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» d'être clairement dans l'écriture, ces » articles ont donné lieu à de fi grands dé» bats dans l'églife.

Cependant il importoit de ménager ces fociniens, qui fe montroient avec un parti puiffant; d'autres en impofoient auffi par leur nombre & leur crédit.

Dans ces circonftances les uns augmen toient le nombre des articles fondamentaux, les autres le diminuoient; les fondateurs même de la réforme, Luther, Melancton, & tant d'autres, varioient fuivant la diverfité des tems & l'intérêt du jour. Calvin fier & févere, comptoit. beaucoup de ces articles fondamentaux. Zanchius, difciple de Zuingle, se fixa à ceux qui étoient contenus dans le fymbole des apôtres. Le miniftre Claude en articula quatre qui concernoient la justification, le culte des faints, l'euchariftie 9 & l'autorité du pape. George Callixte luthérien célebre, les avoit réduits aux deux derniers. Enfin toutes les fectes fe font enfuite prefque accordées à ne regarder comme fondamental, que le feul point de l'oppofition au pape. On peut voir ce qu'écrit à ce fujet M. Le Fevre dans fon ouvrage intitulé Motifs invinci bles, &c. depuis le commencement jus qu'à la page 87.

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Sans entrer à cet égard dans un plus

grand détail, & fans relever l'avantage que donne aux catholiques cette difcordance énorme entre les proteftans, je m'en tiens à l'objet de notre conférence, & voici comment je raisonne.

Ce qu'il y a de plus effentiel à un proteftant qui entreprend, fuivant fes principes, de fixer & d'affurer fa foi, par la difcuffion qu'il fait de l'écriture, c'est de bien difcerner les articles fondamentaux d'avec ceux qui ne le font pas : or il lui eft impoffible de faire ce difcernement par l'écriture; la raison en est bien fimple, c'eft que l'écriture n'en parle pas.

19. Elle n'annonce nulle part qu'il y ait des articles fondamentaux, qu'on foit fpécialement obligé de favoir & de croire pour être fauvé, & qu'il y en ait d'autres non fondamentaux, dont la croyance foit indifférente pour le falut.

2o. Elle n'enseigne en aucun endroit en rapportant quelqu'une des vérités révélées, que celle-là foit, en particulier, de l'un de ces deux ordres, fondamentale ou non fondamentale. Un protestant ne peut donc pas foutenir l'écriture contient tout ce qui eft néceffaire pour régler fa foi.

que

LE PROTESTANT.

Je ne fuis pas furpris, Monfieur, que les deux principes dont vous venez de

me parler ne foient pas dans l'écriture s'ils font faux comme vous le dites parce que l'écriture ne peut rien contenir que de vrai. Je conviens que votre raisonnement renverse le fyftême des proteftans, en montrant qu'ils fe contredifent euxmêmes, en foutenant d'une part que tout ce qui eft néceffaire pour régler la foi, fe trouve dans l'écriture, & en avançant de l'autre pour régler la leur, deux principes qui ne s'y trouvent pas.

Voudriez-vous bien m'expliquer à préfent quel eft le troifieme principe qu'ils reconnoiffent de même, quoiqu'ils ne puiffent pas le fonder fur l'autorité des livres faints?

LE DOCTEUR.

Cet article eft plus général encore que les deux premiers, parce qu'il s'applique aux proteftans & aux catholiques.

Dès les premiers fiecles de l'églife il s'éleva de grandes difficultés fur le difcernement des livres faints, véritablement infpirés de Dieu, d'avec ceux qui ne l'étoient pas, Plufieurs hérétiques inférerent des textes qui favorifoient leurs erreurs, dans des ouvrages qu'ils donnerent comme émanés des apôtres, quoiqu'ils euffent été compofés par d'autres auteurs; on imputa fpécialement à S. Paul des lettres qu'il

n'avoit point écrites, & un ancien pere rapporte qu'un miniftre de l'églife ayant été convaincu de l'avoir fait, quoique ce ne fût pas pour favorifer aucune héréfie, il fut déposé.

Pour terminer ces débats, l'églife, par l'autorité qu'elle tient de Jéfus-Chrift, a déterminé les livres qui forment le corps. des divines écritures, qui ont été appellées canoniques, & elle a rejeté les autres comme apocryphes: elle a de plus déclaré authentique, une verfion latine de l'écriture nommée vulgate.

Mais comme les fondateurs de la prétendue réforme, en fe féparant de l'églife romaine, se croyoient obligés de ne plus reconnoître fon autorité, on leur demanda fur quoi ils prétendoient fe fonder pour déterminer avec certitude quels étoient les livres véritablement divins.

Cette queftion étoit d'autant mieux placée, qu'ils n'étoient pas d'accord entre eux fur ce point; les uns admettoient comme infpirés de Dieu, des livres que d'autres rejetoient. Ils répondirent dans la profeffion de foi imprimée à Charenton en 1667, en ces termes : « Nous recon» noiffons ces livres pour être la regle de » notre foi, non pas tant par le conten»tement & commun accord de l'églife, » que par le témoignage & perfuafion inté

» rieure du Saint Efprit, qui nous les fait » difcerner des autres livres. » On lit prefque mot pour mot la même déclaration dans une autre profeffion, imprimée à-peu-près dans le même tems en Flandre.

Heft évident que cette prétendue infpiration intérieure feroit un moyen bien frivole & bien peu fur, pour fixer cet article de croyance : je ne m'arrêterai pas ici fur ce point, parce que je le traiterài plus directement dans notre prochaine conférence, en parlant de la certitude de la foi mais pour me réduire à l'objet qui nous occupe en ce moment, je vous prie d'obferver que les proteftans n'ont rien pu trouver dans l'écriture qui leur put faire difcerner les livres véritablement divins, d'avec ceux qui ne le font pas, & en effet l'écriture ne donne nulle part le catalogue de ceux qui le font; c'eft donc ce que nous ne pouvons tenir que de l'églife & par la tradition, & par conféquent pour avoir une foi entiere, il faut fur-ajouter cette tradition à l'écriture fainte. Je ne vois pas qu'on puiffe apporter à ce raifonnement aucune réponse folide.

LE PROTESTANT.

Il me refte, Monfieur, une grace à vous demander: ayez la bonté de me citer quelques exemples bien connus de ces cir

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