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au roi George, quand il serait de retour en Angleterre; et le pauvre matelot s'en étant excusé sur ce qu'il n'avait jamais vu ce prince, Tamaahmaah parut fort étonné, et sa surprise fut au comble lorsque Campbell eut ajouté qu'un grand nombre de ses compatriotes n'avaient jamais eu cet honneur. Alors il demanda comment, en ce cas, le roi pouvait accommoder les différends de ses sujets, qu'il ne connaissait point; et, sur ce qu'il lui fut répondu que le roi s'en faisait instruire par des conseillers, il secoua la tête en disant que personne ne pouvait remplir ce de- » voir aussi bien que le roi lui-même. C'est le cas de dire ici avec Montaigne Voilà de belles réflexions; mais quoi! ces gens-là ne portent pas de haut-de-chausse!

ADDITION

Aujourd'hui que nous voici arrivés à l'année 1858, on sera sans doute curieux de savoir ce que sont devenus ces premiers commencements de transformation sociale, que je viens de décrire. L'histoire en est très-singulière. Mais, comme quelquesuns des articles qui suivront celui-ci, nous donneront l'occasion! de l'observer dans plusieurs phases intermédiaires de son déve loppement, et de connaître certaines circonstances extérieures qui ont puissamment concouru à lui donner de l'importance, j'attendrai que ces préliminaires aient passé sous les yeux du lecteur, pour lui en présenter les résultats actuels et à peu près définitifs. J. B.

MISSION

ENVOYÉE

DU FORT DE CAPE-COAST DANS LE PAYS DES ASHANTÉES

AVEC UNE DESCRIPTION STATISTIQUE DE CE ROYAUME, ET DES NOTIONS
GÉOGRAPHIQUES SUR L'INTÉRIEUR DE L'AFRIQUE

PAR T. ÉDOUARD BOWDICH, CONDUCTEUR DE LA MISSION

(Extrait du Journal des Savants, 1819.)

La relation d'un nouveau voyage en Afrique, d'un voyage qui a réussi, et qui semble ouvrir une communication sûre et durable avec l'intérieur de ce vaste continent, jusqu'ici fermé aux Européens, ne peut manquer d'exciter une vive curiosité; mais un intérêt d'un autre ordre vient bientôt saisir la réflexion, quand, au lieu de ne voir, dans l'issue de cette entreprise, que le succès isolé d'un voyageur hasardeux, on considère les motifs politiques qui l'ont déterminée, et qu'on en découvre les rapports avec le système général de colonisation et de commerce suivi aujourd'hui avec tant d'ardeur par l'Angleterre, système que l'état actuel de

la population rend presque également nécessaire à toute l'Europe, mais que, depuis longtemps, l'Angleterre seule a su embrasser avec persévérance, et qu'elle a pu étendre sans limites comme sans obstacles, à la faveur de la guerre maritime et pendant les orages du continent. Nous avons pensé que quelques considérations préliminaires sur ce sujet, en faisant mieux sentir le caractère marquant du voyage de M. Bowdich, pourraient ne pas paraître superflues par elles-mêmes, surtout dans notre pays, où le despotisme militaire, et le malheureux état d'isolement causé par la guerre, ont empêché pendant si longtemps la propagation d'un grand nombre d'idées et de vérités utiles, qui sont devenues générales et familières ailleurs.

La difficulté d'acquérir une existence suffisamment heureuse dans une société déjà complétement arrangée, et l'espérance souvent trompeuse, mais toujours séduisante, d'obtenir une meilleure place dans un monde nouveau, sont deux motifs qui, de tout temps, ont fait naître le désir de l'émigration et de la colonisation chez les nations déjà nombreuses mais l'état du commerce, des lumières, et surtout du gouvernement de la mèrepatrie, ont donné à ce penchant naturel des directions diverses et des résultats différents. Lorsque les portions émigrantes de la population se sont séparées librement pour aller porter l'agriculture et les arts utiles dans un sol fertile, auparavant inculte, et qu'un gouvernement doux, ou même une indépendance complète, les ont laissées jouir sans obstacle des avantages de cette nouvelle position, elles ont prospéré d'une manière incroyable, et ont donné naissance à de nombreuses, et, ce qui importe bien davantage, à d'heureuses générations. Telles furent autrefois les colonies grecques qui allèrent s'établir sur les côtes de l'Asie mineure; telles ont été dans les temps modernes les premiers établissements des Anglais sur le continent d'Amérique. Les colonies romaines, fondées sur d'autres principes, furent, pour l'aristocratie, un moyen d'étendre le pouvoir de la répu

blique, en même temps qu'un expédient pour éloigner une population devenue turbulente par la pauvreté dans laquelle elle était tombée. Elles formèrent donc des établissements politiques et militaires toujours dépendants de la mère-patrie. Cette destination même les faisant placer dans des pays déjà habités et cultivés, il y avait, pour ceux qu'on y transportait, peu d'occasions, comme peu de penchant, à développer l'esprit d'économie et d'entreprise qui caractérise une colonie indépendante. Sous ces divers rapports, elles paraissent avoir offert assez d'analogie avec les établissements modernes des Européens dans l'Inde; de même que les colonies carthaginoises, déterminées, moins par l'excès de la population; que par le désir d'imposer des tributs et de s'approprier le commerce exclusif de certaines contrées, ne sont pas mal représentées par les premières expéditions européennes sur les côtes d'Afrique et dans le continent américain.

Ces dernières expéditions, entreprises d'abord avec tant d'audace et suivies depuis cinq siècles avec toute l'ardeur que la soif de l'or inspire, ont été loin de réaliser les rêves brillants qu'elles avaient fait naître. L'expérience a montré que les colonies qui fournissent l'or, l'argent, et les pierres précieuses, ne sont pas, à beaucoup près, les plus avantageuses à la mère-patrie, dont elles ruinent l'agriculture en attirant ses capitaux et ses efforts vers le travail incertain des mines, en même temps qu'elles gênent son commerce, ou même le rendent nul, par les entraves que ce genre d'exploitation exige. Les colonies, fondées sur la culture du sol par des esclaves, donnent des profits moins dangereux et plus durables; car, l'esclave produisant toujours plus qu'il ne consomme, l'excédant devient le bénéfice assuré du maître. Mais, outre l'immoralité révoltante de fonder ainsi les jouissances habituelles d'une portion du genre humain sur la misère permanente d'une autre partie, ce système a encore contre lui le désir immodéré des richesses, et des richesses rapides, qu'il excite chez les colons. Car ce sentiment, les faisant toujours se regarder comme pas

sagers sur un sol qu'ils aspirent à quitter pour rapporter leur luxe en Europe, forme un obstacle insurmontable à ce que ce genre de colonie puisse atteindre l'état permanent d'aisance et de bonheur intérieur qui assurerait sa prospérité. L'exemple de l'Amérique anglaise a désormais prouvé d'une manière assez frappante que le meilleur système de colonisation est celui qui, offrant à la culture un sol fertile, inspire au colon le désir d'une aisance honorable, lui promet une heureuse indépendance au milieu des terres qu'il aura lui-même défrichées, l'habitue ainsi par plaisir, autant que par nécessité, à une vie simple, passée dans l'exercice de l'ordre, de l'économie, des jouissances domestiques, et l'attache à son nouveau séjour comme à une autre patrie. Pour que rien ne manquât à cette grande leçon donnée par des événements dont le souvenir est si proche, on a pu voir que de pareils établissements tiennent bien plus fortement qu'on ne serait porté à le croire, à leur patrie ancienne; qu'il faut toutes les inconséquences, toute la dureté du pouvoir arbitraire, pour les déterminer à s'en séparer; et qu'enfin, lorsqu'ils s'en séparent, l'accroissement rapide des richesses que l'indépendance leur procure, produit, dans l'augmentation des relations commerciales, un ample dédommagement à la métropole, vers laquelle leurs habitudes, et l'avantage plus grand pour eux dans la culture du sol que dans l'industrie manufacturière, les attirent encore longtemps. Avant la rupture de 1783, les colonies anglaises en Amérique tiraient d'Angleterre, dans les années les plus favorables, pour environ trois millions sterling d'objets manufacturés. Lorsqu'elles se séparèrent, on crut, en Angleterre même, que l'époque de ce florissant commerce était finie néanmoins, trente ans après, vers 1813, l'exportation annuelle s'était accrue jusqu'à onze et douze millions, et l'on s'attendait à la voir s'élever au moins jusqu'à quinze, c'est-à-dire à devenir quintuple de ce qu'elle était avant l'époque de l'indépendance.

Ce système de colonisation, le seul conforme aux règles de la

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