Puis quand je l'oy parler si sagement, XV. A LA ROYNE DE NAVARRE. Nous fusmes, sommes, et serons Le pas de mort nous passerons, fera retourner. XVI. RESPONSE POUR LE GENTILHOMME, AUX VERS QUE LA ROYNE DE NAVARRE AVAIT FAICTZ EN FAVEUR D'UNE DAMOYSELLE. CE seroit trop que la belle esmouvoir : Le povre amant n'y a pensé, ne pense: 2 1 Cette morale est, à la vérité, fort belle, mais elle paraît bien extraordinaire dans la bouche d'un amant: cependant elle devait plaire à Marguerite, qui composait des chansons spirituelles, et pourtant ne conservait pas très-religieusement les droits de son mari. 2 Les vers de Marguerite sont bien mauvais ; ils ne méritaient pas une aussi jolie réponse. Les voici : Il pensoit bien brusler son chaste cueur Parler à elle, et la servir, et veoir DE MADAME YSABEAU DE NAVARRE. I QUI cuyderoit desguiser Ysabeau D'un simple habit, ce seroit grand'simplesse: Par doulx regardz, par souspirs tresardans, Mais il trouva une froideur dedans, 1 Isabelle de Navarre épousa, en 1535, René, premier du nom, vicomte de Rohan. Elle était fille de Jean d'Albret, roi de Navarre, et sœur de Henri d'Albret, roi de Navarre, époux de Marguerite, sœur de François Ier. Mais il me semble (ou je suis bien trompé) Qu'elle seroit plus belle toute nue. ' XVIII. A JANE. 2 VOSTRE bouche, petite et belle, Puis un peu son maistre m'appelle, Et l'alliance je retien. Car ce m'est honneur et grand bien : Mais quand vous me prinstes pour maistre, XIX. DEDANS le eloz d'un jardin fleurissant « C'est encore ce tour de finesse et de naïveté qui aiguise en » épigramme un madrigal qui, sans cela, ne serait que galant. MARMONTEL. 2 Jeanne d'Albret, princesse de Navarre. Elle appelait sans doute Marot son maistre, parce qu'il lui avait donné des conseils lorsqu'elle s'occupait de poésie; il lui avait même prêté quelquefois sa plume. Voyez l'Épitre pour la petite princesse de Navarre, à madame Marguerite. 3 Blanche de Tournon fut mariée à Jacques de Coligny, oncle de l'amiral, et en secondes noces, à Jean Dubellay, cardinal et évêque de Paris. Brantôme, dans ses Femmes galantes, n'oublie Que je serois sur toutes choisissant, Si de choisir j'avois liberté franche : Dieu gard sans fin le rosier et la branche, Dieu gard la main qui pour croistre l'arrose: XX. DE HELEINE DE TOURNON. Αυ moys de may que l'on saignoit la belle, Je vins ainsi son medecin reprendre : Luy tires tu sa chaleur naturelle ? Trop froide elle est, bien me l'a faict apprendre : Tais toy, dist il, content je te voys rendre : pas de raconter cette scandaleuse histoire. « En vérité, dit à ce » sujet le cynique L. Dufresnoy, cela étoit plus édifiant que ce » qui s'est passé quelquefois depuis. Au moins les évêques d'alors >> se couvroient-ils du voile du sacrement. Oh! que ce seroit une » belle partie de l'histoire ecclésiastique, et un recueil aussi ins» tructif que curieux, que celui qu'on feroit des officiaux, grands» vicaires, archevêques, évêques, cardinaux qui se sont mariés, >> sans abandonner néanmoins ni la religion, ni leurs béné>>fices!» Ce qui fut faict, et devint amoureuse, Mais le pis est que ce n'est pas XXI. de moy. EPIGRAMME QU'IL PERDIT CONTRE HELEINE DE TOURNON. POUR un UR un dizain que gaignastes mardy, I Boileau n'a pas dédaigné de remanier la pensée de cette épigramme: 2 Tout me fait peine, Et depuis un jour Je crois, Climène, Cette nouvelle Vons met en courroux ; Tout beau, cruelle, Ce n'est pas pour vous. Marguerite se chargea de répondre pour Hélène de Tournon à cette spirituelle épigramme : Si ceulx à qui debver, comme vous dictes, En leur payant un dizain toutesfoys Tel que le vostre, * qui vault mieulx mille foys * Cette faute de versification se reproduit souvent dans les poésies de Marguerite. |