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Mais du plaisir, si peu qu'il dure,
Louez le nom du Créateur.

Quand vous verrez rire les cieulx, '
Et la terre en sa floriture;
Quand vous verrez devant voz yeulx
Les eaux luy bailler nourriture,
Sur peine de grand' forfaicture,
Et d'estre larron, et menteur,
N'en louez nulle creature,
Louez le nom du Createur.

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I Remarquons que Clément Marot est le premier poète qui se soit emparé de cette expression si hardie et si pittoresque, tant de fois répétée depuis.

2 Cette ballade me semble adressée à Diane. Le poète n'avait renoncé ni à l'amour ni à l'espérance; la prison n'avait pu lui faire

Maintz amoureux en font ainsi,
Subjectz à faire amour nouvelle
Par legiereté de cervelle,

Ou

pour

estre ailleurs plus contens : Ma façon d'aymer n'est pas telle,

Mes amours durent en tout temps.

I

N'y a si belle dame aussi,
De qui la beauté ne chancelle :
Par temps, maladie, ou soucy,
Laydeur les tire en sa nasselle: '
Mais rien ne peult enlaydir celle,
Que servir sans fin je pretens :
Et pource qu'elle est tousjours belle,
Mes amours durent en tout temps.

Celle, dont je dy tout cecy,
C'est Vertu la nymphe éternelle,
Qui au mont d'honneur esclaircy
Tous les vrays amoureux appelle :
Venez amans, venez (dit elle),

Venez à moi je vous attens :

haïr l'infidèle. Par de tendres reproches, par des éloges déguisés, il cherchait à rentrer dans ses bonnes grâces; mais Diane fut inflexible peut-être ne se reconnaissait-elle pas sous le nom de Vertu? Et bientôt Clément Marot, dont les amours durent en tout temps, était aux pieds de la reine de Navarre.

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1 Cette image est incohérente; on ne peut se figurer la nacelle de la laideur.

Venez (ce dit la jouvencelle),

Mes amours durent en tout temps.

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Et à la bien aymer entens :

Lors pourras dire sans cautelle,

Mes amours durent en tout temps.

AMOUR

XII.

1527.

DE S'AMYE BIEN BELLE. I

MOUR me voyant sans tristesse,

Et de le servir desgouté,

M'a dict, que feisse une maistresse,
Et qu'il seroit de mon costé.
Apres l'avoir bien escouté
J'en ay faict une à ma plaisance,
Et ne me suis point mesconté,
C'est bien la plus belle de France.

Elle a un œil riant, qui blesse
Mon cueur tout plein de loyauté,

Cl. Marot adressa ces vers à la princesse d'Alençon, dans les premiers tems de leurs amours. Une femme aime toujours qu'on enchérisse sur les éloges, aussi cette ballade ne plut pas à Marguerite. Elle le fit entendre au poète docile, qui répara sa faute en composant ce célèbre madrigal: Amour trouva celle qui m'est amère, etc.

Et parmy sa haulte noblesse
Mesle une douce privauté.

Grand mal seroit, si cruauté
Faisoit en elle demourance:
Car quant à parler de beauté,
C'est bien la plus belle de France.

De fuyr s'amour, qui m'oppresse,
Je n'ay pouvoir, ne voulunté,
Arresté suis en ceste presse
Comme l'arbre en terre planté.
S'esbahit on, si j'ay planté

De peine, tourment et souffrance? Pour moins on est bien tourmenté, C'est bien la plus belle de France.

ENVOY.

Prince d'amours, par ta bonté
Si d'elle j'avois jouyssance,
Onc homme ne fut mieulx monté,
C'est bien la plus belle de France.

XIII.

1530.

CHANT DE JOYE, AU RETOUR D'ESPAIGNE, DE MESSEIGNEURS LES ENFANS DE FRANCE, COMPOSÉ LA NUICT QU'ON EN SCEUT LES NOUVELLES ET LE LENDEMAIN PRÉSENTÉ AU ROY A SON LEVER.

ILZ sont venuz les enfans desirez,

Loyaulx Françoys, il est temps qu'on s'appaise:
Pourquoy encor pleurez, et souspirez?
Je l'entens bien, c'est de joye, et grand aise;
Car prisonniers (comme eulx) estiez aussi :
O Dieu tout bon, quel miracle est cecy?

Le

roy voyons, et le peuple de France
En liberté et tout par une enfance
Qui prisonniere estoit en fortes mains.
Or en est hors, c'est triple delivrance:
Gloire à Dieu seul, paix en terre aux humains.

Nouvelle Royne, 2 ô que vous demourez,
Sentez vous point de loing nostre mesaise ?
Sus, peuples, sus, vos quantons décorez

1 Les deux fils de François Ier restèrent quatre ans en ôtage à la cour d'Espagne, et suivant le traité de Cambray, furent échangés sur la frontière (1er juin 1530), contre 1200 écus d'or.

2 La douairière de Portugal, Éléonore, sœur de Charles-Quint, fiancée au roi dès le 13 février 1526, amena les enfans de France. François Ier vint la recevoir à Mont-de-Marsan, où le mariage se fit sans éclat. Cette princesse, âgée de 30 ans, sans grâces et sans beauté, vécut tranquille et obscure au milieu des maîtresses de son

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