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Fascheuse Mort par son cruel oultrage,
N'a pas voulu qu'elle y fut davantage :
Mais comme ayant sur la bonté envie,
Luy annonça le depart de sa vie,
L'an de son aage, à peine huict et vingt.
Lors sans viser au lieu dont elle vint,
Et desprisant la gloire que l'on a
En ce bas monde, icelle Anne ordonna,
Que son corps fust entre les povres mis
En ceste fosse. Or prions, chers amys,
Que l'ame soit entre les povres mise
Qui bienheureux sont chantez en l'église. '

XXVIII.

DE FLORIMOND DE CHAMPEVERNE.

LE roy, la Mort aymerent Florimond
De Champeverne, en son florissant aage :
Le roy par temps le poussa vers le mont
D'honneur et biens en suffisant estage:.
Mais Mort voulant le traicter davantage :
En un moment le poulsa jusqu'aux cieulx,
Et feit tresbien: car des bons l'heritage
N'est point assis en ce val vicieux.

Allusion à ces paroles de l'Evangile, que nous ne nous charge

rons pas d'expliquer :

Beati pauperes spiritu quoniam ipsorum est regnum cœlorum.

ST. MATHIEU. Chap. V. Vers. 3.

XXIX.

DE JEHAN DE MONTDOUCET.

APRES avoir servy autour de la personne
Du roy Loys douze, avant que sa couronne
Ornast son noble chef, et apres l'avoir prise,
Je Jehan de Montdoucet esprouvay la surprise
De l'incertaine mort: car un esclat de lance,
En un plaisant tournoy dedans mon cœur se lance,
Si vigoureusement, et par fortune telle,

Qu'au milieu de plaisir senty douleur mortelle,
Qui au lict me jecta saisy de fiebvre grosse,
De mon lict au cercueil, du cercueil en la fosse :
Non
pas sans grand regret du maistre et des amys.
Les amys m'ont pleuré : et le bon maistre a mis
Mes enfans aux estatz de moy lors retenuz,
Entre autres que j'avois de sa grace obtenuz,
Et donna pension à la mienne
la mienne espousee,

C'est Jane Cotereau qui est icy posee.

Si tant d'honneur et bien me vint de mon merite, Il vint d'amour de roy envers moy non petite. Mais la source du tout fut la bonté de Dieu.

Priez pour moy, passans, priez qu'en cestuy lieu Je puisse en Jesuchrist tellement sommeiller, Qu'avec les siens me face au grand jour resveiller.

XXX.

DE GUILLAUME CHANTEREAU, HOMME DE GUERRE.

Cy gist Guillaume, en terre,

Chantereau surnommé,

Entre les gens de guerre

Jadis tresrenommé.

Bien vivant estimé,

Sans noise, sans offense:

S'on l'avoit animé,

Rude estoit en deffense.

A plaisir et oultrance

Si adextre on le veit,
Que le daulphin de France.
Finablement servit.

Mais la mort le ravit
En sa jeunesse meure:
A maint homme qui vit,
Grand regret en demeure.

Puis qu'il fault que tout meure,
S'en fault il estonner?

Eternelle demeure

Dieu luy vueille donner.

XXXI.

D'UN

DE TROIS ENFANS FRERES.

UN mesme dard, soubz une mesme annee, Et en trois jours de mesme destinee

Mal pestilent soubz ceste dure pierre

Meit Jehan de Bray, Bonadventure, et Pierre,
Freres tous trois : dont le plus vieil dix ans
A peine avoit. Qu'en dictes vous, Lisans?
Cruelle mort, mort plus froide que marbre,
N'a elle tort de faire cheoir de l'arbre
Un fruict tant jeune, un fruict sans meureté,
Dont la verdeur donnoit grand'seureté
De bien futur? qu'a elle encore faict:

coup

deffaict

Elle a pour vray, du mesme
De
pere, et mere esperance et liesse,
Qui s'attendoit resjouyr leur vieillesse
Avec leurs filz: desquelz la mort soudaine
Nous est tesmoing, que la vie mondaine,
Autant enfans, que vieillards, abandonne,
Il nous doibt plaire, et puisque Dieu l'ordonne.

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NE sçay ou gist Helaine, en qui beauté gisoit,

1 Hélène de Boisy était fille d'Artus Gouffier. Elle fut mariée à Louis Vendôme, vidame de Chartres, et en secondes noces, à François de Clermont, sieur de Trèves.

Mais icy gist Heleine ou bonté reluysoit,
Et qui la grand'beauté de l'autre eust bien ternie
Par les graces et dons dont elle estoit garnie.
Doncques (o toy passant) qui cest escript liras,
Va, et dy hardiment en tous lieux ou iras:
Helaine Grecque a faict que Troye est deploree:
Heleine de Boisy la France a decoree.

XXXIII.

DE MONSIEUR DUTOUR, MAISTRE ROBERT GEDOYN.

Sçais tu, passant, de qui est ce tumbeau ?
D'un qui jadis, en cheminant tout beau,

Monta plus hault, que tous ceulx qui se hastent.
C'est le tumbeau, là ou les vers s'appastent
Du bon vieillard agreable et heureux,
Dont tu as veu tout le monde amoureux.
Cy gist, helas, plus je ne le puis taire,
Robert Gedoyn excellent secretaire,
Qui quatre roys servit sans desarroy.
Maintenant est avecques le grand Roy,
Où il repose apres travail et peine.

Or a vescu personne d'aage pleine,
Pleine de biens et vertu honnorable :
Puis a laissé ce monde miserable,
Sans le regret qui l'homme souvent mord.
O vie heureuse, o bien heureuse mort.

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