Abbildungen der Seite
PDF
EPUB

Tunc arte nefanda

Submota est capiti tabes, raptoque cerebro
Exsiccata cutis, putrisque effluxit ab alto
Humor, et infuso facies solidata veneno est.

Lucain nous montre ensuite l'austère Caton ralliant les débris de l'armée de Pompée dans les déserts de la Libye. Sous cette zone, les rayons du soleil devenaient plus ardents, les sources d'eau beaucoup plus rares. Au milieu des sables, on arrive dans une oasis infestée de serpents.

Les soldats qui ont vu sur les bords de la source se dresser les terribles ophidiens redoutent de boire une eau que leur présence a empoisonnée. Caton leur explique que leur frayeur est vaine.

« Sans doute, dit-il, la morsure des serpents est venimeuse, le poison que leur dent distille est mortel, mais seulement quand il se mêle avec le sang, l'eau dans laquelle ils nagent ne l'est

pas. »

Les accidents que cause la morsure des serpents corroborent les paroles de Caton. Une dipsade mord un jeune porte-enseigne, du nom d'Aulus, qui est pris d'une soif inextinguible et mortelle. Sabellus mordu à la cuisse par un seps succombe avec des symptômes effrayants. Le venin de l'aspic des rives du Nil, après avoir coagulé le sang dans les veines de Lévus, amène une mort plus prompte que la coupe du magicien arabe qui contient l'herbe qui imite l'encens? Le céraste, vipère cornue, fait aussi de nombreuses victimes.

Lucain parle encore d'autres serpents, le jaculus, le prester, l'hæmorrhoïs, le paréas, qui probablement n'existent que dans son imagination de poète. Mais il nous fait connaître une tribu de la Libye, celles des Psylles, qui n'a rien à craindre des serpents, tous savent les charmer. Leur morsure d'ailleurs ne peut rien sur eux, ils sont invulnérables; car ils inoculent à leurs enfants le venin de l'aspic pour savoir si leur sang contient un mélange adultère.

In terra parvus quum decidit infans,
Letifica dubios explorant aspide partus.

Les Psylles accompagnent l'armée de Caton, ils la protègent contre les serpents, les éloignent du camp, en brûlant à l'entour des herbes odorantes; la centaurée, le peucédanum (fenouil), l'érica, le mélèze et l'aurone.

Mais si durant le jour un soldat était piqué, le Psylle lui porte secours; il lave la plaie avec sa salive, prononce des paroles magiques, et, << penché sur le blessé, suce sa plaie livide, aspire le venin, l'exprime avec ses dents et crache la mort. >>

Tunc superincumbens pallentia vulnera lambit,
Ore venena trahens, et siccat dentibus artus,
Extractamque tenens gelido de corpore mortem
Exspuit.

Nous arrêterons là notre étude sur la Pharsale. Nous laisserons César entrer triomphant dans Alexandrie, disperser toutes les forces ennemies et marcher sur Utique défendue par Ca

ton. Après la bataille de Thapsus, le célèbre stoïcien protège la fuite de ses compagnons et ne songe qu'à mourir. Il s'endort après avoir lu les entretiens de Platon sur l'immortalité de l'âme, et à son réveil il se perce la poitrine de son épée. Le chirurgien, appelé pour arrêter l'hémorragie, fait un pansement; mais Caton lève l'appareil et meurt baigné dans son sang.

Lucain a consacré au grand philosophe les plus beaux passages de son œuvre; il le fait voir après Pharsale ranimant les courages, s'opposant à la désertion, rendant hommage à la mémoire de Pompée, reconnu par tous enfin comme le plus sûr appui de la patrie chancelante.

Son patriotisme cependant fut peut-être poussé un peu loin dans ses rapports avec sa femme. On est homme avant d'être citoyen : Marcia lui avait donné trois enfants.

Satisfait de ce résultat, il la céda alors à son ami Hortensius dont la femme était stérile, afin qu'elle porte dans une maison nouvelle les fruits de sa fécondité, et que son sang maternel soit le lien de deux familles.

Après la mort d Hortensius, Marcia, les cheveux épars, le sein meurtri, revint revint trouver Caton et lui parla ainsi :

<< Tant que mon âge et mes forces m'ont permis d'être mère, j'ai fait ce que tu as voulu, j'ai subi la loi de deux hyménées. A présent que mes entrailles épuisées ne sauraient plus enfanter, je reviens à toi, dans l'espoir de ne

plus être livrée à personne. Rends-moi les chastes nœuds de mon premier hymen, rendsmoi le nom d'épouse et qu'on puisse écrire sur mon tombeau: Marcia, femme de Caton... »

Le grand philosophe accueille la chaste matrone, mais tout préoccupé des malheurs de la guerre civile, malgré sa sensibilité à l'amour, il s'interdit le lit nuptial et la sévérité de sa vertu résiste aux plaisirs légitimes...

Comme antithèse, Lucain nous fait le récit des faiblesses de César pour l'impudique Cléopâtre. Elle vient de se rendre auprès du général victorieux, où Ptolémée, son frère et son époux, est en otage. Affectant la douleur, qui la rend plus belle encore, dans un désordre favorable à la volupté, l'héritière de Lagus s'approche lentement de César.

Le discours qu'elle lui adresse pour obtenir la restitution de ses Etats eut vainement flatté l'oreille farouche du vainqueur, mais le charme de sa beauté se communique à sa prière, et plus éloquents que sa voix, ses yeux impurs parlent et persuadent. Puis, après avoir séduit son juge, elle emploie une nuit honteuse à l'enchaîner.

Exigit infandam, corrupto judice, noctem. Voilà ce que les séductions féminines font des soldats heureux! D'ailleurs, au milieu du luxe et des magnificences de cette civilisation égyptienne aussi corrompue que grandiose, dont Lucain nous donne la description, en présence de cette superbe courtisane couronnée, aussi captivante par son esprit que par sa beauté, l'austère Cator lui-même aurait-il su résister...

LUCRÈCE

Lucrèce appartenait à l'une des plus grandes familles de Rome; il descendait, dit-on, de Spurius Lucretius dont la fille, la célèbre Lucrèce, fut violée par Sextus, fils de Tarquin le Superbe. Il était contemporain et ami de Cicéron et de Catulle. Il se suicida à l'âge de 44 ans, en l'an 55 (av. J.-C.), dans un accès de mélancolie provoquée par la jalousie de sa maîtresse.

très exac

Son poème de Rerum natura, tement traduit par Lagrange, est un véritable traité en vers de physique, de métaphysique et de physiologie. Sa philosophie se rapprochait beaucoup du positivisme moderne. Il était l'ennemi des idées superstitieuses, et il nous apprend lui-même qu'il devint anti-religieux (on dit aujourd'hui anti-clérical), dès qu'il s'aperçut que la religion s'était mise au service des partis politiques et qu'elle approuvait les crimes commis pendant les guerres civiles.

Comment se fait-il qu'une oeuvre scientifique ait été présentée sous la forme d'un poème

« ZurückWeiter »