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Il est escript aux cieux,

Et de nuict se peult lire. '

Cest endroict de forest
Nul chevalier ne passe,
Sans confesser qu'elle est
Des dames l'oultrepasse.

S'il en doubte, ou debat,
Point ne fault qu'il presume
S'en aller sans combat:
C'est au lieu la coustume.

XXVII.

1541.

POUR LE PERRON DE MONSEIGNEUR D'ORLEANS. 2

VOYCY le val des constans amoureux,
Ou tient le parc l'amant chevaleureux,

Il devait coûter à Marot d'applaudir, en quelque sorte, à l'infidélité qui avait fait passer l'ambitieuse Diane dans les bras d'un rival. Mais ce rival était le dauphin; mais les années emportent le souvenir d'un amour malheureux, et d'ailleurs les poètes courtisans sont habitués à mentir à leur conscience.

2 Charles, duc d'Orléans, troisième fils de François Ier, était celui que ce monarque chérissait le plus tendrement. Une figure charmante, quelques qualités aimables, favorisaient cette prédi· lection; mais la nation voyait avec inquitétude son ambition démesurée, sa témérité, et surtout l'antipathie qui éloignait les deux frères. Ce jeune prince, atteint d'une maladie contagieuse qu'il avait imprudemment bravée, expira, entre les bras de son père désolé, le 8 septembre 1545.

Qui n'ayma onc, n'ayme, et n'aymera qu'une.
D'icy passer n'aura licence aucune

Nul chevalier, tant soit preux et vaillant,
Si ferme amour est en lui defaillant.
S'il est loyal, et veult que tel se treuve,
Il luy convient lever pour son espreuve
Ce marbre noir : et si pour luy trop poise,
Chercher ailleurs son adventure voyse.

XXVIII.

1541.

POUR LE PERRON DE MONSIEUR DE VENDOSME.

B

1

Vous chevaliers de queste advantureuse,
Qui de venir au sejour vous hastez,
Ou loyauté tient sa cour plantureuse,
Et y despart ses guerdons souhaitez, C
Ne passez oultre, et si vous arrestez, B
Jouster vous fault, et monstrer la vaillance e
Qui est en vous et d'espee et de lance,
Ou franchement que vous me consentez,
Que celle à qui j'ay voué mon service
Non seulement n'a macule ne vice,

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B

I Antoine de Bourbon, duc de Vendôme, né en 1518, épousa Jeanne d'Albret, dont on célébrait les fiançailles dans ce tournoi, et devint par ce mariage roi de Navarre. Ce prince, d'un caractère faible, eut beaucoup de part à tous les événemens qui désolèrent les règnes de François II et de Charles IX. Il mourut d'une blessure qu'il reçut devant Rouen, en 1562.

Ne rien en elle, ou tout honneur n'abonde,
Mais est la plus parfaicte de ce monde.

XXIX.

1541.

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E

POUR LE PERRON DE MONSIEUR D'ANGHIEN, DONT LA SUPERSCRIPTION ESTOIT TELLE:

Pour le perron d'un chevalier qui ne se nomme point.

LE chevalier sans paour et sans reproche
Se tient icy, qu'aucun ne s'en approche,
S'il n'est en poinct de jouster à oultrance
Pour soustenir la plus belle de France,
Qui de

passer aura cueur ou envie,

Conte de mort peu face et moins de vie.

XXX.

1541.

POUR LE PERRON DE MONSIEUR DE NEVERS.

Vous chevaliers errans qui desirez honneur,
Voyez le mien perron ou maintiens loyauté
De tous parfaictz amans, et soustiens le bonheur

1 Jean de Bourbon, duc d'Enghien, frère d'Antoine de Bourbon, né en 1528. Il épousa Marie de Bourbon, duchesse d'Estouteville, dont il n'eut point d'enfans. Sa mort arriva au siége de Saint-Quentin, le 10 août 1557.

De celle qui conserve en vertu sa beauté:
Par quoy je veulx blasmer de grand'desloyauté
Celluy qui ne vouldra donner ceste asseurance
Qu'au demourant du monde on peult trouver bonté
Qu'on deust autant priser que sa moindre science.

XXXI.

1541.

1

POUR LE PERRON DE MONSIEUR D'AUMALE, QUI ESTOIT SEMÉ

DES LETTRES L. ET F.

C'EST pour la souvenance d'une

Que je porte ceste devise,

Disant que nulle est soubz la lune
Ou tant de valeur soit comprise :
A bon droict telle je la prise,
Et de tous doibt estre estimee,
Qu'il n'en est point, tant soit exquise
Qui soit si digne d'estre aymee.

Si quelqu'un d'audace importune
Le contraire me veult debatre,
Fault qu'il essaye la fortune
Avecques moy de se combatre.

I Claude de Lorraine, duc d'Aumale, né en 1526, passa sa vie entière aux milieu des camps, et signala souvent sa valeur. Ce brave capitaine fut emporté par un boulet de canon au siége de la Rochelle, en 1573. Il laissa plusieurs enfans de son mariage avec Louise de Brézé, fille de Diane de Poitiers.

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PUIS que voulez que je poursuyve, o Sire,
L'œuvre royal du Pseaultier commencé :
Et que tout cueur aymant Dieu le desire,
D'y besongner me tiens pour dispensé.

S'en sente donc qui vouldra offensé :
Car ceulx à qui un tel bien ne peult plaire
Doibvent penser, si ja ne l'ont pensé,
Qu'en vous plaisant me plaist de leur desplaire.

XXXIII.

1543.

DIZAIN AU ROY ENVOYÉ DE SAVOYE.

LORS que la paour aux talons met des aesles.
L'homme ne sçait ou s'enfuyr, ne courre,
Si en enfer il sçait quelques nouvelles
De sa seurté, au fin fons il se fourre:
Puis peu à peu sa paour vient à escourre,
Ailleurs s'en va Sire, j'ay faict ainsi :
Et vous requiers de permettre qu'icy

I Voyez l'Essai historique.

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