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S'il ne rapporte entier contentement,

Si monstre il bien que la langue pressee
Ne respond pas le plus communement
De ce qu'on dict avecques la

pensee.

LVII.

LOYAUTÉ RECOMPENSEE.

AMOUR
MOUR voyant ma grande loyauté,
Et le travail que j'ay eu en dormant,
A contre moy cessé sa cruauté,
Et pourchassé mon seul contentement.
C'est de m'amye avoir bien promptement
La jouyssance, ainsi que je desire.

O heur plus grand que l'on ne pourroit dire,
Et toy mon cueur, qui pus tant endurer,
Or ne crains plus envie et son empire,

Puis

que tel bien est pour jamais durer.

LVIII.

A ANNE, POUR LIRE SES EPIGRAMMES.

ANNE ma sœur, sur ces miens Epigrammes,
Jecte tes yeulx doulcement regardans :
Et en lisant, si d'amour ne t'enflammes,
A tout le moins ne mesprise les flammes,
Qui pour t'amour luysent icy dedans.

ÉPIGRAMMES.

LIVRE IV.

ÉPIGRAMMES.

I.

1527.

DU LIEUTENANT CRIMINEL ET DE SEMBLANÇAY.

LORS

que Maillard' juge d'enfer menoit

A Montfaulcon Semblançay' l'ame rendre,
A vostre advis, lequel des deux tenoit

Meilleur maintien? Pour le vous faire entendre,
Maillard sembloit homme qui mort va prendre :
Et Semblançay fut si ferme vieillart,

Que l'on cuydoit, pour vray, qu'il menast pendre A Montfaulcon le lieutenant Maillard.

3

'Gilles Maillard, établi lieutenant-criminel de la prévôté de Paris, en 1501. Marot fut obligé de comparaître devant lui, lorsqu'à la dénonciation de Diane de Poitiers, il fut arrêté comme luthé

rien. Maillard, si l'on en juge par la vengeance, n'avait pas ménagé l'accusé dans cette affaire.

2

I

Voyez au tome Ier, l'élégie 1 du livre II, dans laquelle Semblançay déplore lui-même son malheureux sort.

3 Voltaire appelle héroïques les épigrammes qui présentent à la fin une pensée ou une image forte et sublime, en conservant pourtant dans le vers une naïveté convenable à ce genre. « Voilà, dit-il, après » avoir cité l'épigramme Lorsque Maillard etc., de toutes les » épigrammes dans le goût noble, celle à qui je donnerais la pré>> férence. >>

<< Nous avons une épigramme de Marot dans le goût de celles des >> anciens, où l'on traitait quelquefois des sujets nobles, ce qui » n'est point contraire au caractère de l'épigramme qui peut pren

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De Meance le bon jambon,
Avec la pinte de vin blanc,
Ou de clairet, mais qu'il soit bon:
Boire souvent de grand randon,
Le dos au feu, le ventre à table,
Avant partir de la maison,
C'est opiate prouffitable.
A vostre disner userez

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De viandes creuses et legieres,
Beuf, ne mouton ne mangerez,
Car ce sont trop dures matieres.
Connilz, perdrix sous les paupieres
Passerez, aussi perdereaux,

>>dre tous les tons, et qui peut finir aussi bien par une belle pensée
» que par un bon mot. Martial, Rousseau, Sannazar et beauconp
» d'autres l'ont prouvé. Celle de Marot est d'autant plus remar-
» quable, que c'est la seule où il ait soutenu le ton noble qui n'est
» pas le sien.
LA HARPE.

1 En 1531, la peste succéda à la famine et à d'autres maladies contagieuses qui avaient désolé la France. Ce terrible fléau fit de grands ravages à Paris.

2 Ce vers, qu'on lit aussi dans Rabelais, se retrouve dans ce conplet si connu :

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