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L.

DE VISCONTIN, ET DE LA CALANDRE DU ROY.

que

INCONTINENT Viscontin mourut,
Son ame entra au corps d'une calandre:
Puis de plein vol vers le roy s'encourut:
Encor un coup son service reprendre :
Et pour mieulx faire à son maistre comprendre,
Que c'est luy mesme, et qu'il est revenu,
Comme on l'ouyt parler gros, et menu,
Contrefaisant d'hommes geste et faconde,
Ores qu'il est calandre devenu,

Il contrefaict tous les oyseaulx du monde.

LI.

A CRAVAN, SIEN AMY MALADE.

AMY
MY Cravan, on t'a faict le rapport

Depuis un peu que j'estois trespassé :

I

'C'est sans doute pendant la maladie qui, en 1531, mit les jours de Marot en danger, que ses ennemis firent courir le bruit de sa mort. Cette nouvelle ne fut pas démentie à l'instant, comme le prouvent ces vers, que Scévole de Sainte-Marthe adressa au poète ressuscité :

EPIGRAMME DE SAINCTE MARTHE A CLEMENT MAROT SUR LE BRUICT DE SA MORT.

Il fut un bruict, o Marot, qu'estois mort,

Et ce faulx bruict un menteur assura:
L'un d'un costé se plaignoit de la mort,
Faisant regret qui longuement dura :
L'autre par vers piteux la deplora,

Je prie à Dieu que le diable m'emport
S'il en est rien, ne si j'y ay pensé.
Quelque ennemy à ce bruict avancé,

Et quelque amy m'a dict que mal te portes:

Ce sont deux bruictz de differentes sortes.
Las, l'un dit vray, c'est un bruict bien maussade.
Quant à celluy qui a faict l'ambassade

De mon trespas, croy moy qu'il ment, et mord:
Que pleust à Dieu que tu fusses malade,
Ne plus ne moins qu'à present je suis mort.

LII.

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A UN JEUNE ESCOLIER DOCTE, GRIEFVEMENT MALADE.

CHARLES, mon filz, prenez courage,
Le beau temps vient apres l'orage,
Apres maladie santé :

Dieu a trop bien en vous planté,

Pour perdre ainsi son labourage.

Jectant souspirs de dur gemissement:

Moy de grand dueil plorant amerement,
Duquel estoit ma triste ame saisie:

Las! dy je, mort est nostre amy Clement,
Morte donc est françoyse poesie.

1 C'est Charles Fontaine, disciple chéri de Marot. Ce jeune poète, formé par les conseils, et plus par l'exemple de son habile maître, acquit, sous le règne de Henri II, une réputation qui pourtant n'a pas été au-delà de son siècle. Il n'est plus connu aujourd'hui que par sa belle épître contre Sagon et La Hueterie, pièce digne de Marot, à qui elle fut long-temps attribuée. On a oublié jusqu'au nom de ses autres ouvrages en prose et en vers, les Ruisseaux de la fontaine, le Promptuaire des medailles, le Quintil Horacien, etc.

LIII.

RESPONSE AUX VERS D'ABEL. '

POETISER
ETISER trop mieulx que moy sçavez,
Et pour certain, meilleure grace avez

A ce que voy, que n'ont plusieurs et maintz,
Qui pour cest art mettent la plume es mains.

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DEMANDEZ vous qui me faict glorieux?
Heleine a dict, et j'en ay bien memoire,
Que de nous trois elle m'aymoit le mieulx :
Voyla pourquoy j'ay tant d'aise et de gloire.
Vous me direz qu'il est assez notoire,
Qu'elle se mocque, et que je suis deceu :

1 Voici ces vers:

ABEL A MAROT.

Poetiser contre vous je ne veulx,

Mais comme l'un des enfans ou nepveux

De poesie, ayant desir d'entendre,

Vers vous je veulx mon entendement tendre.

2 Nous doutons que ce soit Georges de Selve, évêque de la Vaur, ambassadeur de François Ier auprès de Charles-Quint.

3 Héroet (Antoine), dit de la Maison Neuve, né à Paris, évêque de Digne, publia dans sa jeunesse plusieurs ouvrages qui lui méritèrent le nom de poète philosophique. Il mourut en 1568.

* L. Dufresnoy croit que c'est Hélène de Tournon.

Je le sçay bien, mais point ne le veulx croire,
Car je perdrois l'aise que j'ay receu.

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EN m'oyant chanter quelques foys
Tu te plains qu'estre je ne daigne
Musicien, et que ma voix
Merite bien que l'on m'enseigne,
Voyre, que la peine je preigne

:

D'apprendre ut, re, my, fa, sol, la.
Que diable veulx tu que j'appreigne,
Je ne boy que trop sans cela.

LVI.

AU POETE BORBONIUS.

L'ENFANT Amour n'est pas si petit Dieu,
Qu'un paradis il n'ait soubz sa puissance,

1 Sceve (Maurice), de l'ancienne famille des Sceves, de Lyon, réunit le nom de savant à celui de poète. Dans un âge avancé, à l'exemple de Pétrarque, il se fit une maîtresse, et renferma tout son amour dans quatre cent quarante-neuf dizains (son livre est intitulé, Delie); « mais avecques un sens si obscur, remarque Pas» quier, que le lisant, je disais estre trescontent de ne l'entendre » pas, puisqu'il ne vouloit pas estre entendu. » Selon Lacroix du Maine, Maurice Sceve vivait encore en 1559, à Lyon; dont il

était échevin.

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Un purgatoire aussi pour son milieu,
Et un enfer plein d'horrible nuysance :
Son paradis c'est quand la jouyssance
Aux poursuyvans par grace il abandonne:
Son purgatoire, est alors qu'il ordonne
Paistre nos cueurs d'un espoir incertain :
Et son enfer, c'est à l'heure qu'il donne
Le voler bas, et le vouloir haultain.

LVII.

IL CONVIE TROIS POETES A DISNER.

DEMAIN que Sol veult le jour dominer,
Viens Boysonné, Villas, et la Perriere, *
Je vous convie avec moy à disner,
Ne rejectez ma semonce en arriere :
Car en disnant, Phebus par la verriere
Sans la briser viendra veoir ses suppostz
Et donnera faveur à noz propos,

2

En les faisans dedans noz bouches naistre.
Fy du repas, qui en paix, et repos
Ne sçait l'esprit avec le corps repaistre.

1 Les anciens appelaient le dimanche le jour du soleil.

2 Guillaume de la Perrière, né à Toulouse, en 1501. Nous avons de lui le Théâtre des bons Engins, les Annales de Foix et des poésies morales.

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