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LIVRE V.

UNITÉ DES MOYENS POUR ACQUÉRIR LA SCIENCE

DU DEVOIR.

Les moyens d'aperception du droit, raison, senti⚫ment, expérience, ne sont pas plus la source du droit, que, pour un myope, ses lunettes ne sont la source de ce qu'il voit. »

99. Sens général du mot MÉTHODE : moyen d'acquérir la science. 600. Il faut éviter la confusion du

mot méthode, avec les mots
délimitation des parties, ou
des objets, ou des aspects
d'une science.

601. Deux éléments de la MÉTHODE:
1° procédé pour étudier;

2o classement des faits à étu-
dier.

602. Objet de ce livre et du sui

vant procédé pour étudier.

:

- Renvoi du classement des

faits à étudier (voir livre X,
ci-dessous).

603. Impossibilité de l'indifférence
sur le choix du procédé pour
étudier.

604. Question traitée dans ce livre :

Y a-t-il multiplicité de méthodes (c'est-à-dire de procédés), ou unité de méthode, pour étudier le devoir? Énumération des divers systèmes sur ce point. 605. 1er SYSTÈME : Multiplicité des méthodes, conséquence de la multiplicité des sciences du

(ROUSSEL, Encyclopédie du droit, partie I, section ire.)

devoir, présentée elle-même
comme conséquence de la
multiplicité des objets du
devoir. - Réfutation de ce
système.

606. 2o SYSTÈME : Multiplicité des
méthodes, conséquence de la
multiplicité des sciences du
devoir, présentée elle-même
comme une conséquence de
la divisibilité des parties de
la science du devoir.
607. 1re application du 2e système.
-Méthodes proposées pour
étudier la science telle qu'elle
est. -1° Méthode pratique ;
2o méthode théorique.
608. Méthode pratique, pour étudier
la science telle qu'elle est.
609. Méthode théorique, pour étu-
dier la science telle qu'elle

est.

610. En morale, la méthode théorique, pour étudier la science telle qu'elle est, s'en rapporte à l'autorité générale. 611. En droit, la méthode théorique, pour étudier la science telle qu'elle est, explique les tex

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599. Nous avons promis (tom. I, no 7) d'employer nos efforts à éclaircir, s'il se peut, le sens des mots vagues usités dans la langue didactique.-Plusieurs se sont déjà présentés sous notre plume, et nous avons essayé de les définir. En voici venir un de plus, le mot MÉTHODE. Comme les autres, il a besoin d'être bien compris.

--

L'idée la plus générale que ce mot présente, est celle-ci moyen d'acquérir la science.

:

600. L'idée de moyen d'acquérir est elle-même assez large. Aussi, ne nous étonnons pas, en ce qui touche l'emploi du mot méthode dans la science du devoir, de rencontrer une première confusion à écarter: c'est la confusion de ce mot avec ces autres mots : délimitation des parties, ou des objets, ou des aspects de la science.

Cette confusion se trouve dans des locutions fort à la mode aujourd'hui, savoir: méthode historique, méthode philosophique de l'enseignement du devoir'. Évitons-là. Affirmer, avec l'école philosophique, que la science du devoir, comme toute autre, a trois domaines, l'avenir, le présent, le passé; ou affirmer, avec l'école historique, qu'elle n'a que deux domaines, le présent et le passé; c'est définir de deux manières la science elle-même, et non pas signaler seulement deux méthodes pour l'étudier. C'est tracer le cercle de la connaissance à acquérir, et non le moyen d'acquérir cette connaissance.

Quand on se sert des mots méthode historique, méthode philosophique, on ressemble à l'archer qui dirait que le but à viser est son coup-d'œil; au voyageur qui dirait que le terme de sa course est le chemin 2; au mathématicien qui dirait que le périmètre d'une surface est l'opération à faire pour la mesurer.

L'histoire et la philosophie sont tout autre chose que des méthodes d'enseignement! Ce sont deux des trois parties indivisibles de la science; deux de ses objets (si l'on préfére ce mot 3) : deux de ses aspects, comme dit M. Beugnot, dont nous tenons à honneur

1 Nous avons signalé longuement cette confusion, dans nos Premiers Essais de philosophie du droit; 2o lettre à M. Giraud.

2 Voir mes Premiers Essais de philosophie du droit, no 124.

3 Voir une distinction, éloquemment tracée, des objets et des méthodes d'enseignement, dans le chaleureux passage de M. de Savigny, cité par M. Laboulaye (Revue de législation et de jurisprudence, 1845, tom. III, p. 337), et emprunté à un article sur les universités, publié en septembre 1832, dans la Historisch politische zeitschift, de Rancke (Berlin, 1832, p. 578 et suiv.).

de citer cette phrase: Dans la Faculté de Paris, le < droit est enseigné sous ses trois aspects: philoso« phique, historique, pratique. »

601. Comment faut-il étudier ces trois aspects? C'est à cette question seulement que répond la méthode. La méthode, essentiellement modeste, ennemie de toute prétention ambitieuse, aspire « non << pas à produire les actes d'intuition et de déduc<«<tion, mais seulement à les diriger2. » Aussi on l'a définie : « la marche que suit l'esprit humain dans « la recherche de la vérité; » ou « le chemin et le << véhicule qui conduisent à la vérité. »- La comparaison du fil d'Ariane lui a été souvent appliquée.

La méthode comprend deux éléments : l'un principal, savoir le procédé pour étudier; l'autre accessoire : le classement des faits à étudier.

602. C'est de l'élément principal de la méthode, c'est du procédé pour étudier, qu'il va être question dans ce livre et dans le suivant. Nous discuterons plus loin (voir le livre X, ci-dessous) la question du classement des faits à étudier.

-

603. Peut-on prendre indifféremment tel ou tel procédé pour étudier? Répondre affirmativement, c'est oublier que le choix du critérium de certitude est compris dans le procédé pour étudier. Or, qui peut dire que le choix du critérium de certitude n'est pas

1 Discours prononcé à la chambre des pairs, séance du 8 mai 1842. • Descartes.

Bénard, Précis de philosophie, Introduction, chap. II.

* Roussel, Encyclopédie du droit, partie III, sect. 1, chap. 11.

préjudiciel au résultat qu'on obtiendra? -- Suivant M. Cousin, toute méthode contient, sous sa forme, une pensée au fond. « Qu'est-ce qu'une méthode? dit-il. « Un système en action. Mettez une méthode dans << le monde, vous y mettez un système, que l'avenir se <<< chargera de développer. Entre un système et sa mé<< thode, il n'y a que la relation de l'effet à la cause'.>>

604. Une fois qu'on a écarté l'indifférence sur le choix des méthodes, la première question qu'on trouve à examiner est celle-ci : Y a-t-il multiplicité de procédés, ou unité de procédé, pour étudier le devoir? Tel est le sujet que nous avons à traiter dans ce livre.

La réponse à cette question variera, au gré des diverses solutions des controverses expliquées dans les livres précédents. Le contre-coup de ces solutions produira les trois systèmes qui vont suivre :

1° Multiplicité des méthodes, conséquence de la multiplicité des sciences du devoir, présentée ellemêine comme conséquence de la multiplicité des objets du devoir.

2o Multiplicité des méthodes, conséquence de la

Quand M. Laboulaye (Revue de législation et de jurisprudence, 1845, tom. III, pag. 307) dit que, pour aller à la science, il peut y avoir « quatre,

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dix voies également légitimes..... » quand il s'écrie : « Quel rapport y a a-t-il entre les connaissances exigées et le moyen de les acquérir?...» évidemment il ne veut parler que du classement des détails, objet secondaire de la méthode (dont nous nous occuperons dans le livre X).-Même ainsi limitée, son indifférence nous paraît mal raisonnée; mais elle peut se défendre par quelques arguments. · Si elle prétendait s'appliquer à l'objet principal de la méthode, au procédé pour étudier, ce serait la négation de la science.

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(Voir mes Premiers Essais de philosophie, 3o lettre à M. Giraud).

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