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mariage par le divorce. La dissolution s'en opérait par ces seules paroles: Res tuas tibi habeto ou res tuas tibi agito. Les femmes portèrent, sous ce rapport, la licence encore plus loin que les hommes. Sénèque se plaint qu'au lieu de dater des consulats, elles dataient des différents maris dont elles avaient changé; et Juvénal affirme que les femmes rompaient le mariage. quand elles étaient négligées par leurs maris 2. Espérons que nos jurisconsultes ne s'inspireront jamais de la loi romaine, sous ce rapport.

Et maintenant qu'on me permette de dire comme Horace: Verum non amplius addam.

1. Sénèque, De Benef., lib. III, cap. xvi

2. Juvénal, Sat. IX.

III

POÈTES TRAGIQUES ET COMIQUES

Sénèque, Térence, Plaute, P. Syrus.

SÉNÈQUE LE TRAGIQUE

La tragédie latine n'est guère représentée que par les ouvrages de Sénèque. Les tragédies de Livius Andronicus, d'Ennius', de Pomponius

1. On possède encore quelques fragments d'Ennius, l'Homère latin! le plus ancien versificateur après L. Andronicus. Il composa des tragédies, des satires et un poème inti tulé les Annales de la République. Son style hâché et rude n'était pas sans mérite. Virgile lui a fait de nombreux em prunts, ce qui a fait dire à Horace que l'auteur de l'Enéide tirait des perles du fumier d'Ennius.

Les Annales ne renferment que des anecdotes, des légendes, des drames sanglants, des histoires de coups d'épée et de larges blessures. Ménière a cité de lui le vers suivant qui se rapporte à un guerrier dont on brise la tête sur une pierre:

Saxo cere comminuit brum.

Tous les traducteurs, et Ménière après eux, n'ont vu dans brum « qu'une figure de rhétorique, une imitation du bruit causé par la rencontre de la pierre et de la tête, une onomatopée, quelque chose comme le fameux Taratantara pour le son de la trompette. » Mais alors que faire de cere? dit le Dr Daremberg. Ménière n'en sait rien, pas plus que ses devanciers. Ennius, ajoute-t-il, a fait ce qu'un appelle une tmèse en style d'école, c'est-à-dire qu'il a partagé en deux le cerveau du pauvre diable pour faire plus aisément son vers et lui donner en même temps une certaine réso

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Secundus, etc., ne sont pas arrivées jusqu'à nous. Elles n'étaient d'ailleurs que le faible pastiche de la poésie dramatique grecque, avec l'action en moins, car elles n'étaient écrites que pour des lectures publiques, et non pour le théâtre.

Moins heureux que Sophocle et Euripide, les tragiques latins n'avaient à peindre que les mœurs âpres des premiers temps de la république ou les orgies de l'empire. Et tandis que la femme grecque se montrait aux premiers sous des traits doux et gracieux et posait un ensemble digne des héroïnes de leur histoire ou des fictions de leur imagination, la matronę austère se présentait aux yeux des autres avec un profil d'homme qui excluait toute idée poénance imitative. Réunissez les deux parties, et vous aurez cerebrum; la cervelle tout entière.

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Dans ses œuvres, Ennius paraît s'intéresser fort peu à la médecine. Voici cependant un des documents rares se rapportant à la médecine militaire des anciens. Dans la tragédie d'Achille, il cite ces paroles d'un soldat blessé sur le champ de bataille :

O Patrocle, dit le brave Eurypyle, je viens te demander du secours et l'aide de tes mains, avant que je ne succombe à ce mauvais coup que vient de me porter un ennemi. Les autres blessés remplissent les portiques du temple d'Esculape. Je ne puis en approcher. Mes genoux fatigués fléchissent sous mon corps trembiant, et je n'ai nul moyen d'arrêter mon sang, qui s'échappe à flots. »

On voit d'après cela que les ambulances militaires étaient déjà insuffisantes et encombrées pendant l'action.

Ennius avait pris pour devise: Nunquam poetor nisi podager. 11 mourut, en effet, de la goutte et de l'ivrognerie, à l'âge de soixante-dix ans, n'ayant jamais eu d'autre médicament que le chou, qui était sa panacée et celle de Caton, son ami.

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