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J'ayme mieulx donc estre brune
Avecques ma fermeté,

Que blanche comme la lune
Tenant de legereté.

XXXVI.

POUR LA BLANCHE.

POURTANT si le blanc s'efface,
Il n'est pas à despriser,
Comme luy le noir se passe,
Il a beau temporiser.

Je ne veulx point mespriser,
Ne mesdire en ma revanche:
Mais j'ayme mieulx estre blanche
Vingt ou trente ans ensuyvant
En beauté nayfve et franche,
Que noire tout mon vivant.

XXXVII.

La plus belle des trois sera
Celle qui mourir me fera,
Ou qui me fera du tout vivre :
Car de mon mal seray delivre,
Quand à sa puissance plaira.

Pallas point ne m'y aydera,
Juno point ne s'en meslera :

XXXIV.

NE sçay combien la haine est dure,
Et n'ay desir de le sçavoir:

Mais je sçay qu'amour, qui peut dure,
Faict un grand tourment recevoir.
Amour autre nom deust avoir :

Nommer le fault fleur ou verdure, de temps se laisse veoir.

Qui peu

Nommez le donc fleur ou verdure,
Au cueur de mon leger amant :
Mais en mon cueur qui trop endure,
Nommez le roch, ou dyamant:
Car je vy tousjours en aymant,
En aymant celluy qui procure,
Que mort me voyse consommant.

XXXV.

POUR LA BRUNETTE.

POURTANT si je suis brunette,

Amy n'en prenez esmoy,

Autant suis ferme et jeunette,
Qu'une plus blanche que moy:
Le blanc effacer je voy,

Couleur noire est tousjours une:

J'ayme mieulx donc estre brune
Avecques ma fermeté,

Que blanche comme la lune
Tenant de legereté.

XXXVI.

POUR LA BLANCHE.

POURTANT si le blanc s'efface,
Il n'est pas à despriser,
Comme luy le noir se passe,
Il a beau temporiser.

Je ne veulx point mespriser,
Ne mesdire en ma revanche:
Mais j'ayme mieulx estre blanche
Vingt ou trente ans ensuyvant
En beauté nayfve et franche,
Que noire tout mon vivant.

XXXVII.

La plus belle des trois sera
Celle qui mourir me fera,
Ou qui me fera du tout vivre :
Car de mon mal seray delivre,
Quand à sa puissance plaira.

Pallas point ne m'y aydera,
Juno point ne s'en meslera:

Mais Venus que j'ay voulu suyvre,
Me dira bien, tien je te livre

Celle qui ravy ton cueur a.

CHANGEONS

XXXVIII.

propos, c'est trop chanté d'amours: Ce sont clamours,' chantons de la serpette: Tous vignerons ont à elle recours,

C'est leur secours pour tailler la vignette :
O serpilette, o la serpilonnette,

La vignolette est par toy mise sus,
Dont les bons vins, tous les ans sont yssus.

Le dieu Vulcain forgeron des haultz dieux,
Forgea aux cieulx la serpe bien taillante,
De fin acier, trempé en bon vin vieux,
Pour tailler mieulx, et estre plus vaillante.
Bacchus la vante, et dit qu'elle est seante,
Et convenante à Noé le bon hom

Pour en tailler la vigne en la saison.

Bacchus alors chappeau de treille avoit,
Et arrivoit pour benistre la vigne:
Avec flascons Silenus le suyvoit,

Lequel beuvoit aussi droict qu'une ligne :

Puis il trepigne, et se faict une bigne:

Nous avons déjà eu occasion de remarquer l'emploi de la rime batelée dans la ballade II.

Comme une gigne estoit rouge son nez,
Beaucoup de gens de sa race sont nez.

XXXIX.

J'AY treuvé moyen et loysir
D'envoyer monsieur à la chasse.
Mais un autre prend le plaisir,
Qu'envers ma dame je pourchasse.

Ainsi pour vous gros beufz puissans,
Ne trainez charrue en la plaine:
Ainsi pour vous moutons paissans
Ne portez sur le dos la laine.

Ainsi

pour vous oyseaux du ciel Ne sçauriez faire une couvee : Ainsi pour vous mouches à miel

Vous n'avez la cire trouvee. '

'Cette chanson est une imitation de ce fameux distique de Virgile:

Hos ego versiculos feci, tulit alter honores :

Sic vos non vobis nidificatis, aves.

Sic vos non vobis vellera fertis, oves.

Sic vos non vobis mellificatis, apes.

Sic vos non vobis fertis aratra, boves.

La chanson de Marot a été imitée en quatre vers:

Aymee, j'auray donc ton cueur d'amour espris,

Et

pour autre j'auray la depouille conquise!

De battre les buissons, j'auray la peine prise,
Et par autre que moy le lievre sera pris.

PIERRE DE BRACK.

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