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› M. Augeard est fermier-général ; il est secrétaire des commandemens de la reine, et il obtient son élargissement: ainsi,

>> Selon que vous serez puissant ou misérable,

Les jugemens de cour vous rendront blanc ou noir.»>

› Récapitulons ce qu'a fait le Châtelet comme tribunal de la nation: il a condamné à mort, en vingt-quatre heures, le nommé Adrien, pour avoir colporté des billets qui tendaient à susciter des attroupemens; et Adrien ne savait pas lire, et la loi martiale était portée. D'après cette loi, les auteurs des attroupemens non armés ne peuvent être condamnés qu'à une prison de trois ans.

› Il a condamné au bannissement le sieur Noble-Épine, garde national qui, après que le boulanger François eut été pendu, sépara la tête du tronc. Le jugement porte, ce qu'il aurait pu éviter en fuyant et en abandonnant son sabre. Il résulte du jugement même qu'il avait été forcé à cette action par les assassins du sieur François....

› Le Châtelet a condamné à un bannissement perpétuel l'infortuné Delcrost, pour avoir écouté des propositions qui lui étaient faites d'enrôlemens pour les pays étrangers, et la procédure établissait son innocence: elle prouvait qu'il n'avait jamais eu ni la volonté, ni l'intention, ni le moyen de faire des enrôlemens pour l'Espagne.

Le sieur Rutledge (1) est arrêté comme ayant porté ob

(1) Nous avons sous les yeux les pièces que fit imprimer Rutledge, c'est-à-dire ses interrogatoires et sa correspondance avec Necker. Il entra en relation avec le ministre en lui dénonçant les accaparemens des ́S. S. Leleu. Il en fut bien reçu; en conséquence, il lui présenta un mémoire sur les subsistances. Necker le chargea d'engager les boulangers à s'approvisionner eux-mêmes et à leur promettre un secours. Rutledge le fit, mais le secours ne vint pas. Au reste il adressa encore d'autres dénonciations entre autres contre l'intendant de Paris, contre Le Noir, etc. Plusieurs fois Necker invita Rutledge même en employant le nom du roi à ne rien publier sur les subsistances. Rutledge finit par soupçonner Necker lui-même et le menaça. C'est à la suite de ces menaccs, le 1′′ no. vembre, qu'il fut arrêté comme ayant cherché à former une coalition des boulangers contre le comité des subsistances, etc.

Lettre de Necker, 10 avril 1789.

J'ai reçu, Monsieur, la lettre que vous m'avez adressée, avec le mémoire pour les boulangers. Je le lirai

stacle aux approvisionnemens de Paris. Il se justifie; il crie hautement: Il faut la tête de M. Necker ou la mienne. Il inculpe le ministre adoré de manoeuvres criminelles contre cet approvisionnement. Il demande à grands cris de lui être confronté, ainsi qu'à madame Necker; et le Châtelet le retient d'abord, sans décret, assez long-temps pour lasser son courage, et il ne l'élargit enfin qne sous un décret d'ajournement personnel afin de l'effrayer.

› Le sieur Marat..., etc.

› Et Bezenval est élargi! Favras, dont on n'ose publier la procédure, est mis à mort. Bezenval et ses complices sont déclarés innocens. Augeard, dont le crime est le même que celui de Favras, et contre lequel les preuves sont évidentes, obtient sa liberté au moment fixé par lui-même pour l'exécution de son complot. Où les faits parlent il ne faut point de réflexions.

> Quel est celui qui négocie entre la cour et le Châtelet pour faire punir les faibles quoique innocens, et absoudre les puissans quoique coupables? si vous ne le voyez pas, citoyens, il est inutile de le nommer.» (Révolutions de Paris, no 35.) C'est M. là Fayette que Loustalot désigne ici.

Écoutons maintenant parler Desmoulins, il va nous révéler un nouveau scandale: le Châtelet venait de décréter Danton.

›Quelle propriété, quelle liberté reste-t-il à celui qui n'a pas la liberté individuelle, et qui ne peut compter sur la propriété de sa personne! disait M. de la Chalottais. Le procureur-général de la Lanterne pourrait commenter ce texte, et donner comme un

avec attention. Mais, en attendant, je vous demande avec instance, en mon nom et particulièrement de la part du roi, de ne lui donner aucune espèce de publicité, ni à aucun autre ouvrage sur les subsistances. Lettre de Rutledge à madame Necker. 7 octobre 1789. Seul et sans défense je ne crois pas devoir me rendre dans l'hôtel habité par un ministre dont ma conscience me rend le dénonciateur.... J'ai trop d'honneur pour vous cacher mes démarches. Je vous offre, madame, de vous en faire franchement part chez M. de Lessart; je m'y rendrai sans défiance, parce que je l'honore et le respecte. Je suis même assez attaché à M. Necker pour lui présenter l'alternative de la dénonciation à faire contre lui, ou de celle à intenter contre les de Montarau, Leleu, etc. Ces derniers m'ont fait l'outrage de m'offrir de l'argent..........., etc.»

autre un beau réquisitoire à l'occasion du décret de prise de corps de M. Danton; mais avant de requérir l'exécution de la loi mártiale du sage Minos, qui permettait l'insurrection et la Lanterne, lorsque les magistrats du Châtelet s'étaient rendus prévaricateurs et criminels de lèse-nation, il convient d'abord d'essayer les voies de douceur et de faire une première proclamation....

› Le Châtelet n'a pas craint de décréter M. Danton, cet illustre président du district des Cordeliers; il vient de le décréter de prise de corps pour une opinion avancée dans l'assemblée de son district. Le Châtelet croit-il donc que lorsqu'il méprise ainsi les saints décrets de l'assemblée nationale, nous respecterons ses décrets de prise de corps?.... Obéir au Châtelet, n'est-ce pas désobéir à l'assemblée nationale, je ne sais plus quelle loi romaine, fort sage à mon avis, autorisait les citoyens, dans des cas semblables, à ne tenir compte du jugement du Châtelet et à appeler au peuple. ›

En effet, le district des Cordeliers prit le 18 mars, un arrêté pour protéger Danton. Le fait dont on l'accusait était celui de toute l'assemblée. On lui imputait d'avoir dit, le jour où M. de la Fayette envoya une armée pour arrêter Marat, qu'il fallait repousser la force par la force.

› Sur la dénonciation faite à l'assemblée générale, dit cet arrêté, que le Châtelet de Paris vient de rendre des décrets contre plusieurs membres du district, et notamment, un décret de prise de corps contre M. Danton, son ancien président et son mandataire à l'hôtel-de-ville, sur l'imputation à eux faite, par deux huissiers, d'avoir tenu des discours prétendus incendiaires dans une assemblée générale, imputation démentie par la signature de plus de trois cents membres qui composaient alors cette assemblée, lesquelles signatures sont consignées dans un acte qui a été signifié aux officiers du Châtelet dans la personne de leur greffier.

› L'assemblée considérant que la liberté la plus entière doit régner dans les assemblées légales, et que chacun doit avoir la faculté d'y manifester son vœu, et d'y exprimer son opinion sans

avoir à redouter d'autre autorité que celle de l'assemblée dont il est membre....

› Considérant que les citoyens ne seraient bientôt plus en sûreté dans le sein même de leurs assemblées, s'il se trouvait des ennemis du bien public assez audacieux pour empoisonner, par une interprétation maligne, les discours les plus innocens, s'il se trouvait des juges assez mal intentionnés pour sévir contre eux sous ce dangereux prétexte, bientôt le despotisme le plus tyrannique prendrait la place de la liberté, et l'on verrait sacrifier les citoyens qui auraient manifesté leurs opinions avec force et énergie....

› L'assemblée générale a arrêté qu'il serait présenté une adresse à l'assemblée nationale, pour etc...., qu'il serait nommé des commissaires, à l'effet de se rendre dans les cinquante-neuf autres districts pour y dénoncer l'attentat..... › En effet, plusieurs districts adhérèrent à cet arrêté.

Quelle est cette prétendue liberté, crie Desmoulins, cette liberté civile et politique dont on nous berce? Si j'en use dans la rue, on déploie le drapeau rouge; si j'en use dans mon district, on lance un décret de prise de corps. Les districts n'ont-ils donc pas été ouverts pour que les citoyens qui ont à faire des pétitions bonnes ou mauvaises, les y proposent sans craindre la loi martiale? Et que nous criait le Châtelet, que nous criait la commune, dans le temps des motions du Palais-Royal, sinon? vous avez soixante districts où vous pouvez pérorer et tonner tout à votre aise contre les abus. Mais, aujourd'hui, où donc voulez-vous que je me retire! où pourrai-je publier ma pensée, si ce n'est dans mon district? Le premier des droits de l'homme et du citoyen est de pouvoir dire ce qu'il pense. Mais la publicité des opinions sur la place publique pouvait être dangereuse : qu'a fait la loi pour concilier les droits de l'homme avec la tranquillité publique? Elle nous a dit à tous : retirez-vous dans vos districts, et là, dites tout ce qu'il vous plaira; la peine du préopinant qui aura dit une sottise, sera d'être rappelé à l'ordre, et non pas d'être fusillé ou décrété. ›

Ensuite, Desmoulins attaque le Chatelet pour les mêmes faits que lui reprochait Loustalot, et avec non moins de violence. La colère n'était pas seulement chez ces sentinelles avancées du parti révolutionnaire, elle était aussi dans la population. On rẻmarquait que le ministre de la guerre ne présentait point de projet sur la réorganisation de l'armée; que le roi n'avait pas encore sanctionné le décret par lequel l'assemblée nationale avait posé le principe de cette réorganisation. De cette observation, on concluait que la cour voulait conserver l'armée telle qu'elle était pour s'en servir dans quelque but caché. Cette opinion devint tellement générale, que le président de l'assemblée adressa des réclamations dans ce sens au ministère. Le 22 mars, il lui fut répondu que sur ses instances réitérées, le roi avait consenti à sanctionner le décret, et qu'incessamment on présenterait au comité militaire un projet d'organisation. Néanmoins, on faisait courir des bruits de conspiration; chaque jour on indiquait quelque nouvelle réunion secrète d'aristocrates. On disait qu'on combinait une invasion sur les frontières avec un soulèvement dans l'intérieur.

› On assure, continue Desmoulins, qu'il y a actuellement à Barcelone une quantité d'aristocrates et de mécontens Français. Ils travaillent en Espagne contre nous.... Il règne cependant une grande intelligence entre le cabinet de Paris et celui de Madrid. Des courriers multipliés se succèdent des deux parts. Parmi ceux venus d'Espagne à Paris, il y en a un qui est un grand seigneur espagnol. Il garde l'incognito, mais il est parfaitement connu, l'on suit de très-près ses démarches.

et

On parle de deux escadres espagnoles destinées, dit-on, l'une, à croiser sur les côtes de Gascogne, l'autre sur celles de Languedoc et de Provence.

› Le roi de Sardaigne met sur pied des troupes que l'on soupçonne destinées à entrer en France. - Le roi de Naples fait des préparatifs comme pour bombarder Alger.

› Il paraît, d'après toutes ces nouvelles, que les mouvemens de ces diverses puissances ont pour objet d'aider le ministère

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