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mettroit une lâcheté de le ménager davantage. Que demande le peuple François ? La paix ou la guerre point de milieu..... Et fi les repréfentans électifs vont droit à ce but, fi le repréfentant héréditaire tergiverfe, s'il n'eft pas comme nous qui mourons, chaque jour, d'inanition & d'incertitude; fi la victoire, que la juftice garantit à un peuple libre, n'entre pas dans fes vues comme dans les nôtres.....; c'eft là que j'en appellerai à votre confcience, & à l'énergie de ce grand peuple..... ; mais il m'en coûteroit trop de ne pas croire à la droiture du Roi; j'y croirai, je le jure, autant qu'il me fera poffible.... »

Les conclufions de l'opinant, plus clairement exprimées, ont été de charger le comité diplomatique de faire, dans huit jours, un rapport fur la réponse de l'Empereur, un autre fur les avantages ou les défavantages du traité de 1756, & « de raffembler les faits qui pourroient prouver que l'Empereur ne s'y eft pas exactement conformé; pour être ftatué s'il y a lieu à le rompre

ou à le continuer. »

Les huit jours impatientoient M. Rouyer qui n'en donnoit que trois & qui chaffoit tous les miniftres avec fon courage & fa politeffe ordinaires. Mais M. d'Averhoult foupçonnoit quelqu'abfurdité à vouloir rompre un traité qui n'est plus onéreux pour la France, & craignoit que la motion de M. Bruat ne jetât l'alarme dans tous les départemens : « car, difoit-il, on n'y crie pas à la guerre comme dans nos tribunes... Dans tous les départemens on defire le maintien des loix, de l'ordre, de la paix, la punition des coupables qui entravent la marche du gouvernement ; voilà ce qu'on y defire & non pas des déclamations (des

rumeurs ont couvert chacune de ces paroles.) » L'Affemblée a fermé la difcuffion & décrété la: motion de M. Bruat amendée par M. Rouyer.

M. Lacombe de Saint-Michel a fait un zapport fur la demande du Roi d'augmenter le corps de l'artillerie de neuf compagnies de canonniers à cheval; rapport motivé par de longs détails militaires, & dont l'Affemblée a décrété l'impreffion.

Il en a été de même d'un rapport qu'on a lu fur une avance de 600,000 liv. en faveur de la municipalité de Paris, pour acquitter les renres; de même d'un rapport de M. Juéry, au nom des comités des domaines, d'agriculture de commerce, de marine & de finances, tendant 3 prouver qu'on achèveroit de ruiner la France fi l'on vendoit les forêts nationales; opinion fuivie d'un difcours de M. Michon, qui a conelu précisément le contraire; que le plus grand bien à faire au royaume, c'eft de vendre les forêts, qu'on gagneroit encore beaucoup à les donner pour rien... Ces dernières idées ont été chaudement applaudies. Nous reviendrons fur les raifons & les calculs lors de la difcuffion.

Le miniftre de la guerre a expliqué l'inévitable retard du remplacement des officiers de l'armée. Il a d'ailleurs annoncé que le 45o. régiment s'étoit foumis au règlement de difcipline, & envoyoit à Paris trois députés pour folliciter, auprès de l'Affemblée, quelques changemens à certains articles; & il a témoigné qu'il efpéroit que le corps légiflatif confervefoit intacte & refpectée la prérogative royale, l'une des propriétés de la nation. Un décret rendu fauf rédaction, a prorogé fon droit de

nomination jufqu'au premier avril; on fait qu'il étoit expiré le premier février,

Du vendredi, féance du foir.

L'objet de cette féance étoit de renouveller les comités. Voici les noms des fix membres qui reinplaceront fix autres que le fcrutin a fait fortir du comité diplomatique: MM. Lemontey, de Vaublanc, de Jaucourt, Britche, d'Averhoult & Rüht. Leurs fuppléans proclamés, font MM. Schifmer,. Hérault de Séchelles, Jean de Bry, Pozzo, Lafource & Vergniaud.

Du famedi, 3 maṛs.

Excepté un rapport de M. Carnot jeune, furr diverfes demandes du miniftre de la guerre, & un rapport de M. François de Neufchâteau, le poëte, far une interprétation du tarif des droits d'entrée à : l'égard du jais ou jayet, qui feront tous les deux imprimés & ajournés; les débats n'ont produc? que quatre articles qui réuniffent définitivement le Comtat & la ville d'Avignon à la France, articles s que nous extrairons avec ceux qui doivent les › Laivre.

Du refte, M. Couppé a informé l'Affemblée que le calme s'eft rétabli dans le district de Noyon, &que les municipaux y ont déclaré vouloir refti-tuer le bled qu'ils ont reçu pour leurs vacations 1irs du pillage. Plufieurs membres ont annoncé de nombreux enrôlemens, de sz hommes ici, de 300 hommes là, de deux ou trois mille ailleurs, M. Mouyet a dit que dans le département de Lot: & Garonne l'empreilement étoit tel, qu'avant 15 i jours il faudroit défendre les enrôlemens. Par-touc ceux qui n'ont pas la taille ufent d'adreffe pour Jasoître l'avoir & ceux qu'on refufe s'en retour-

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nent en pleurant... Bravo! battemens de mains & éclats de riré.

M. Rouyer vouloit que l'on punît le miniftre de la marine s'il avoit fait imprimer la lettre de démiffion de M. de Bougainville; l'ordre du jour a écarté cette propofition digne de M. Rouyer.... M. Albite defirant que le comité diplomatique fût compofé des plus grands génies, demandoir que les fuppléans, MM. Vergniaud, Lafource, &c. fuffent admis. L'ordre du jour & des huées ont fervi de réponse à M. Albite.

Y

Une divifion prolongée entre le directoire & la municipalité de Paris, a retardé les rôles des contributions. Le miniftre a dit que fi la municipalité ne fe fubordonnoit pas, le Roi feroit exécuter la loi; & M. Tarbé a été applaudi.

Du famedi, féance du foir.

On n'a pas oublié que le 22 décembre, l'Affemblée employa beaucoup de temps à écouter la pathétique dénonciation d'un patriote contre le tribunal & les municipaux de Villefort, accufés d'avoir favorifé l'évafion du meurtrier du fils du dénonciateur. Le crime de Villefort & d'Arles eft d'affrir un afile aux prêtres non-affermentés & lâchement perfécutés. Aujourd'hui, l'Assemblée a encore donné du temps à la lecture d'une longue lettre du garde-du-fceau, qui difculpe le tribunal & la municipalité; & fur l'obfervation d'un membre que le cours de la Juftice ne pouvoit point être arrêté, on eft paffé à l'ordre du jour... Sont-ce des fonctions légiatives ?

En 1778, M. d'Estaing fignala fon arrivée à Bofton par une proclamation qui invitoit les Canadiens à fecouer le joug, & leur promettoit

fecours & protection. Le fieur Cazeaux effectua du mieux qu'il pût cette infurrection, fut pris par les Anglois, remis en liberté, perdit, à l'en croire, un million & demi de biens à ce glorieux exploit, & n'obtint que de ftériles honneurs du parti qu'il avoit fervi. Organe du comité diplomatique, M. Lemontey a demandé 125,000 1. pour M. Cazeaux. On a décrété qu'il n'y avoit pas lieu à délibérer.

Un décret a mis à la difpofition du ministre de la guerre 15,000 liv., destinées à la folde échue de tous les Gardes-Françoifes renvoyés, fans avoir demandé leur congé, des compagnies du centre ou des chaffeurs nationaux de Paris.

Du dimanche, 4 Mars.

Il y a quelques jours, un municipe de Lyon déclama très-longuement, à la barre, contre le directoire de fon département, & l'on pérora fort à loifir fur l'ariftocratie des directoires. Ce matin une adreffe du département dénoncé, a traité ces inculpations de calomnies. Perfonne n'a pû démentir ce département, dont la conduite eftimable méritoit des éloges; cependant, on a écarté la demande de mentionner fon adreffe au procèsverbal, & l'on eft paffé à l'ordre du jour.

Le maire de Villeneuve, département du Lot & Garonne, mande que la jeuneffe difparoîtroit toute entière par les enrôlemens, fi l'on ne mettoit un frein à fon impétuofité martiale (applaudi avec transport); que, dans le district, il n'y a plus ni écus, ni fous, ni petits affignats (mutmures); qu'il a renvoyé tous les ouvriers; que lui & tous les propriétaires fe voient à la veille de fermer leurs portes aux pauvres défelpérés; que les boulangeis ne veulent prendre les affi

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