Certainement c'est un fort grand dommage II. 1513. I DU TEMPS QUE MAROT ESTOIT AU PALAIS A PARIS. MUSICIENS à la voix argentine, Puis que je n'ay ce que j'ay prétendu, Ou s'elle picque ainsi qu'un herisson. 2 1 Il est possible que Cl. Marot, dont la morale n'était pas trèssévère, ait fait partie, dans sa jeunesse, de cette joyeuse compagnie, dont il se montre ici l'apologiste. On lit dans l'Histoire du Théâtre-Français; Clément Marot, auteur et acteur parmi les Enfans sans Soucy. 2 La France était menacée d'une ruine totale. Après une longue guerre qui l'avait épuisée d'hommes et d'argent, elle avait perdu l'Italie entière. Henri VIII, Maximilien Ier et les Suisses formaient contre elle une ligue formidable, et se préparaient à l'engloutir; mais l'année suivante, Louis XII, par des négociations partielles, se délivra de tant d'ennemis, et se vit tout à coup dans le calme le plus profond. Adieu vous dy mon maistre Jehan Grisson: I Ou j'ay chanté mainte belle chanson Celle qui c'est, en jeunesse est bien fine, Mais si pour elle encores je chemine, 3 1 La porte Barbette était dans la Vicille-rue-du-Temple, vers l'endroit où aboutit la rue des Blancs-Manteaux. C'était sans doute près de là qu'habitait cette première maîtresse de Clément Marot. 2 Caillette, fou célèbre, dont les bouffonneries amusèrent la cour sous Charles VIII et Louis XII; sa réputation fut telle, que son nom passa en proverbe. Peut-être est-ce de lui que nous vient le mot de caillette, qui signifie un homme frivole et babillard? 3 Il ne fut pas heureux en amour, ce pauvre Marot! Il choisit sa première maîtresse dans une obscure condition; il offrit son cœur à la célèbre Diane de Poitiers, qui ne le dédaigna pas; il osa tourner ses regards vers Marguerite, qu'environnait l'éclat des cours, et en fut aimé : cependant il ne put jamais arriver au terme où tendaient tous ses désirs; du moins l'histoire se tait sur cet ar Je quicte tout, je donne, je resigne De vaincre Amour, cela m'est deffendu, ENVOY. Prince d'amour regnant dessoubz la nue, III. 1517. DE LA NAISSANCE DE FEU MONSEIGNEUR LE DAULPHIN FRANÇOYS. QUAND Neptunus, puissant dieu de la mer, Les Gallicans bien le deurent aymer, Et 2 pour oster mathelotz de souffrance, Faire nager en ceste eau claire et saine Le beau daulphin tant desiré en France. Nymphes des boys pour son nom sublimer, 1 Nous avons déjà eu l'occasion de remarquer ces frivolités auxquelles on fesait descendre la poésie. On a imaginé de donner à ce caprice puérile de Marot, le nom inintelligible de rime batelee. 2 François Ier venait de conclure un traité de paix avec Charles d'Autriche, qui succédait à Ferdinand, roi d'Espagne. Combien de fois Charles et le roi de France se jurèrent-ils une alliance inviolable! Dont mariniers vogoient en la mer plaine Monstres marins veit on lors assommer, Si que les nefz sans crainte d'abismer Nageoient en mer à voilles avallees. Les grans poissons faisoient saultz et hullees, I Chantoient au jour de sa noble naissance, Le beau daulphin tant desiré en France. ENVOY. Prince marin fuyant œuvre vilaine, ne face nuysance, Au celerin plus ne Afin qu'on ayme en ceste mer mondaine Le beau daulphin tant desiré en France. 'Marot fait chanter ici les poissons en chœur; Saint-Amand, plus tard, les mit aux fenêtres. Cette ballade était un sacrifice au mauvais goût du siècle. |