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moeurs, il ne faut point d'éducation; elle ne seroit alors que dangereuse. Mais dès que les hommes le voudront fortement, dès qu'ils sauront faire taire leur vanité, dès qu'ils auront le courage de résister à leurs passions sensuelles et ambitieuses, tous seront capables de s'ha bituer aux actions honnêtes et de donner de bons exemples. Certes toutes les facultés de l'homme lui donnent la liberté de faire le bien plutôt que le mal, le sentiment de cette liberté lui est présent dans toutes ses pensées et ses actions: Eh! n'en donne t-il pas la preuve évidente, lorsqu'il commet le mal mềme? Pourquoi s'élance-t-il si souvent dans la route de l'ambition, en dédaignant celle de la modération? N'est-ce pas, parce qu'il veut satisfaire son orgueil aux dé pens de la paix de son cœur? Il choisit donc, pourquoi encore voit-on si souvent les hommes s'étudier, se composer, se corriger en apparence, imiter la générosité, la bienfaisance, et la vertu, afin d'arriver plus facilement aux hon. neurs, aux richesses, aux dignités? Pour

quoi consument-ils les plus belles années de leurs vies, dans cette odieuse étude d'hypocrisie, qui leur coûte cent fois plus de peines, de chagrins, de bassesses et de sacrifices, que la simple et franche pratique de la vertu ? Pourquoi.....? Demandez-le à leur vanité, à leur avidité, à leur corruption! Mais s'ils savent se modérer extérieurement, ils ont donc la liberté de le faire. Donc ils peuvent choisir entre l'artifice et la réalité.

Pères, mères, maîtres, si vous savez tempérer vos défauts et vos vices, pour arriver à tout ce qui favorise votre intérêt personnel, votre vanité et votre ambition, vous pouvez bien mieux encore, vous surveiller dans l'éducation de vos élèves. C'est votre propre conscience qui vous y invite sans cesse. Sachez seulement ne pas lui résister. Quel intérêt plus précieux peut-il jamais exister pour vous, que celui de faire des hommes raisonnables et éclairés?

Daignez y réfléchir sans cesse, votre bonheur y est lié dans tous les instans

de votre vie, de la manière la plus intime. Ce bonheur là n'est point une félicité éphémère et fugitive, comme celle que donne les honneurs et la fortune, mais un bonheur permanent, inaltérable, qui vous entoure de l'estime publique, comble votre cœur des plus douces jouissances, et prépare des fleurs pour orner votre tombe.

FIN.

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