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» foyons pas comme des enfans flottans » dans nos opinions, & que nous ne >> foyons pas emportés par tout vent de » doctrine (a). » Par conféquent c'est de l'enfeignement des pafteurs de l'églife, & non pas de la difcuffion de l'écriture, qu'il a voulu que notre foi tirât fa certitude. Et quand il veut parler de l'enseignement de l'églife, pour en relever la force, comment nous le repréfente-t-il? comme un enfeignement infaillible, qui réduit en captivité tout entendement humain (b).

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Enfin, pour montrer plus expreffément encore que Jéfus-Chrift a voulu que ce fût l'autorité de l'églife qui réglât la foi des fideles & la rendît certaine il appelle cette église la colonne & le firmament de la vérité (c). N'eft-il pás évident qu'ici la vérité s'oppose à l'erreur, & que l'églife eft appellée la bafe de la vérité, parce que c'eft par elle que notre foi est véritable & certaine.

En eft-ce affez, Monfieur? voulez-vous que je vous apporte encore d'autres textes de l'écriture qui montrent que c'est l'autorité de l'églife, & non pas l'écriture feule qui doit fixer notre foi ?

(a) Ephef. 4. 14.
(b) 2 Cor. 10. 5.
(c) 1. Tim. 3. 15.

LE PROTESTANT.

Vous m'en avez cité en affez grand nombre, & je les trouve décififs.

Mais j'ai ici un éclairciffement à vous demander. Je fuis, je vous l'avoue, trèsfurpris de tout ce que vous venez de m'expliquer fur cette difcuffion que chaque fidele feroit obligé de faire lui-même de la fainte écriture, pour fe déterminer fur les points de doctrine contestés : il me paroît évident qu'il feroit impoffible, même aux personnes les plus éclairées de parvenir par ce moyen à avoir une foi certaine. Je fens bien cependant que pour affurer la foi, il ne refte que cette reffource à ceux qui voyant leurs fentimens condamnés par l'églife, s'obstinent à lui réfifter.

Mais voici ce que je demande. Si c'eft là le fyftême de nos miniftres, dans la spéculation, le fuivent-ils dans la pratique ? propofent-ils de faire cette difcuffion? la recommandent-ils à ceux à qui ils enfeignent la religion? la font-ils eux-mêmes? Pour moi je fais bien que jamais personne ne m'en a parlé; je n'en avois pas même d'idée : je vous avouerai que quoique dès ma jeuneffe j'aie beaucoup aimé la lecture, je n'ai jamais fait une étude particuliere de l'écriture fainte, on ne m'y a point

invité, & je la connois fort peu : n'ai même jamais eu en mon pouvoir la bible dans fon entier, & l'on m'embarrafferoit beaucoup fi l'on me demandoit feulement quels font les livres qui compofent l'ancien teftament: il en eft plufieurs du nouveau que je n'ai point

lus.

LE DOCTEUR.

C'eft, Monfieur, ce que j'allois vous dire, & c'est par où je me propofois de

terminer cet entretien.

Ici la conduite des prétendus réformés eft manifeftement en contradiction avec leurs principes, & c'est ce qui doit bien les confondre: malgré toutes leurs allégations & tous leurs écrits, ils reviennent au même fyftême que les catholiques par le fait, parce qu'il leur eft impoffible de s'en écarter. Ils ne fuivent pour terminer les débats publics en matiere de doctrine, & pour fixer la croyance des particuliers, d'autre voie que celle de l'autorité, & jamais celle de la difcuffion de l'écriture. Reprenons en particulier chacun de ces deux points.

Quant aux débats publics.

Voici les regles qu'ils fe font formées à cet égard.

Dans leur difcipline, imprimée en

1667, ils fixent les tribunaux qui doivent connoître de ces débats.

Le confiftoire eft l'affemblée des miniftres & des anciens de chaque canton. Le colloque réunit de plus les miniftres voifins.

Le fynode provincial, ceux de la province.

Le fynode national, ceux de toute la

nation.

Quand le jugement rendu par le confiftoire ne convient pas aux parties, elles peuvent porter la caufe au colloque, en promettant par écrit de ne pas répandre leurs opinions dans le public, jufqu'à ce qu'il foit affemblé.

Le jugement du colloque rendu, fi c'eft un miniftre qui y réfifte, il eft fufpendu de fon office par le feul fait, & s'il répand encore fes opinions dans le public, il eft chaffé de l'églife.

Les termes de cette difcipline font formels.

» Les débats pour la doctrine,» y eftil dit, « feront terminés par la parole de » Dieu, s'il fe peut, dans le confiftoire » finon l'affaire feroit portée au colloque, » de-là au fynode provincial, enfin au > national, où l'entiere & finale réfolu» tion fe feroit par la parole de Dieu, » à laquelle fi on refusoit d'acquiefcer de

»point en point, avec exprès défaveu » de fon erreur, on feroit retranché de » l'églife (a). »

Voilà donc le jugement, & enfuite l'excommunication tout comme dans l'église romaine.

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Mais le fynode de Vitré, tenu en 1617, avoit dreffé un ftatut encore bien plus remarquable. Il ordonnoit que quand la caufe feroit portée au fynode national pour juger en dernier reffort, on s'afsurât d'avance de la foumiffion des parties, en leur faifant figner ce ferment:

» Nous promettons devant Dieu de >> nous foumettre à tout ce qui fera ré» folu en notre fainte affemblée, perfua» dés que nous fommes que Dieu y pré» fidera, & nous conduira par fon ef» prit, en toute vérité & équité, par la » regle de fa parole (b). »

Le fynode de Charenton, tenu en 1647, condamne en conféquence la doctrine des indépendans, « qui refufoient de recon»noître l'autorité des colloques & des » fynodes pour leur régime & conduite: » déclarant que cette fecte eft autant pré» judiciable à l'état qu'à l'églife, qu'elle » ouvre la porte à toutes fortes d'irrégu

(a) 5. Titre des confiftoires, art. 31. (2) Boffuet, Exponition, p. 20

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