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DE LA STATUE DE VENUS ENDORMIE.

QUI dort icy? le fault il demander?
Venus y dort, qui vous peult commander.
Ne l'esveillez, elle ne vous nuyra :
Si l'esveillez', croyez qu'elle ouvrira

Ces deux beaulx yeulx, pour les vostres bander. '

XXXVI.

D'UNE QUI FAISOIT LA LONGUE.

QUAND je vous ayme ardantement,

Vostre beauté toute autre efface:
Quand je vous ayme froidement,
Vostre beauté fond comme glace.
Hastez vous de me faire grace,
Sans trop user de cruauté :

Car si mon amytié se passe,

Adieu command vostre beauté. 2

1 J.-B. Rousseau, qui imitait peut-être trop souvent Marot, 2 fait son profit de cette idée :

Respectons l'Amour

Tandis qu'il sommeille,
Et craignons qu'un jour

Ce dieu ne s'éveille.

DIANE. Cantate I.

2 Cette pensée est exprimée avec bien plus de délicatesse dans ces vers de Mellin de Saint-Gelais :

Tousjours vous me semblastes belle:

JE

XXXVII.

D'UNE QUI LUY FEIT CHERE PAR MANIERE D'acquit.

NE vous forcez de me cherer,
Chere ne quiert point violence:
Mes vers vous veulent reverer,
Non obliger vostre excellence :
Si mon amour et ma science
En vostre endroict n'ont sçeu valoir,
C'est à moy d'avoir patience,
Et à vous de ne vous chaloir.

XXXVIII.

D'ENTRETENIR DAMOYSELLES.

E ne sçaurois d'entretien appeller
Le deviser qui aucun fruict n'apporte,
C'est le vray vent qui tost se perd en l'air,
Ou l'eau qui roide en aval se transporte.
L'oyseau gentil, sur le poing je le porte,

Mais encor le congneu je mieulx,
Apres que la flamme immortelle
D'amour m'eust ouvert les deux yeals.
Puis quand les vostres gracieux
Reçeurent la mesme estincelle,

Lors vostre beauté devint telle,

Qu'il en est de moindres aux cieulx :

Soit donc vostre cueur soucieux

De m'aymer avec loyauté,

Non que le mien ambitieux

Merite un bien si precieux :
Mais pour garder vostre beauté.

Apres luy crie, à luy souvent j'entens,
Car de son vol rend mes espritz contens.
Adonc Amour bel oyseau par les aesles,
Apporte proye, et donne
et donne passetemps,
Ou entretien (tout seul) tes damoyselles.

XXXIX.

BAISER VOLÉ.

Vous vous plaignez de mon audace

Qui a prins de vous un baiser,
Sans en requerir vostre grace,
Venez vers moy vous appaiser:
Je ne vous iray plus baiser
Sans vostre congé, veu qu'ainsi
Il vous deult de ce baiser cy,
Lequel si bien l'ay osé prendre,
N'est pas perdu, je suis icy

En bon vouloir de vous le rendre.

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Du baiser qu'avez soudain pris,

Possible n'est d'en faire paye,
Car vous n'en scavez pas le prix,

1 Cette réponse est de Marot.

Et ne veulx pas qu'on me le

paye :

Mais si vous pensez que tort j'aye

D'obliger ainsi vous oser,

Payez moy en autre monnoye
Autant qu'estimez le baiser.

XLI.

REPLIQUE.

De ce qui ne chet soubz un prix,
Si ne sçaurois en rien mesprendre,
Quand on le rend comme on l'a pris,
Par quoy ce baiser vous viens rendre
Tout ainsi que je le vins prendre :
Mais je n'oserois m'entremettre
De donner le prix ou l'y mettre,
Car c'est finir chose infinie,
Et donner cause de commettre
En l'estat d'amours symonie.

XLII.

RESPONSE AUX VERS' D'UNE SCAVANTE DAMOYSELLE

UN lourd vestu de satin est icy

Suyvant la cour (sans propos) à la trace:

1 Voici ces vers,

dont l'auteur nous est inconnu :

1 Un fascheux corps vestu d'un satin gras,
Un satin gras doublé d'un fascheux corps,

De bonne gresse est son satin farcy,

Et tout son corps plein de maulvaise grace,
Quant à la grace, a peine qu'on l'efface,

Car il sent trop son escolier latin:

Quand à la

gresse, il l'a soir et matin (Comme je croy) en trois ans amassee : Mais baillez luy douze aulnes de satin, Voyla sa robbe en un jour desgressee.

XLIII.

DU PLAISIR EN AMOURS.

BAISER souvent n'est ce pas grand plaisir ?
Dictes ouy, vous autres amoureux :

Car du baiser vous provient le desir

De mettre en un ce qui estoit en deux.

L'un est tres bon, mais l'autre vault trop mieulx:
Car de baiser sans avoir jouyssance,

C'est un plaisir de fragile asseurance:
Mais tous les deux alliez d'un accord
Donnent au cueur si grand'esjouyssance,
Que tel plaisir met en oubly la mort.

Un lourd marcher, un branlement de bras,
Un sot parler, avec un museau tors:
Contrefaisant le gracieux: alors

Qu'il pense mieulx d'amours faire butin
Que dessert il? d'estre jecté dehors,

Et l'envoyer desgresser son satin.

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