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SIXIEME ENTRETIEN.

La foi ne peut être certaine que dans le fein de l'églife romaine, parce que cette églife emploie pour l'affurer la voie de l'autorité, & les proteftans celle de la difcuffion que chaque particulier peut faire de la fainte écriture.

Trois preuves que cette difcuffion ne peut pas donner une foi certaine.

La premiere de raifonnement.

La feconde tirée de l'écriture.

La troifieme tirée de la conduite des prétendus réformés, qui ayant d'abord combattu la voie de l'autorité, parce qu'elle les condamnoit, ont été obligés d'y revenir enSuite pour terminer leurs débats fur la

croyance.

Récapitulation des fix premiers entretiens.

JE

LE DOCT E U R.

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vous ai prouvé, Monfieur dans notre précédent entretien que la foi ne pouvoit être entiere que dans le fein de l'églife catholique romaine, parce qu'elle fur-ajoute à la fainte écriture la tradition, qui eft une feconde fource de la

révélation que Dieu a faite à fon églife, & à qui nous devons la connoiffance de plufieurs points de dogme qui ne font point dans l'écriture.

Vous m'avez paru content des preuves que je vous en ai données, avez-vous fait fur cela de nouvelles réflexions, & auriezvous encore quelque éclairciffement à me demander?

LE PROTESTAN T.

Monfieur, plus j'y ai réfléchi, plus il m'a paru qu'il falloit reconnoître cette tradition comme une fource de la révélation. Vous m'avez rapporté plufieurs ar ticles de croyance, dont la connoiffance eft abfolument néceffaire, & qui cependant ne font point dans l'écriture; par conféquent la foi ne peut être entiere avec cette feule écriture.

Vous m'avez promis de me prouver aujourd'hui que fa difcuffion de l'écriture ne peut pas fuffire pour donner à la foi fa certitude: ce fecond point me paroît encore plus effentiel que le premier.

LE DOCTEUR.

Je vais le difcuter avec le plus grand foin.

Jésus-Chrift a dû établir dans fon églife un moyen de rendre la foi certaine : ce principe eft évident.

Ce moyen, ai-je dit, doit s'appliquer à l'églife en général, pour terminer dé finitivement les débats qui peuvent s'élever dans fon fein en matiere de doctrine, & à chaque fidele en particulier, pour affurer fa foi.

Or ce moyen ne peut pas être la feule écriture, parce qu'elle ne peut opérer feule ni l'un ni l'autre de ces deux effets.

Et d'abord il est évident que l'écriture feule ne peut pas terminer définitive ment les débats qui s'élevent dans le fein de l'églife, en matiere de doctrine.

Ces débats font furvenus dans tous les fiecles, & il continuera toujours d'en furvenir. Ils caufent les plus grands troubles parmi les fideles, par le feu, l'acharnement, l'opiniâtreté qu'y mettent ceux qui enfantent ces opinions nouvelles, quelquefois plus encore par l'impétuofité & l'aveuglement de leurs partifans: ainfi donc les efprits s'échauffent, la foi s'ébranle, la charité fe perd..... Il faut bien fans doute que Jéfus-Chrift ait pourvu fon églife d'un moyen de terminer ces divifions éclatantes, par des décifions définitives, néceffaires pour déterminer ce qu'on doit croire, & rendre la foi certaine.

Auffi l'églife a toujours porté ces décifions, & elle a établi comme un dogme

qu'elle y étoit autorisée par l'inftitution de Jéfus-Chrift même; mais ceux qu'elle a condamnés ont prétendu lui enlever cette autorité, parce qu'ils ne vouloient pas fe foumettre à fon jugement, & ils ont fouc'étoit l'écriture feule qui devoit

tenu que

terminer ces conteftations.

Or je dis que cette prétention eft vifiblement fauffe: pourquoi? parce que l'écriture eft un livre, & que pour terminer de pareils débats, il faut des perfonnes, un tribunal, des juges qui écoutent les parties, qui examinent leurs moyens, qui prononcent enfuite un jugement, & obligent ceux qui difputoient à s'y foumettre.

Cette néceffité d'un juge qui écoute, qui réfléchiffe, qui prononce, est encore ici plus frappante qu'en toute autre efpece. Non-feulement l'écriture eft un livre muet qui ne s'explique point lui-même, mais de plus un livre obscur; car c'est précifément ce livre qui donne lieu aux difputes; on ne convient pas de fon fens, les parties y puifent de part & d'autre des textes, qui favorifent leurs opinions diverfes, & c'eft fur l'intelligence même du livre que roule le fort des conteftations. Il faut donc abfolument qu'il y ait une autorité diftinguée du livre, qui prononce & qui juge de fon vrai fens.

Suppofons qu'il y ait un grand procès

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entre deux contendans fur une caufe capitale & difficile: chacun d'eux cite pour lui la loi, & en effet ils en ont rapporté tous les deux plufieurs textes : les mémoires font répandus, les efprits font partagés, on attend un jugement. . . « Non, » dit un légifte, qui veut paffer pour éclairé, » il n'eft pas befoin d'arrêt, qu'on ferme » le tribunal, c'eft la loi feule qui doit ju»ger: elle n'a befoin ni d'organe ni d'in»terprete; il fuffit de la lire, elle termi» nera tout. » Je vous le demande, que penferiez-vous d'un tel raifonnement?"

LE PROTESTANT.

Eh! Monfieur, il ne peut mériter aucune attention; il est évident que la loi n'eft pas le tribunal, que lorfqu'elle eft obfcure & que l'on difpute fur fon fens, il lui faut un interprete.

LE DOCTEUR.

L'écriture ne peut donc pas fuffire pour terminer les débats qui s'élevent dans l'églife fur la doctrine.

Mais je vais à préfent vous montrer qu'elle ne fuffit pas non plus pour fixer la foi d'aucun fidele en particulier.

Parlons d'abord du plus grand nombre de ces fideles, qui font les fimples, les illitérés: la voie du falut leur eft ouverte fans doute, par Jéfus-Chrift, comme aux

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