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De divers jeux. Est il temps qu'on se taise?
De voz jardins arrachez le soucy,
Et qu'il n'y ayt gros canon racourcy
Qui ceste nuict ne bruye par oultrance,
Signifiant, que guerre avec souffrance
Part, et s'en va aux enfers inhumains:
Et puis chantez en commune accordance,
Gloire à Dieu seul, paix en terre aux humains.
Sotz devineurs, voz livres retirez :
Tousjours faisiez la nouvelle mauvaise :
Mais Dieu a bien voz propos revirez,
Tant que menty avez, ne vous desplaise.
Heureux baron, noble Montmorency, '
Ce qu'en as faict (il le fault croire ainsi)
Est du Grand Maistre ouvrage sans doubtance.
Conseil françoys, quoy qu'en ceste alliance
N'eussent mieulx faict les tressages Rommains,
Ne dictes pas, que c'est vostre puissance :
Gloire à Dieu seul, paix en terre aux humains.

ENVOY.

Prince royal, ma terrestre esperance,

Si le plaisir de ceste delivrance

Voulez peser contre les travaulx maintz,

Droicte sera (ce croy je) la balance,

Gloire à Dieu seul, paix en terre aux humains.

1 Anne de Montmorency avait été chargé de négocier cette déli

vrance.

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XIV.

CRY DU JEU DE L'EMPIRE D'ORLÉANS. I

LAISSEZ à part voz vineuses tavernes,
Museaulx ardans, de rouge enluminez :
Renjeunissez, saillez de voz cavernes,
Vieux accroupiz, par aage examinez:
Voicy les jours qui sont determinez
A blasonner, à desgorger, et dire :
Voicy le temps, que suppostz de l'Empire
Doivent par droict leurs coustumes tenir :
Si voulez donc passer le temps, et rire,
N'y envoyez, mais pensez de venir.

On ne possède aucune notion certaine sur le jeu de l'Empire d'Orléans. L. Dufresnoy, dans ses immenses recherches, n'a rien pu découvrir. Nous n'avons pas été plus heureux, et nous sommes obligés d'avoir recours à des conjectures qui peut-être ne sont pas sans fondement. Nous croyons que l'Empire d'Orléans était une compagnie établie à l'exemple des Enfants sans Soucy et de la Bazoche, qu'elle espérait faire oublier;

...... Le tems et le terme s'approche
Qu'Empiriens, par-dessus la Bazoche,
Triumpheront.....

Cette ballade annonçait probablement une nouvelle parade que les Empiriens devaient représenter.

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On lit dans l'excellente Histoire de Paris, par M. Dulaure: Philippe-le-Bel accorda aux clercs de la Bazoche, la faculté d'établir des juridictions basochiales inférieures dans diverses villes du ressort du parlement de Paris, à condition que les prévots de ces juridictions rendraient foi et hommage au roi de la Bazoche.... Le chef des clercs du présidial d'Orléans, prenait le titre d'Empereur. »

Harnoys, chevaulx, fiffres, tabours, et trompes,
Riches habitz, et grans bragues avoir,
Ce ne sont pas de l'Empire les pompes,

Leurs motz, leur jeu, c'est cela qu'il fault veoir :
Qui vouldra donc des nouvelles sçavoir,
Qui ne sçaura des follies cent mille,
Qui ne scaura mainte abusion vile

Sans trop picquer, l'en ferons souvenir :
Pourtant, seigneurs de ceste noble ville,
N'y envoyez, mais pensez de venir.

N'ayez pas peur, dames gentes, mignonnes,
Qu'en noz papiers on vous vueille coucher,
Chascun sçait bien, qu'estes belles, et bonnes,
On ne sçauroit à voz honneurs toucher :
Qui est morveux si se voyse moucher :
Venez, venez, sotz, sages, folz, et folles.
Vous musequins qui tenez les escolles,
De caqueter, faire, et entretenir,

Pour bien juger, que c'est de noz parolles,
mais pensez de venir.

N'y envoyez,

ENVOY.

Prince, le temps et le terme s'approche,
Qu'Empiriens par dessus la Bazoche
Triumpheront, pour honneur maintenir :
Toutes, et tous, si trop fort on ne cloche,
N'y envoyez, mais pensez de venir.

XV.

DE FRERE LUBIN. 1

POUR courir en poste à la ville

Vingt foys, cent foys, ne sçay combien ;
Pour faire quelque chose vile,

Frere Lubin le fera bien :

Mais d'avoir honneste entretien,
Ou mener vie salutaire,

C'est à faire à un bon chrestien,

Frere Lubin ne le peult faire.

2

Pour mettre (comme un homme habile)
Le bien d'autruy avec le sien,

Et vous laisser sans croix ne pile,
Frere Lubin le fera bien :

On a beau dire je le tien,

Et le presser de satisfaire,
Jamais ne vous en rendra rien,
Frere Lubin ne le peult faire.

Pour desbaucher par un doulx style
Quelque fille de bon maintien,

Point ne fault de vieille subtile,

Frere Lubin le fera bien.

I Les réformés donnaient ce nom aux moines mendians; frère Lubin représente ici toute la moinerie.

2 Cette ballade diffère des autres, en ce qu'elle a un double re

Il presche en theologien,

Mais pour boire de belle eau claire,
Faictes la boire à votre chien,

Frere Lubin ne le peult faire.

ENVOY.

Pour faire plus tost mal que bien,
Frere Lubin le fera bien;

Et si c'est quelque bon à faire,
Frere Lubin ne le peult faire. '

I

XVI.

2

CHANT PASTORAL,
A MONSEIGNEUR LE CARDINAL DE LORRAINE,
QUI NE POUVOIT OUYR Nouvelles de MICHEL HUET, SON JOUEUR
DE FLUSTES.

N'Y

'y pense plus, prince, n'y pense mye,

Si de Michel n'es ores visité,

1 Les accusations dont Marot chargeait les moines n'étaient malheureusement que trop vraies. Le poète essayait d'arracher le bandeau d'erreur qui couvrait les yeux de la raison; il osait frapper du fouet du ridicule l'insolence triomphante..... Qu'on juge des dangers auxquels ils s'exposait; sans la protection de François Ier il aurait marché au supplice. Que coûtait alors un bûcher de plus? et ceux qui plus tard inventèrent la Saint-Barthélemy, savaient si bien pardonner!

2 Jean de Lorraine, fils de Réné II, duc de Lorraine, né en 1498, parvint, par sa naissance et son mérite, aux plus hautes dignités de l'église. Il fut tour à tour abbé de Cluny et évêque de Metz et de Verdun, archevêque de Lyon et de Narbonne ; enfin le pape Léon X lui envoya le chapeau de cardinal en 1518. Ce prélat généreux se montra toujours le protecteur du mérite et de la vertu. Il mourut en 1550.

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