié par la foi feule. la foi feule. Les théologiens catholiques lui ayant reproché cette fal

(a) A&t. c. 2, v. 36. 37.
(b) Rom. c. 8, v. 24.
(c) c. 3, v. 28.

,

fification if donna pour toute réponse dans une lettre qu'il écrivit à un de fes amis, que telle avoit été fa volonté, ajoutant: Je ne me repens que d'une chofe, c'est de n'avoir pas ajouté deux autres mots, en tra duifant fans toutes les œuvres des autres loix, afin que l'on vit que l'homme eft juft fie fans aucune œuvre de quelque loi que ce puiffe être (a).

Si Luther favoit faire des textes quand if n'en trouvoit point en fa faveur, il favoit auffi retrancher de l'écriture ce qui étoit contraire à fa doctrine.

On voit fur-tout dans l'épître de S. Jacques, que la foi ne fuffit pas pour nous juftifier. Vous voyez, dit-il, c. 2, V. 24, I. vous voyez, mes freres, que l'homme eft juf tifié par les œuvres & non pas feulement par la foi.

S. Auguftin croit que S. Jacques écrivit cette lettre pour empêcher que quelqu'un, faute de bien faifir le vrai fens de l'épître de S. Paul aux romains, n'en prît occafion de dire que la foi fuffit fans les oeuvres (6). Luther ne fachant que répondre à l'épître de S. Jacques, prit le parti de la retrancher de la bible. Cependant Calvin & tous les Calviniftes l'ont toujours regardée comme

(a) Luth. opera. Edit. de 1561. tom. 5, pag. 144. (b) S. Aug. lib. de fide & opera. cap. 19.

canonique, & maintenant elle eft reconnue pour telle dans toutes les fectes de la réforme, ainfi qu'elle l'a toujours été dans l'églife catholique.

Il eft donc faux que la foi fuffife pour Ja juftification, fi l'on entend par la foi ce la qu'on a coutume d'entendre, c'est-à-dire, la croyance des myfteres & de toutes les vérités révélées.

Mais fi les proteftans entendent que l'homme eft juftifié parce qu'il croit fermement l'être; fi c'eft à cette croyance qu'ils donnent le nom de foi, & fi c'eft cette prétendue foi qu'ils regardent comme fuffifante pour la juftification, leur erreur eft encore bien plus groffiere, & ils ne peuvent plus alléguer aucun texte de l'écriture, parce que non feulement il n'y en a pas un feul qui enfeigne que cette prétendue foi eft fuffifante; mais il n'y en a pas un qui la mette au rang des difpofitions. à la juftification.. Au contraire l'écriture nous enfeigne en termes formels que nous ne devons ni ne pouvons croire avec une entiere certitude que nous fommes juftifiés, ou que nous ferons fauvés..

Comment pourrions-nous. être affurés que nous fommes en état de grace, tandis que l'apôtre S. Paul dit: Encore que ma confcience ne me reproche rien, je ne fuis pas juftifié pour cela, mais c'est le feigneur qui

eft mon juge; c'est-à-dire, il n'appartient qu'à lui de me connoître tel que je fuis (a)? Nous lifons dans l'eccléfiaftique: L'homme ne fait s'il eft digne d'amour ou de haine (b). Et dans le livre des proverbes : Qui peut dire, mon cœur eft pur & je fuis exempt de péché? (c)

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C'eft la doctrine que le concile de Trente a fi clairement expofée en ces termes : Tout comme un homme pieux ne doit pas douter de la miféricorde de Dieu, des mérites de Jésus-Chrift, de la vertu & efficacité des facremens de même quiconque réfléchit fur lui-même, fur fa foibleffe & fon peu de difpofition, peut toujours craindre de n'être pas en état de grace, puifque perfonne ne peut favoir avec certitude de foi s'il a reçu la grace de juftification (d).

Nous pouvons encore moins être certains que nous ferons fauvés. Nous devons l'efpérer avec une humble confiance en la miféricorde divine; mais quand même nous ferions certains, à n'en pouvoir douter, que nous fommes en état de grace, nous ne ferions pas certains que nous perfévérerons jufqu'à la mort. Et comment pourrions - nous en être affurés tandis que

(a) Cor. 4, 4

(b) c. 9, v. 1.

(c) c. 20, v. 9.

(d) Concil. trid. Seff. 6, cap. 9.

Papôtre S. Paul'difoit: Je traite durement mon corps, & je le réduis en fervitude, de peur qu'après avoir prêché aux autres, je ne devienne moi-même un réprouvé (a).

Nous fommes affurés que Dieu ne nous abandonnera jamais de lui-même; mais nous devons toujours craindre que nousmêmes nous ne l'abandonnions, en rejetant fes infpirations & les pieux mouvemens qu'il excite en nos cœurs. Il a voulur tempérer par cette crainte falutaire la confiance qu'il infpire à fes enfans, parce que, comme le remarque S. Auguftin, telle eft notre infirmité dans ce lieu de tentations & de périls, qu'une pleine fécurité produiroit en nous le relâchement & l'orgueil, au lieu que cette crainte nous rend plus vigilans & fait que nous nous attachons à Dieu avec une humble dépendance.

Enfin la doctrine de Luther & de Calvin révolte la raison même; fi pour être juftifié il fuffit de croire fermement qu'on l'eft, un homme vicieux en confervant toujours cette croyance feroit toujours jufte.

LE PROTESTANT.

Je me fouviens, Monfieur, qu'un jour on fit en ma préfence cette objection à un

(a) I. Cor. C. 9, v. 27a

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