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Et qui Mignonne approchera
De sa paincture, il pensera

Que toutes deux vivent sans faincte?

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DES

A HILAIRE.

Des que tu viens là ou je suis
(Hilaire) c'est ta façon folle
De me dire tousjours, et puis
Que fais tu? voyla tout ton rolle.
Cent foys le jour ceste parolle
Tu me dis, j'en suis tout batu.
Quand tout sera bien debatu,
Je cuyde par mon ame, Hilaire,
Qu'avecques ton beau, que fais tu?
Tu n'as rien toy mesme que faire.

XIII.

IN CINNA M.

Lib. III. Epig. IX.

Versiculos in me narratur scribere Cinna, etc.

A MERLIN DE SAINCT GELAIS.

TA lettre, Merlin, me propose
Qu'un gros sot en rithme compose
Des vers, par lesquelz il me poinct :
Tien toy seur qu'en rithme, n'en prose,
Celluy n'escrit aucune chose,
Duquel l'ouvrage on ne lit point.

XIV.

IN CANDIDUM.

Lib. III. Epig. xxvI.

Prædia solus habes, et solus, Candide, nummos, etc.

TU

DE JAN JAN.

U as tout seul, Jan Jan, vignes et prez: Tu as tout seul ton cueur et ta pecune: Tu as tout seul deux logis diaprez, Là ou vivant ne pretend chose aucune : Tu as tout seul le fruict de ta fortune: Tu as tout seul ton boire et ton repas : Tu as tout seul toutes choses fors une, C'est que tout seul ta femme tu n'as pas.

XV.

IN LENTINUM.

Lib. III. Epig. XLIII.

Mentiris juvenem tinctis, Lentine, capillis, etc.

TU

A GEOFFROY BRULARD.

U pains ta barbe, amy Brulard, c'est signe
Que tu vouldrois pour jeune estre tenu :
Mais on t'a veu nagueres estre un cigne,
Puis tout à coup un corbeau devenu.
Encor le pis qui te soit advenu,

C'est que la Mort, plus que toy fine et sage,
Congnoist assez que tu es tout chenu,
Et t'ostera ce masque du visage.

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C'EST grand cas que nostre voisin,
Tousjours quelque besongne entame :
Dont ne peult, ce gros Lymosin,
Sortir qu'à sa honte et diffame.

1 Voyez le rondeau x11 du livre I.

Au reste, je croy sur mon ame,
Tant il est lourd et endormy,
Que quand il besongne sa femme,
Il ne luy faict rien qu'à demy.

XVII.

IN CALLISTRATUM.

Lib. V. Epig. xiii.

Sum (fateor) semperque fui, Callistrate, pauper, etc.

DE SOY MESME ET D'UN RICHE IGNORANT.

RICHE ne suis, certes

ne suis, certes je le confesse :

Bien né pourtant, et nourry noblement:

Mais je suis leu du peuple et gentillesse

Par tout le monde : et dict on, c'est Clement.
Maintz vivront peu, moy eternellement:
Et toy tu as prez, fontaines et puytz,

Boys, champs, chasteaulx, rentes, et gros appuys:
C'est de nous deux la difference et l'estre.

Mais tu ne peulx estre ce que je suis :

Ce

que tu es, un chascun le peult estre. '

1 Sans doute il ne faut pas grand talent pour être riche; pourtant tout le monde n'est pas capable de le devenir. L'opulence ne se trouve guères réunie à l'esprit : tous les biens sont rarement le partage d'un seul. Ainsi, ce riche, que Marot traite avec tant de hauteur, pouvait répondre avec Mellin de Saint-Gelais :

Dy moy, amy, que vault il mieulx avoir

Beaucoup de biens, ou beaucoup de sçavoir?

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XVIII.

AD JULIUM MARTIALEM.

Lib. V. Epig. xx.

Si tecum mihi chare Martialis, etc.

A F. RABELAIS. I

S'on nous laissoit nos jours en paix user,
Du temps present à plaisir disposer,

Et librement vivre comme il fault vivre :
Palais et cours ne nous fauldroit plus suyvre,
Plaidz, ne proces, ne les riches maisons
Avec leur gloire et enfumez blasons :

Je n'en sçay rien mais les sçavans je voy

Faire la cour à ceulx qui ont de quoy.

Les poètes ont beau faire fi de l'argent, l'air du Parnasse ne rassasie pas, et on voit souvent Apollon courtiser Plutus.

I François Rabelais, né à Chinon, en Touraine, fut, sous tous les rapports, l'homme le plus extraordinaire du XVIe siècle. Son Pantagruel, qu'il composa dans sa cure de Meudon, est un livre bizarre, mais inimitable; rempli d'esprit et d'érudition, mais où il règne le cynisme le plus effronté. Poète, grammairien, sachant huit langues, et possédant d'immenses connaissances, il se moque des savans; médecin, il n'épargne pas la médecine; jurisconsulte, il ne respecte ni les lois, ni leurs ministres; philosophe profond, il tourne les philosophes en ridicule; cordelier et curé de Meudon, le clergé, le pape et Dieu même, ne sont pas à l'abri de ses railleries. Enfin Rabelais, qui citait tout le genre humain à son tribunal satirique, Rabelais, qui ne connaissait rien de sacré, vécut sans être inquiété, et Marot, qui, dans ses ouvrages, laisse à peine entrevoir ses opinions, fut persécuté pendant toute sa vie. Rabelais mourut en 1553.

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