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ÉPIGRAMMES.

I.

1521.

A UNE DAME TOUCHANT UN FAULX RAPPORTEUR.

QUI peche plus luy qui est esventeur
Que j'ay de toy le bien tant souhaitable,
Ou toy qui fais, qu'il est tousjours menteur,
Et si le peulx faire homme veritable?
Voyre, qui peulx d'une œuvre charitable
En guerir trois y mettant ton estude:
Luy de mensonge inique et detestable,
Moy de langueur, et toy d'ingratitude.

II.

1535.

DE MADAMOYSELLE DE LA FONTAINE.

EN
N grand travail plein d'amour j'ay passé
Les montz tresfroidz au partir d'Aquitaine
Mais leur froideur n'a de mon cueur chassé

I

I Marot sortit des états du roi de Navarre où il s'était d'abord retiré, et passa précipitamment les Alpes, pour chercher un asile à la cour du duc de Ferrare.

La grande ardeur de mon amour certaine :
Quant au travail, bien je vous acertaine,
Qu'incessamment y seray exposé,
Jusques à tant qu'aupres de La Fontaine
A mon desir je me sois reposé.

III.

1535.

I

A MADAME DE PONS.

I

Vous avez droict de dire sur mon ame,

2

Que le bosquet ne vous pleust onc si fort :
Car des qu'il a senty venir sa dame

Pour prendre en luy sejour, et reconfort,
D'estre agreable a mis tout son effort,
Et a vestu sa verte robbe neufve:

De ce sejour le Pau tout fier se treuve,
Les rossignolz s'en tiennent angeliques :
Et trouverez pour en faire la

preuve,

Qu'au departir seront melancoliques.

1 Voyez, dans le premier volume, l'Épitre perdue au jeu contre

madame de Pons.

2 Le duc de Ferrare avait, à peu de distance de sa capitale, une maison de plaisance dont les jardins s'étendaient le long des rives délicieuses du Pô.

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QUAND vous oyez que ma muse resonne
En ce bosquet, qu'oyseaulx font resonner,
Vous vous plaignez, que rien je ne vous donne:
Et je me plains que je n'ay que donner,

Sinon un cueur, tout prest à s'adonner

A voz plaisirs je vous en fais donc offre :

:

C'est le tresor le meilleur de mon coffre :
Servez vous en si desir en avez.

Mais quel besoing est il, que je vous offre
Ce que gaigner d'un chascun vous sçavez?

V.

1536.

A. M. L. D. D. F.2 LUY ESTANT EN ITALIE.

SONNET.

ME souvenant de tes graces divines
Suis en douleur, princesse, en ton absence:

1 Renée de Partenai, de la maison de Soubise, sœur de Mme de Pons, avait suivi la duchesse de Ferrare en Italie. Marot, pendant son séjour à Ferrare, s'avisa de devenir amoureux de cette dame qui l'estimait à cause de son esprit. Mais cet amour finit avec son

2 Ces six lettres signifient A Madame La Duchesse De Ferrare.

Et si languis quand suis en ta presence,
Voyant ce lys au milieu des espines.

I

O la doulceur des doulceurs femenines,
O cueur sans fiel, O race d'excellence,
O dur mary remply de violence,
Qui s'endurcit par les choses benignes.

Si seras tu de la main soustenue
De l'Eternel, comme chere tenue,
Et les nuysans auront honte et reproche.

Courage donc, en l'air je voy la nue,
Qui çà et là s'escarte et diminue,
Pour faire place au beau temps qui approche.

VI..

1536.

A RENEE.

AMOUR

MOUR vous a (des le jour que fuz né)

De mon service ordinaire estrenee,

Et si ne fuz de vous onc estrené

Que de rigueur soubz parolle obstinee:
Si vous supply, noble nymphe Renee,
Ce nouvel an parler nouvel langage,

1 Nous avons déjà parlé ailleurs des chagrins que la duchesse de Ferrare éprouvait dans son ménage.

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