LE Pris du latin: Magnus Erasmus in hoc tumulo est, etc. E grand Erasme icy repose, Cy gist Françoys daulphin de grand renom, 1 Erasme (Didier), né à Rotterdam, en 1467, s'acquit une immense réputation par sa science et ses ouvrages. Tous les princes cherchèrent à se l'attacher par des bienfaits; les savans les plus distingués, et les prélats les plus illustres, s'estimaient honorés de son amitié. Il mourut à Bade, en 1536. Tous les poètes du tems lui firent des épitaphes; Marot ne perdit pas l'occasion de célébrer Erasme, dont il avait toujours été zélé admirateur. 2 François, dauphin, naquit en 1517. Il annonçait de belles qualités, et son père retrouvait avec joie dans l'héritier de la couronne, son courage et son amour pour la gloire. En 1536, ce prince, de si haute espérance, allant rejoindre, à Valence, François Ier, occupé à défendre son royaume contre l'invasion de l'emfut attaqué, à Lyon, d'une maladie subite et aiguë à la pereur, Cy gist Françoys qui la lice en campaigne, Formé de corps, ce qu'est possible d'estre, Ce daulphin dy, qui par terre et par mer, ᏚᎥ eust peu sa dure destinee: ' rompre eust 1 quelle il succomba. Il est empoisonné! tel fut le cri qui s'éleva de toute la France. On accusa tour à tour Catherine de Médicis, l'empereur, ses généraux Gonzalve et Antoine de Lèves. Catherine, femme de Henri, second fils du roi, soupçonnée d'avoir voulu, par ce moyen, ouvrir le chemin du trône à son mari, n'était pas encore familiarisée avec le crime. Quel intérêt Charles retirait-il de cette mort? Peut-être ses généraux avaient-ils cru servir leur maître en affligeant son ennemi. On eut des soupçons; pas de preuves. Néanmoins, un Italien, Montécuculli, arrêté, mis à la torture et écartelé, s'était avoué coupable d'avoir empoisonné le dauphin, à l'instigation d'Antoine de Lèves. Qu'en faut-il conclure? rien. Combien de fois les tourmens ont-ils arraché à des malheureux l'aveu de crimes qu'ils n'avaient pas commis. Mais ses vertus luy causerent envie, Il a trop mieulx XI. 1536. DE LOYS JAGOYNEAU, JADIS RECEVEUR DE SOISSONS. Cr gist Loys Jagoyneau surnommé, Je ne sçay pas de quel'race estoit il : Mais je sçay bien que son cueur fut gentil, Hardy, courtois, de tresnoble nature, Et les Françoys le dueil et le soucy: Ce dur tumbeau de leurs pleurs arrosé. Or de l'avoir si tost mort estendu, Mort le trompa car tout bien entendu, XII. 1537. A MADAME DE CHASTEAUBRIANT. 1 SOUBZ ce tumbeau gist Françoyse de Foix, 1 I Françoise de Foix, fille de Phébus de Foix, et sœur de Lescure et de Lautrec, épouse de Jean de Laval, sieur de Châteaubriant. Sa beauté et son esprit captivèrent François Ier, dont le cœur était toujours disposé à aimer. Le monarque, du fond de sa prison, composa des vers en son honneur, et lui écrivit des lettres qui existent encore. Ce n'est qu'en 1526, à son retour d'Espagne, les beaux yeux de la duchesse d'Étampes forcèrent François Ier à devenir infidèle à sa maîtresse. En 1537, le comte de Châteaubriant, qui se souvenait toujours de l'affront qu'il avait reçu du roi, jeta sa femme dans un cachot, et la vit périr, avec une joie barbare, au milieu des tourmens. que Brantôme rapporte un trait qui montre l'esprit de la comtesse de Châteaubriant. François Ier lui redemanda sottement des bijoux ornés de ses chiffres, qu'il lui avait donnés lorsqu'elle était sa maîtresse ; celle-ci feignit d'être malade, et demanda trois jours de délai. Pendant ce tems, elle fit fondre les bijoux, et les renvoya en lingots au roi, qui ne put s'empêcher de dire: Elle a montré plus de courage et de générosité que je n'eusse pensé provenir d'une femme. De grand'beauté, de grace qui attire De biens, d'honneurs, et mieulx que ne racompte, O viateur, pour t'abreger le compte, XIII. 1543. DE MONSIEUR LE GENERAL PREU D'HOMME. ' Cy dessoubz prend son dernier somme A qui Dieu fut tant liberal, Qu'il luy donna user sa vie, Sans paour, sans blasme, sans envie, Et mourut (voyez quel bonheur) Plein d'ans, plein de biens, plein d'honneur. |