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ÉTRENNES.

I.

1524.

A SA DAME.

UNE assez suffisante estrene

Trouver pour vous je ne sçaurois :
Mais vous pouvez estre certaine
Que vous l'auriez quand je l'aurois.
Et lors qu'asseuré je serois
D'estre receu selon mon zele,
Moy mesmes je me donnerois,
Du tout à vous, ma damoyselle. '

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T

Ce nouvel an pour estrene vous donne
Mon cueur blessé d'une nouvelle playe,

1 Diane n'attachait pas, sans doute, un grand prix à ce présent, puisqu'elle n'en fit pas usage. On est rarement bien accueilli quand on ne peut donner que soi-même.

2 C'est Marguerite que le poète célèbre partout sous ce nom. Il avait raison de craindre de réveiller la jalousie du roi de Navarre !

Contrainct y suis, Amour ainsi l'ordonne,
En qui un cas bien contraire j'essaye:
Car ce cueur là, c'est ma richesse vraye,
Le demeurant n'est rien, ou je me fonde :
Et fault donner le meilleur bien que j'aye,
Si j'ay vouloir d'estre riche en ce monde.

III.

1538.

AU ROY. I

abonde.

CE nouvel an, Françoys, ou grace
Il m'a ouvert, pour estrener le monde,
Dont l'Occident deux ans clos m'a esté:
Et pourtant j'ai d'estrener protesté
Le monde ouvert, et mon roy valeureux.
Je donne au roy ce monde plantureux :
Je donne au monde un tel prince d'eslite,
Affin
que l'un vive en paix bienheureux,
l'autre ait l'estrene qu'il merite.

Et que

1 Lenglet Dufresnoy se trompe en disant que les Étrennes qui suivent, jusqu'à la XLVI inclusivement, parurent au commencement de l'année 1537, peu de mois après le rappel de Marot. Nous pensons qu'elles furent composées en 1538; en voici la preuve : l'Étrenne viii est adressée à la duchesse de Nevers, et c'est au mois de janvier 1538 que le comté de Nevers fut érigé en duché par François Ier. Jacqueline Longwic, qui épousa le duc de Montpensier dans les premiers jours de la même année, est désignée, dans l'étrenne ix, par le nom de madame de Montpensier.

IV.

1538.

A LA ROYNE. I

Au ciel madame je crie,

Et Dieu prie,

Vous faire veoir au printemps

Frere et mary si contens
Que tout rie. 2

V.

1538.

A MADAME LA DAULPHINE.

A MADAME la Daulphine

Rien n'assigne:

Elle a ce qu'il fault avoir :
Mais je la vouldrois bien veoir
En gesine. 3

La reine Eléonore.

2 La guerre que Charles-Quint, dont la reine Éléonore était sœur, fesait à François Ier, commençait à se ralentir; elle se termina la même année, et le traité de Nice accomplit, du moins pour quelque tems, les souhaits de Cl. Marot.

3 Catherine de Médicis avait été mariée, le 27 octobre 1533, à Henri, duc d'Orléans, et depuis roi de France. Elle resta dix ans sans être mère; mais le savant Fernel, son médecin, ayant aperçu la cause de cette stérilité, donna des conseils salutaires à cette princesse qui eut depuis dix enfans.

VI.

1538.

A MADAME MARGUERITE. I

A LA noble Marguerite
Fleur d'eslite,

Je luy donne aussi grand'heur,
Que sa grace et sa grandeur
Le merite.

1 Madame Marguerite, née en 1523, hérita des belles qualités de François Ier, son père. Elle aimait les sciences et les lettres, et le mérite eut toujours droit à ses bienfaits. Brantôme, dans ses Dames illustres, rapporte qu'elle refusa l'alliance de M. de Vendôme, premier prince du sang, et répondit fièrement qu'elle n'épouserait jamais le sujet du roi son père. Elle fut mariée à Emmanuel Philibert, duc de Savoie, et il en coûta tout le Piémont, que la France possédait depuis plus de trente ans, et que l'on regardait comme uni à la couronne. Brantôme dit, en son style naïf, que les soldats en furent si mécontens, surtout les Gascons, qu'ils répétaient : Не cap biou, faut-il pour une petite pièce de chair qui est entre les jambes de cette femme, qu'on vende tant de belles et grandes pièces de terre.

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Qu'eussiez un beau petit frere,
Et deux ans de vostre mere,
Voyre trois. 3

1 Jeanne d'Albret, fille unique de Henri d'Albret, roi de Navarre, et de Marguerite, sœur de François Ier. Elle épousa Antoine de Bourbon, tué au siége de Rouen, en 1566. Cette princesse, mère de Henri-le-Grand, joue un grand rôle dans l'histoire de son siècle.

2 On appelait ainsi cette princesse en son enfance. Voici l'expli cation que Cayet donne à ce surnom, dans sa Chronologie novennaire : « Jeanne, princesse de Navarre, laquelle fut en son jeune » âge appelée la mignonne des rois, d'autant que le grand Fran»çois Ier, son oncle, la chérissait d'une amour comme paternelle, » et son père, Henri d'Albret, ne la pouvait éloigner de sa pré

»sence. >>

3 Jeanne d'Albret avait alors dix ans et sa mère quarante-six. Marguerite n'était pas de la première jeunesse, Marot ne lui souhaitait que trois ans de moins; elle se serait bien débarrassée de la dizaine. Mais il ne revenait plus cet heureux tems où un galant chevalier apportait dans un flacon la jeunesse à son amante; la source de l'eau de Jouvence ne coulait plus, et les rides résistaient à toutes les eaux du monde.

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