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III.

1522.

DE LONGUEIL, HOMME DOCTE.

1

O VIATEUR, cy dessoubz gist Longueil :

A

quoy tient il que ne meines long dueil
Quand tu entens sa vie consommee?
N'as tu encore entendu renommee
Par les climatz, qui son renom insigne
Va publiant à voix, trompe, et buccine?
Si as pour vray mais si grande est la gloire
Qu'en as ouy, que tu ne le peulx croire.

Va lire donc (pour en estre asseuré)
Ses beaulx escriptz de style mesuré :
Lors seulement ne croiras son hault prix,
Mais apprendras, tant sois tu bien appris.
Si te sera son bruict tout veritable,

Et la grandeur de ses faictz proufitable.

1 Longueil (Christophe de ), né en 1490, fils d'Antoine de Longueil, évêque de Lyon. Son père, dès ses premières années, cultiva son génie précoce, et le familiarisa avec les sciences. Sa mémoire était un prodige; il savait les langues anciennes et modernes; les lettres, le droit, la médecine et la théologie ne lui étaient pas étrangers. Il devint un homme universel. Ce savant parcourut toute l'Europe, et dans ses voyages, il excita partout l'admiration. Il mourut à Padoue, dans la fleur de l'âge, en 1522.

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Cy gist envers Claude, royne de France,
Laquelle avant que mort luy feist oultrance
Dit a son ame (en jectant larmes d'œil)
Esprit lassé de vivre en peine et dueil,
Que veulx tu plus faire en ces basses terres,
Assez y as vescu en pleurs et guerre :
Va vivre en paix au ciel resplendissant,
Si complairas à ce corps languissant.

1 Claude de France, fille de Louis XII et d'Anne de Bretagne, naquit à Romorentin, en 1499. La reine, sa mère, qui n'aimait pas François Ier, alors duc d'Angoulême, voulait la fiancer à Charles d'Autriche; mais la politique de Louis XII s'y opposa, et Claude fut mariée au prince François, le 14 mai 1514. Elle mourut à Blois, en 1524, et laissa trois fils et quatre filles. Cette reine n'avait pas ces charmes qui changent un mari en amant; mais son peu de beauté était racheté par de nombreuses vertus. Elle passa dans la retraite une jeunesse empoisonnée par les chagrins que lui causait l'indifférence de son époux. Brantôme, dans ses Dames illustres, parle ainsi de cette malheureuse princesse : « Si la reine Anne eust » vécu, jamais le roy Françoys n'eust espousé madame Claude, car >> elle prévoyoit bien le mauvais traitement qu'elle en devoit rece» voir, d'autant que le roy, son mari, lui donna la vérolle, qui lui >> avança ses jours et madame la régente, sa belle-mère, la rudoyoit fort mais elle se fortifioit le plus qu'elle pouvoit de son » beau esprit, et de sa douce patience et grande sagesse, pour sup» porter ses rigueurs. >>

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Sur ce fina par mort qui tout termine,
Le lys tout blanc, la toute noire hermine:
Noire d'ennuy, et blanche d'innocence :
Or vueille Dieu la mettre en haulte essence.
Et tant de paix au ciel luy impartir,
Que sur la terre en puisse departir.

V.

1525.

I

DE MAISTRE GUILLAUME CRETIN, POETE FRANÇOYS.

SEIGNEURS passans comment pourrez vous croire
De ce tumbeau la grand'pompe, et la gloire?
Il n'est ne painct, ne poly, ne doré,
Et si se dit haultement honnoré,
Tant seulement pour estre couverture
D'un corps humain cy mis en sepulture :
C'est de Cretin, Cretin qui tant sçavoit.

1 Cretin (Guillaume), secrétaire et historiographe de Louis XII, chantre et chanoine de la Sainte-Chapelle de Paris. Il dut à ses tours de force poétiques, une grande réputation qui ne dura pas plus que lui. Dans ses ouvrages, la raison est toujours sacrifiée à la rime; aussi Marot, dans sa complainte de Monsieur Preud'homme, nous représente

Le bon Cretin au vers équivoqué.

On conserve à la Bibliothèque royale le manuscrit de ses Chroniques de France, en vers, qu'on n'a jamais imprimées. Cretin mourut fort vieux, en 1 1525.

Regardez donc si ce tumbeau avoit

De ce Cretin les faictz laborieux,

Comme il debvroit estre bien glorieux

Veu qu'il prend gloire au povre corps tout mort,
Lequel par tout vermine mine, et mord.

O dur tumbeau de ce que tu encœuvres,
Contente toi, avoir n'en peulx les œuvres.:
Chose eternelle en mort jamais ne tombe:
Et qui ne meurt n'a que faire de tumbe.

VI.

1527.

DE MESSIRE CHARLES DE BOURBON. I

DEDANS le clos de ce seul tumbeau cy
Gist un vainqueur, et un vaincu aussi,
Et si n'y a qu'un corps tant seulement,
Or esbahir ne s'en fault nullement,

1 Charles III, duc de Bourbon, connétable de France. Cet habile général fut impliqué, par la vengeance de Louise de Savoie, mère du roi, dans un procès qui tendait à le dépouiller de tous ses biens. Révolté de ces injustices, que François Ier semblait favoriser, il offrit son épée à Charles-Quint, et s'exila de son ingrate patrie. On vit un Français commander une armée espagnole contre des Français. Le même fait s'est reproduit de nos jours; le succès n'a pas cette fois accompagné les traîtres. Charles de Bourbon fut vainqueur à Pavie; il pouvait délivrer son roi, s'absoudre de sa victoire, et mériter son pardon. La honte l'arrêta, et, laissant cette tache à sa gloire, il périt au siége de Rome, en 1527.

Car ce corps mort, du temps qu'il a vescu Vainquit pour autre, et pour soy fut vaincu.

VII.

1531.

DE MADAME LA REGENTE, MERE DU ROY.

CELLE qui travailla pour le repos

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de maintz

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Repose maintenant, pourquoy criez, humains?
Gardez bien le repos qu'elle vous a donné,
Sans luy rompre le sien, puis qu'il est ordonne.

VIII.

1535.

DE ANNE DE BEAUREGARD QUI MOURUT A FERRARE.

DE Beauregard Anne suis qui d'enfance
Laissay parens, pays, amys, et France,
Pour suyvre icy la duchesse Renee :
Laquelle j'ay depuis abandonnee,
Futur espoux, beauté, fleurissant aage,
Pour aller veoir au ciel mon heritage,
Laissant le monde avec moindre soucy,
Qu'en laissant France, alors que vins icy.

I Voyez la première Complainte.

2 Louise de Savoie conclut le traité de Cambray.

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