Abbildungen der Seite
PDF
EPUB

Fuyez vieux oiseaulx de rivieres,
Et mangez force faisandeaux :
Ne dormez point apres disner,
Car le dormir est dangereux,
Et quand se viendra au souper,
Beuvez des vins delicieux :
Puis apres, entre deux lincieulx
Allez reposer vostre teste,
Continuez un an, ou deux,

De trois moys ne mourrez de peste.

III.

1532.

SUR FRANÇOYS Villon,' l'un de nos meilleurs POETES FRANÇOYS

SOUS LOYS XI.

PEU de Villons en bon sçavoir :

I François Villon, né à Paris, en 1431. On se rappelle les deux vers que Boileau consacre à son éloge :

Villon sut le premier, dans ces siècles grossiers,
Débrouiller l'art confus de nos vieux romanciers.

En effet, Villon, qui avait plus d'esprit que d'érudition, sut se préserver de la barbarie de l'époque à laquelle il appartenait. Il se rendit aussi célèbre par ses friponneries, que par ses ouvrages, où il vante lui-même ses hauts-faits. Il fut condamné une première fois à être pendu. Ce quatrain, qu'il composa dans sa prison, a fait croire qu'il avait subi sa sentence :

Je suis Françoys, dont ce me poyse,

Né de Paris, pres de Pontoyse,

Trop de Villons

pour

decevoir. I

IV.

1535.

RESPONSE AUX VERS AFFICHEZ A PARIS QUAND BEDDA FUT
FORBANNY. 2

Αυ
U feu, en l'eau, en l'air ou en la terre
Soient priz et miz ces folz predicateurs,
Qui vont preschant sedition et guerre
Entre le peuple et les bons precepteurs :
Ilz ont esté trop long temps seducteurs,
Et mis le monde en trouble et desarroy:
Mais Dieu de grace a voulu que le roy
Aye entendu leur sophistic parler,
Qui les fera punir selon la loy,

Au feu, en l'eau, en la terre ou en l'air.

Or d'une corde d'une toyse

Sçaura mon col que mon cul poyse,

Mais le parlement commua la peine de mort en celle du bannissement. Villon n'avait pas abandonné ses chères habitudes; ses vols le firent de nouveau arrêter, en 1461. Il n'échappa des mains de la justice que par la protection de Louis XI qui ne connaissait pourtant pas la clémence. On ignore ce que Villon devint après sa déli

vrance.

1 Ce distique se lisait en tête de l'édition des poésies de Villon, publiée par Cl. Marot, en 1532.

[ocr errors]

2 Voyez le rondeau xvi du livre I.

V.

1.536.

DE L'ABBÉ ET DE SON VALET. I

MONSIEUR l'abbé et monsieur son valet
Sont faictz egaulx tous deux comme de cire:
L'un est grand fol, l'autre petit folet :
L'un veult railler, l'autre gaudir et rire :
L'un boit du bon, l'autre ne boit du pire:
Mais un desbat au soir entre eulx s'esmeut,
Car maistre abbé toute la nuict ne veult
Estre sans vin, que sans secours ne meure:
Et son valet jamais dormir ne peult,
Tandis qu'au pot une goutte en demeure.

VI.

¥537.

A LA VILLE DE PARIS.

PARIS, tu m'as faict maintz alarmes,
Jusque à me poursuyvre à la mort:

Je n'ay que blasonné tes armes :

2

1 Voltaire citait souvent cette épigramme. C'est là ce que Boileau appelle le badinage de Marot.

LA HARPE.

2 Ce vers fait présumer que Marot avait composé quelque pièce satirique contre les armes de la ville de Paris.

il mord:

Un ver, quand on le presse
Encor la coulpe m'en remord,
Ne sçay de toy comment sera:
Mais de nous deux le diable emport
Celluy qui recommencera.

VII.

1538.

DE LA VILLE DE LYON. I

ON dira ce que l'on vouldra
Du Lyon et sa cruauté :

Tousjours, ou le sens me fauldra,
J'estimeray sa privauté :

J'ay trouvé plus d'honnesteté,
Et de noblesse en ce Lyon,
Que n'ay pour avoir frequenté
D'austres bestes un million.

1 Marot, sur la fin de 1537, accompagna le roi, qui se rendit à Lyon avec l'intention de passer en Italie dès que les circonstances réclameraient sa présence. Voyez l'Essai historique.

康康

VIII.

1543.

SUR LES SENTENCES ET BELLES MAXIMES DES ANCIENS. I

SI sçavoir veulx les rencontres plaisantes

Des

sages vieux faictes en devisant,

O toy qui n'a lettres à ce duysantes,
Graces ne peulx rendre assez suffisantes

2

Au tien Macault, ce gentil traduisant :
Car en ta langue orras, icy lisant,

Mille bons motz propres à oindre et poindre,
Dictz par les Grecz et Latins, t'advisant,

Si bonne grace eurent en bien disant,
Qu'en escrivant, Macault ne l'a

IX.

1543.

SUR LE MESME SUBJECT.

pas

moindre.

Des bons propos cy dedans contenuz,
Rends à Plutarque, o Grec, un grand mercy :
Soyez, Latins, à Erasme tenuz,

1 Les Apophtegmes d'Erasme, traduits en français, par Antoine Macault, imprimés à Paris, en 1543.

2 Antoine Macault, surnommé l'elu Macault, né à Niort, notaire, secrétaire et valet-de-chambre de François Ier, a traduit plusieurs ouvrages grecs et latins.

« ZurückWeiter »