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» ceux qui vous étoient autrefois étran»gers fe joindront à vous. » Il termine tous ces traits par ces paroles mémorables: » Toute arme forgée contre vous fera bri» fée, & vous jugerez en jugement toute » langue qui ofera vous réfifter (a). »

Voilà donc l'églife de Jéfus-Chrift chargée d'enfeigner, affurée de conferver la parole de Dieu dans toute fa pureté jusqu'à la fin du monde, & établie juge des langues & de la doctrine.

Mais c'eft fur-tout dans le nouveau teftament que les textes fe préfentent en foule. Et d'abord S. Pierre dans fa feconde épître, renverse en entier le faux fyftême que ce foit l'écriture qui doive affurer notre foi.

« Il y a dit-il » dans les lettres de » Paul notre très-cher frere, quelques » endroits difficiles à entendre, que des » hommes ignorans & légers détournent » à de mauvais fens, auffi-bien que les » autres écritures, pour leur propre » ruine (b). »

L'écriture fainte eft donc obfcure, on peut fe méprendre fur l'intelligence de fes textes, & par conféquent il faut une autorité diftinguée d'elle, qui en détermine avec certitude le fens.

(a) Ifaie, 54. 17. (b) 2. Pet. 3, 16.

En effet, que porte l'acte même de la fondation de l'églife, que je vous ai déja plufieurs fois cité?

« Allez », dit le Sauveur parlant à ses apôtres, & en leur perfonne à tous ceux qui devoient leur fuccéder jufqu'à la fini du monde, « Allez, ENSEIGNEZ TOUS » Les peuples, les baptifant au nom du » Pere, & du Fils, & du Saint Efprit, » LEUR APPRENANT à obferver tout ce » que je vous ai commandé. »

Il ne dit pas, allez & portez-leur mes livres, mais allez, enfeignez les, apprenez-leur.

Or, l'effence même de l'enfeignement ne confifte-t-elle pas à expliquer ce qu'on enfeigne, à en développer, à en fixer le véritable fens ?

Si le maître qui enfeigne, préfente un livre, & que ce livre ait quelque obfcurité, n'eft-ce pas à lui à l'interpréter ?

Mais qu'ont-ils à annoncer, ces grands prédicateurs & leurs fucceffeurs jufqu'à la fin du monde ? les vérités les plus fublimes, les dogmes les plus oppofés à la raison humaine. A qui s'adreffent-ils ? à des inconnus, à des fauvages, à des barbares, fimples, groffiers, illitérés? & par conféquent à quoi doivent-ils s'attendre? à des réfiftances de leur part, à des répliques, à des queftions: & comment les réfou

dront-ils ces questions? comment fixeront-ils la croyance de leurs auditeurs, fi ce n'eft par l'autorité de l'église ?

Suppofons par exemple, qu'un miffionnaire foit allé, après le quatrieme fiecle, annoncer la foi chrétienne à des idolâtres: » Que nous dites-vous, miniftre du Dieu » fuprême, » lui auront-ils répliqué dès fon premier difcours, « vous nous an» noncez un feul Dieu, & vous voulez > nous baptifer au nom de trois ? ce pere, » ce fils, ce faint efprit, dont vous nous » parlez, font-ils donc une même chofe, » font-ils un feul & même Dieu ?

» Oui », leur aura-t-il répondu, «< ces » trois perfonnes font un feul & même » Dieu; Jésus-Chrift l'a ainfi prêché fur » la terre, la fainte écriture qu'il nous » a laiffée le confirme, & l'églife qu'il a fondée, à qui il a promis fa perpé»tuelle affiftance l'a expreffément dé»cidé. » Une telle réponse aura levé leurs doutes, & fixé leur croyance.

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Mais s'il étoit allé leur dire, au contraire, « Le pere, & le fils forment-ils » un feul Dieu? c'eft une difficulté qu'il » ne m'appartient pas de réfoudre; on ent sa vivement difputé, & cette difpute a » partagé l'univers : voici le moyen de » vous en éclaircir: Jéfus-Chrift a laiffé » des écritures à fon églife, & il veut

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» que les fideles y puifent leur foi; on » y trouve des textes qui femblent fe » contredire, & qui favorifent les deux » opinions; c'est un gros livre, je vous » le donnerai, vous l'étudierez bien, & » vous vous déterminerez vous-mêmes.

» Eh! nous ne favons pas lire, » auroient-ils répondu avec impatience; » quand nous faurions lire, que com» prendrions-nous dans ce gros livre ; » expliquez-le nous vous-même ; vous » exigez de nous une foi ferme & conf» tante; déterminez, fixez donc au moins » ce que nous devons croire. »

Mais je vous ai déja rapporté, Monfieur, plufieurs textes des plus précis : ce font tous ceux par lefquels Jéfus-Christ a promis l'infaillibilité à fon églife.

Vous favez qu'il dit à Pierre: Et moi je te dis que tu es pierre, & c'eft fur cette pierre que j'édifierai mon églife, & les portes de l'enfer ne prévaudront point contr'elle (a).

L'églife de Jésus-Chrift, bâtie fur la pierre, ne tombera donc jamais dans l'erreur, puifque jamais les portes de l'enfer ne prévaudront contr'elle. Elle est d'ailleurs établie pour enfeigner les hommes, & pourquoi Jéfus-Chrift lui affure

(a) Matt, 16, 18,

t-il l'infaillibilité, fi ce n'eft parce qu'il a voulu que ce fût fon enfeignement qui fixât la foi de ses enfans, & non la difcuffion qu'ils auroient pu faire de l'écriture?

De-là, & par le même principe, il avoit dit à fes difciples affemblés, Qui vous écoute m'écoute, & qui vous méprife me méprife (a), & par conféquent vous direz toujours la vérité. Ce qu'il confirma plus expreffément encore lorfqu'il leur dit, Je vous enverrai l'Esprit faint, c'eft un efprit de vérité qui demeurera toujours en -vous (b).

Auffi leur ordonna-t-il de regarder comme un païen & un publicain, celui qui ne voudroit pas écouter l'églife (c).

dit

Saint Paul infifte fouvent fur cette vérité. Tantôt s'adreffant aux évêques, il leur que l'Esprit faint les a établis pour conduire l'églife de Dieu, que Jésus-Chrift a acquife par fon fang (d): or le principal objet de cette conduite n'eft-il pas d'affu rer la foi?

Tantôt écrivant aux Ephéfiens, il leur dit, Jéfus-Christ a établi dans fon » églife des apôtres, des pafteurs, des » docteurs; pourquoi? afin que nous ne

(a) Luc. 10. 16.

(b) S. Jean, c. 14. v. 16. & 26; c. 16. v. 13. (c) Mat. c. 18. v. 17.

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