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A seureté service je vous face:

Puny assez je seray en soucy,

De plus ne veoir vostre royalle face.

XXXIV.

1544.

SALUTATION DU CAMP DE MONSIEUR D'ANGHIEN, A CERISOLES.

1

SOIT
en ce camp paix pour mieulx faire guerre,
Dieu doint au chef suitte de son bon heur
Aux chevalliers desir de los acquerre,

Aux pietons prouffict joinct à l'honneur.
Tout aux despens, et au grand deshonneur
De l'ennemy. S'il se jecte en la plaine,
Soit son cueur bas, son entreprinse vaine:
Pouvoir en vous de le vaincre et tuer,
Et à Marot occasion et veine,
De par escript vos noms perpetuer.

XXXV.

DU ROY ET DE SES PERFECTIONS.

CELLUY qui dit ta grace, eloquence, et sçavoir

N'estre plus grans qu'humains, de pres
Et à qui ton parler ne sent divinité,
De termes et propos n'entend la gravité,

* Voyez l'Opuscule vii.

ne t'a

peu

veoir.

De l'empire du monde est ta presence digne,
Et ta voix ne dit chose humaine, mais divine.
Combien doncques diray l'ame pleine de grace,
Si oultre les mortelz tu as parolle, et face.

XXXVI.

AU ROY.

I

PLAISE au roy congé me donner
D'aller faire le tiers d'Ovide, 1
Et quelques deniers ordonner
Pour l'escrire, couvrir, orner,
Apres que l'auray mis au vuide.
Ilz serviront aussi de guide
Pour me mener là ou je veulx:
Mais au retour, comme je cuyde,
Je m'en reviendray bien sans eulx.

XXXVII.

AU ROY.

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mon seigneur, mon prince, et plus que pere, Qui des Françoys, Françoys premier se nomme, N'estoit point roy de sa France prospere, Ne prince avec, mais simple gentilhomme,

1 Marot n'a rien traduit du troisième livre des Métamorphoses d'Ovide. Ce dessein, qu'il ne réalisa jamais, n'était peut-être qu'un prétexte pour tirer de l'argent du roi, à titre d'encouragement.

J'irois autant dix foys par delà Romme,
Que j'en suis loing, chercher son accointance,
Pour sa vertu qui plus fort le couronne
Que sa fortune et royalle prestance.
Mais souhaitter cas de telle importance,
Seroit vouloir mon bien particulier,
A luy dommage, et tort faict à la France,
Qui a besoing d'un roy tant singulier.

XXX VIII.

I

POUR MADAMOYSELLE DE TALARD AU ROY.

D'AMOUR entiere, et tout à bonne fin,
Sire, il te plaist trois poissons bien aymer

1 Louise de Clermont, de l'illustre maison de Clermont-Tallard, fut mariée à François Dubellay, comte de Tonnerre; elle épousa en secondes noces Antoine de Crussol, duc d'Usez. Elle mourut en 1596. Brantôme, dans ses Dames galantes, nous la fait connaître par des saillies que L. Dufresnoy appelle fort rejouissantes. « Madame d'Usez feit bien mieulx, du temps que le pape » Paul III vint à Nices veoir le roy Françoys [er (en 1538), elle, >> estant madame Dubellay, et qui, de sa jeunesse, a faict tousjours » de plaisans traits, et dit de bons motz. Un jour se prosternant » devant Sa Sainteté, la supplia de trois choses. La premiere, » qu'il lui donnast l'absolution, d'autant que petite fille à madame » la regente, et qu'on la nommoit Tallard, elle perdit ses ciseaux » en faisant son ouvrage : elle feit vœu à saint Alivergeot de lui ac» complir, si elle les trouvoit, ce qu'elle feit, mais elle ne l'accom>plit, ne sachant ou gisoit son corps sainct. La deuxiesme, fut qu'il >> lui donnast pardon, de quoy, quand le pape Clement (VII) vint » à Marseille (en 1533), elle, estant fille Tallard encore, elle prit » un de ses oreillers en sa ruelle de lict, et s'en torcha le devant

Premierement, le bien heureux Daulphin

2

I

3

Et le Chabot qui noue en ta grand'mer:
Puis ta grenoille: ainsi t'a pleu nommer
L'humble Talard, dont envie en gasouille,
Disant que c'est un poisson qui l'eau souille,
Et qui chantant a la voix mal seraine :
Mais j'ayme mieulx du roy estre grenoille
Qu'estre (en effect) d'un autre la Seraine.

>> et le derriere, dont apres Sa Sainteté reposa dessus son digne >> chef, et visage et bouche qui le baisa. La troisiesme, qu'il ex>> communiast le sieur de Tayefars, parce qu'elle l'aymoit et lui ne >> l'aymoit point: et qu'il est mauldict et excommunié celluy qui » est aymé et n'ayme point. Le pape, estonné de ses demandes, et >> s'estant enquis au roy qui elle estoit, il sceut ses causeries, et en >> rit son saoul avec le roy. »

Tout cela est-il assaisonné d'un sel bien fin? nous n'y voyons qu'une extrême licence, que ne rachète pas même un peu d'esprit. 1 François, dauphin de France, mort en 1536.

2 Chabot (Philippe) s'attacha dans sa jeunesse au comte d'Angoulême, qui, devenu François Ier, lui conserva sa bienveillance. Il fut pris avec son maître à la bataille de Pavie, et à son retour d'Espagne, en 1526, il fut élevé à la dignité d'amiral de France. Il acheva habilement plusieurs négociations difficiles, et montra tour à tour son courage et ses talens politiques. Cependant, en 1542, le roi le fit tout à coup arrêter et mettre en jugement. Son innocence triompha des perfides manoeuvres de la calomnie. On dit que François Ier lui rendit sa confiance; mais ce serviteur fidèle ne put oublier cette subite disgrace, et il mourut de chagrin, l'année suivante.

3 Marot joue ici sur le nom de l'amiral Chabot, et fait allusion à ses armes qui étaient trois chabots, espèce de poisson,

XXXIX.

DE LA VENUS DE MARBRE PRESENTEE AU ROY.

CESTE deesse avec sa ronde pomme,
Prince royal des autres le plus digne,
N'est point Venus, et Venus ne se nomme,
Ja n'en desplaise à la langue latine :
C'est du hault ciel quelque Vertu divine,
Qui de sa main t'offre la

pomme

ronde,

Te promettant tout l'empire du monde,
Ains que mourir. O quel marbre taillé,
Bien peu s'en fault, qu'il ne die, et responde,
Que mieulx encor te doibt estre baillé.

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MON second roy, j'ay une haquenee
D'assez bon poil, mais vieille comme moy
A tout le moins long temps a qu'elle est nee:
Dont elle est foible, et son maistre en esmoy:

1 Henri d'Albret, second du nom, né en 1503. Il hérita, encore enfant, des débris du royaume de Navarre. Ce prince courageux reconquit les provinces que Ferdinand, roi d'Aragon, avait enlevées à son père, mais il les perdit peu de tems après. Il épousa, en 1527, Marguerite, sœur de François Ier, et veuve du duc d'Alençon. Ce mariage, comme nous l'avons déjà dit, ne fut pas heureux. Jeanne d'Albret, mère de Henri IV, en fut le seul fruit. Henri d'Albret mourut en 1555.

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