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main de maître cette intéressante question de l'amour physique. Il a cherché à se rendre compte de l'action qu'exerce la chaleur en général sur les organes de la génération, dont elle paraît être, dit-il, le stimulant le plus efficace et le plus constant. Et il montre la métamorphose que l'adolescence amène chez le garçon 1:

<< Le nouveau besoin qui se fait sentir à lui produit dans le jeune homme un mélange d'audace et de timidité; d'audace, parce qu'il sent tous ses organes animés d'une vigueur inconnue; de timidité, parce que la nature des désirs qu'il ose former l'étonne lui-même, que la défiance de leur succès le déconcerte. >>

L'adolescence est aussi le renouveau de la vie. Comme les poètes, les hygiénistes ont donc mentionné l'action du printemps sur la fonction de reproduction, mais là encore, nous voyons les premiers nous apprendre avant les savants les secrets mystérieux de la nature, que les étymologistes font dériver très justement du mot nasci, naître.

Aussi, a dit Virgile, doit-il être considéré comme heureux celui qui connaît les secrets de la nature.

Felix qui potuit rerum cognoscere causas.

Mais, c'est par un travail opiniâtre qu'on ar

1. Cabanis, Mémoire sur l'influence des sexes, in Rapports du physique et du moral. Edition L. Peisse. Paris,

rive à comprendre ses principaux phénomènes et qu'on triomphe de toutes les difficultés; Labor omnia vincit improbus.

« C'est en y pensant toujours, » répondait Newton à ceux qui lui demandaient comment il était arrivé à formuler les lois de la gravitation universelle. Il a fallu qu'ils y réfléchissent longtemps aussi les observateurs de l'antiquité qui, par intuition, étaient arrivés à découvrir les origines de la terre.

Virgile, par la bouche de Silène, les décrit ainsi :

« Dans l'immensité du vide s'étaient rassemblés les principes créateurs de la terre, des mers, de l'air et du feu. De ces premiers éléments sortirent tous les êtres. Le globe, d'abord sous l'aspect d'une molle argile, s'arrondit et devient une masse solide; puis, peu à peu, elle se durcit et force Thétis à se renfermer dans ses limites. La terre fut grandement étonnée aux premiers rayons du soleil, à la vue des nuages s'élevant dans l'espace pour retomber en pluie du haut des airs, des forêts montrant leur cime naissante et les animaux errant sur les montagnes incon

nues.»

Ainsi parla ou chanta Silène devant les bergers qui l'avaient surpris dormant dans le fond d'une grotte, les veines gonflées par le vin qu'il avait bu la veille,

Inflatum hesterno venas.

Près de lui se trouvait sa couronne de fleurs,

tombée de sa tête pendant son sommeil, mais sa lourde coupe était toujours suspendue à sa ceinture par une anse archi-usée.

Dans le groupe des bergers se trouvait Eglé, la plus belle des naïades. A vous, mes chansons, avait-il dit aux premiers, mais à Eglé, je réserve une autre récompense...

Carmina vobis, huic aliud mercedis erit...

Il ne dit pas quelle sera cette récompense qu'il offrira à la belle. Il faut le deviner. Pour moi, cela devait être une rose, si l'on songe à l'histoire de la naissance de cette fleur à laquelle présida Silène. Parny nous l'a dit d'ailleurs en ces vers charmants, qu'on aime toujours à relire:

Lorsque Vénus, sortant du sein des mers,
Sourit aux dieux, charmés de sa présence,
Un nouveau jour éclaira l'univers.
Dans ce moment la rose prit naissance,
D'un jeune lis elle avait la blancheur;
Mais aussitôt le père de la treille,
De ce nectar dont il fut l'inventeur,
Laissa tomber une goutte vermeille
Et pour toujours il changea sa couleur.
De Cythérée elle est la fleur chérie,
Et de Paphos elle orne les bosquets.
Sa douce odeur aux célestes banquets
Fait oublier celle de l'ambroisie.
Son vermillon doit parer la beauté.
C'est le seul fard que met la volupté.
A cette bouche où le sourire joue,
Son coloris prête un charme divin;
De la Pudeur elle couvre la joue
Et de l'Aurore elle rougit la main.

Dans un autre passage, Virgile cherche une comparaison pour peindre le désespoir d'Orphée qui, pour la seconde fois, a perdu Eurydice. Et cette comparaison, il la trouve dans les gémissements de Philomèle redemandant ses petits à l'oiseleur qui les lui a ravis:

Qualis populea morens Philomela sub umbra
Amissos queritur fetus,

Telle sur un rameau, pendant la nuit obscure,
Philomèle plaintive attendrit la nature;
Accuse en gémissant l'oiseleur inhumain
Qui, glissant dans son nid une furtive main,
Ravit ces tendres fruits que l'amour fit éclore
Et qu'un léger duvet ne couvrait pas encore.

Voyons encore quelle puissance de pensée et quelle force d'expression dans ces vers qu'il consacre aux damnés qui expient aux enfers les crimes qu'ils ont commis sur terre:

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Non, quand j'aurais cent bouches, cent langues et une voix de fer, je ne pourrais jamais dire tous les genres de crimes, ni passer en revue tous les supplices. »

Nous suivrons cet exemple, et nous ne dirons rien de toutes les passions, de tous les vices dont le médecin est souvent lui aussi le témoin et quelquefois le confident discret. Nous constaterons simplement qu'un des principaux mobiles de la perversité humaine est la cupidité, l'amour des richesses, les instincts mégalo nanes des bourgeois comme des paysans.

«< A quoi ne pousses-tu pas le cœur des hommes, exécrable soif de l'or! »

C'est Virgile qui parle :

Quid non mortalia pectora cogis,

Auri sacra fames!

Ensuite il nous montre couverts de sang les frères divisés par l'intérêt:

Gaudent perfusi sanguine fratrum

Exsilioque domos et dulcia limina mutant, Atque alio patriam quærunt sub sole jacentem. Un frère égorge un frère, et va, sous d'autres cieux, Mourir loin des lieux chers qu'habitaient ses aïeux.

Mais, il est un crime qu'il flétrit plus encore parmi tous ceux que renferment les enfers, c'est celui de l'homme qui a vendu sa patrie à prix d'or, et l'a livrée au pouvoir d'un tyran.

Vendidit hic auro patriam, dominumque potentem Imposuit;

Ces vers, il faudrait les graver sur les murs de nos forteresses.

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