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Faisons marché qui tienne.
Pour jouer finement,

Je vous preste la mienne.

IIL

1534.

DU BEAU TETIN. 1

TETIN refaict plus blanc qu'un œuf,

Tetin de satin blanc tout neuf,

Tetin qui fais honte à la rose,
Tetin plus beau que nulle chose :
Tetin dur, non pas tetin, voyre,
Mais petite boule d'ivoyre,
Au milieu duquel est assise
Une freze, ou une cerise,

Que nul ne veoit, ne touche aussi,

Mais je gage qu'il est ainsi.

Tetin donc au petit bout rouge,
Tetin qui jamais ne se bouge,

1 L'idée des deux épigrammes suivantes était neuve et originale. Lorque Marot les publia à la cour du duc de Ferrare, elles lui méritèrent de nombreux éloges, et tous les poètes se mirent en devoir de les imiter; mais ils restèrent bien loin de leurs charmans modèles. Voyez, dans le tome Ier, l'épître à ceulx qui apres l'epigramme du beau tetin en feirent d'autres.

2 Claude Chapuis, dans son Blason de la main, se sert de cette jolie expression.

Main qui fais honte à la neige et reproche.

Soit

venir, soit pour

pour

aller,

pour

baller.

Soit pour courir, soit

Tetin gauche, tetin mignon,
Tousjours loin de son compaignon,
Tetin qui portes tesmoignage
Du demourant du personnage.
Quand on te voit, il vient à maints
Une envie dedans les mains
De te taster, de te tenir: "
Mais il se fault bien contenir
D'en approcher, bon gré ma vie,
Car il viendroit une autre envie.

O tetin ne grand, ne petit,

Tetin meur,

tetin d'appetit,

Tetin qui nuict et jour criez,
Mariez moy tost, mariez:

Tetin qui t'enfles, et repoulses
Ton gorgias de deux bons poulses,
A bon droict heureux on dira
Celluy qui de laict t'emplira,
Faisant d'un tetin de pucelle
Tetin de femme entiere et belle.

I Voltaire, qui n'appréciait pas assez le talent de Marot, pourtant imité cette gracieuse description:

Sous un cou blanc, qui fait honte à l'albâtre,
Sont deux tétons séparés, faits au tour,
Allans, venans, arrondis par l'Amour :
Leur boutonnet a la couleur des roses.
Tetin charmant qui jamais ne reposes
Vous invitiez les mains à vous presser......

LA PUCELLE. Chant I.

a

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Tetin flac, tetin de drapeau,
Grand'tetine, longue tetasse,
Tetin, doy je dire bezasse?
Tetin au grand villain bout noir,
Comme celluy d'un entonnoir,
Tetin qui brimballe à tous coups
Sans estre esbranlé, ne secous,
Bien se peult vanter qui te taste,
D'avoir mis la main à la paste :
Tetin grillé, tetin pendant,
Tetin flestry, tetin rendant
Villaine bourbe en lieu de laict,
Le diable te feit bien si layd:
Tetin
pour trippe reputé,

Tetin, ce cuyde je, emprunté,
Ou desrobé en quelque sorte,
De quelque vieille chevre morte:
Tetin propre pour en enfer

Nourrir l'enfant de Lucifer: '

1 Les deux epistres à deux vieilles de différentes mœurs, par François Habert, et faussement attribuées à Rabelais, rappellent

Tetin boyau long d'une gaule,
Tetasse à jecter sur l'espaule,
Pour faire (tout bien compassé)
Un chapperon du temps passé :
Quand on te voit, il vient à maints
Une envie dedans les mains,

doubles

De te prendre avec les gans
Pour en donner cinq ou six couples
De souffletz sur le nez de celle
Qui te cache soubz son esselle.

Va grand vilain tetin puant,
Tu fournirois bien en suant
De civettes et de parfums
Pour faire cent mille deffuncts.

Tetin de laydeur despiteuse,
Tetin dont nature est honteuse,
Tetin des vilains le plus brave,
Tetin, dont le bout tousjours bave,
Tetin faict de poix et de glus :
Bren, ma plume, n'en parlez plus,
Laissez le là, ventre sainct George,
Vons me feriez rendre ma gorge.

souvent les épigrammes du beau et du laid tetin. Nous n'en citerons que quelques vers imités de ces dernières :

Vieille de qui l'infame et layde peau
En puanteur passe un sale drapeau,

Vieille qui as la tetasse propice

Pour en enfer d'un diable estre nourrice.

34

V.

1544.

A UNE DAME de piedmonT, QUI REFUSA SIX ESCUZ DE MAROT POUR COUCHER AVEC ELLE, ET EN VOULOIT AVOIR DIX.

MADAME, je vous remercie

De m'avoir esté si rebourse :
Pensez vous que je m'en soucie,

Ne que tant soit peu m'en courrousse ?
Nenny, non et pourquoy? et pource
Que six escuz saulvez m'avez,
Qui sont aussi bien dans ma bourse,
Que dans le trou que vous scavez.

VI.

D'ANNETTE ET MARGUERITE. '

Ces jours passez je fuz chez la Normande,
Ou je trouvay Annette et Marguerite,

Annette est grasse, en bon poinct, belle et grande:
L'autre est plus jeune et beaucoup plus petite:

1 Cette épigramme est encore contestée à Marot par Mellin de Saint-Gelais. Elle est imprimée dans les œuvres de ce dernier, et, pour tout changement, le nom d'Annette est remplacé par celui de Louise. On ne comprend pas par quelle raison les ouvrages de ces deux poètes se trouvent aussi souvent confondus sans qu'on puisse reconnaître le véritable auteur. On doit attribuer ces erreurs à la négligence des premiers éditeurs.

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