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la faire agir est toujours une délégation faite à des fonctionnaires par la souveraineté nationale.

La désignation d'un pouvoir constituant régulier ne peut se concevoir que comme un acte de cette souveraineté. - Quant au pouvoir constitué, il est établi par le pouvoir constituant. Sa base indirecte est donc encore dans la souveraineté du peuple, telle que nous venons de la définir.

C'est à la sagesse du pouvoir constituant, c'est à son intelligence de l'opinion publique qui l'a choisi, à déterminer jusqu'à quel point le pouvoir constitué doit se retremper, de temps à autre, dans des élections demandées à la souveraineté de la nation.

Nous disons de temps à autre. La souveraineté ne doit pas être la souveraineté du caprice, procédant à tout instant par secousse, au risque de détruire toute société, ou du moins de transformer en véritable agonie l'existence, incessamment inquiétée, d'un peuple. La délégation que donne cette souveraineté, sainement entendue, doit être irrévocablement confiée pour une certaine période déterminée, jusqu'à nouvelle décision régulière.

800. Cette souveraineté elle-même, pour être raisonnable, doit reconnaître ses vrais éléments : l'intelligence et l'honnêteté.

L'intelligence: L'égalité des devoirs, proportionnelle aux aptitudes, refuse évidemment la responsabilité de diriger les actions d'autrui aux fous, aux enfants, dont la raison, malade ou incomplète, ne sait se diriger ellemême. On a même, jusqu'à ce jour, regardé en général

cette responsabilité comme peu compatible avec la mission, tout intérieure, de la femme dans la famille.

L'honnêteté : L'égalité des conditions, proportionnelle aux devoirs accomplis, demande qu'on punisse les hommes qui troublent l'ordre, en leur déniant le soin de régler cet ordre, dont ils ne veulent pas.

C'est ainsi que, dans une nation de trente-six millions d'habitants, les droits politiques peuvent raisonnablement n'appartenir qu'à douze ou treize millions, au plus, de citoyens.

D'après quel critérium fixera-t-on les degrés suffisants d'honnêteté et d'intelligence nécessaires pour participer au choix du pouvoir constituant? ou au choix du pouvoir constitué? ou pour exercer l'un ou l'autre? Grand mystère! Grandes difficultés! Le problème a reçu bien des solutions diverses. Nous n'avons pas à entrer ici dans ces détails.

L'esprit du temps où nous vivons est la tendance à élargir, de plus en plus, le cercle de la concession de la souveraineté; c'est-à-dire, à appeler le plus grand nombre possible de membres de la nation aux diverses applications de l'exercice de cette souveraineté.

801. Créés par le droit politique, les divers pouvoirs fonctionnent. Ils font les autres branches du DROIT, en protégent l'observation, ou en éclairent l'application.

C'est sous la tutelle du droit politique que ces autres branches du DROIT vont se développer. « Jus privatum sub tutela juris publici latet, » a dit Bacon.

Parlons maintenant de ces autres branches.

802. 2o Subdivision du droit national DÉTERMINATEUR. Droit de famille.

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Le droit de famille règle l'assistance, et l'autorité et l'obéissance dans la famille.

La famille, dans le sens le plus étroit du mot, c'est la réunion du père, de la mère et des enfants sous le même toit.

Dans un second sens, c'est la réunion de toutes les personnes unies par la parenté. La parenté est le lien du sang qui joint deux personnes descendant l'une de l'autre, ou descendant toutes deux d'un auteur commun.

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Mais l'alliance produit, entre un conjoint et les parents de son conjoint, des relations d'intimité semblables à celles qui unissent des parents. Puis le dévouement de l'affection peut imiter la nature, en créant des parentés civiles, par l'adoption et la tutelle officieuse. Enfin l'ami ne peut-il pas être appelé à aider ou remplacer les parents ou les alliés, dans le soin du bien-être de son ami?-Par ces annexes, la famille s'agrandit. Alors, dans un troisième sens du mot, elle devient la collection des personnes unies par les liens de mariage, de parenté, d'alliance, d'adoption, de tutelle officieuse, et enfin quelquefois d'amitié.

Qu'arrivera-t-il, si la famille vient à manquer tout entière à l'individu? Alors l'État prend la place de la famille absente, pour protéger le malheureux qui reste isolé.

803. Væ soli! a dit l'Écriture. Les rapports avec des êtres aimés charment et consolent la vie. L'enfance reçoit les soins maternels. La jeunesse travaille dans l'espoir de créer une famille à son tour. L'âge mûr place, dans cette famille, ses intérêts et ses plaisirs.

SCIENCE DU DEVOIR.

La vieillesse y trouve l'adoucissement des approches de la mort.

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La famille est le centre des plus chères affections.

C'est aussi, par cela même, le centre des devoirs et des droits. L'individu ne peut se concevoir, sans les divers personnages que lui donnent successivement les noms de fils, d'époux, de père. A ces noms se rattachent des séries de services à rendre. Ainsi le droit de famille apparaît, produisant entre les hommes:

1o Des rapports d'assistance réciproque;

2o Des rapports spéciaux d'autorité et d'obéissance. 804. 1o Des rapports d'assistance réciproque. - Les affections que la famille suppose ne doivent pas être stériles. Elles réclament une assistance active. Cette assistance se présente, comme nous l'avons déjà dit, sous des formes étroites; sous des formes variées aussi, pour prodiguer mille soins physiques, intellectuels, moraux; source de sécurité pour la personne qui les reçoit, source d'un bonheur plus grand pour la personne qui les donne!

805. 2o Des rapports spéciaux d'autorité et d'obéissance. L'âge, le sexe, l'état de l'esprit, distinguent les hommes entre eux. En présence de ces inégalités, quoi de plus souhaitable que de confier les membres de la famille qui ont besoin de recevoir une protection, aux membres de la famille qui peuvent en donner une?

Les premiers ont ainsi, envers les seconds, un devoir d'obéissance, dont le cœur, encore plus que l'intelligence, demande la pieuse observation.

Les seconds ont, envers les premiers, un devoir d'au

torité, où leur cœur trouve aussi une satisfaction, la satisfaction de guider utilement ceux qu'ils aiment.

806. C'est ainsi que la société, se souvenant qu'elle est issue de la famille, rend à la mère dont elle est née une part dans la direction des actions humaines.

Un pouvoir domestique, véritablement demi-constitutionnel, est délégué, par les grands corps de l'État, à la magistrature auxiliaire de l'époux, des ascendants, des collatéraux, des alliés, des amis. Quand le père dicte à ses enfants une ligne de conduite, il exerce une part du pouvoir législatif. Il a, pour faire observer ses ordres, un certain pouvoir exécutif. Enfin, un pouvoir judiciaire lui appartient, qui, dans le système de nos Codes, peut aller jusqu'à ordonner le séjour momentané de l'enfant dans les prisons de l'Etat.

Dans le droit du mari sur la femme, de la femme à quelques égards sur le mari, des parents statuant en conseil de famille sur certains intérêts de leurs parents, dans le droit qu'un collatéral, agissant individuellement, exerce en demandant l'interdiction d'un parent aliéné, il y a une semblable délégation d'un droit demiconstitutionnel.

Ce droit n'est constitutionnel qu'à demi. En effet, il faut le reconnaître, l'autorité confiée à la famille n'est pas une mission tout-à-fait aussi désintéressée que l'autorité constitutionnelle proprement dite.

Prenons, pour exemple, la puissance paternelle. A côté des sacrifices et des préoccupations qu'elle impose au père et à la mère, elle leur apporte un bien inappréciable, le moyen d'assurer le bonheur de ceux

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