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I

O noble cueur, laisserez vous perir
Vostre servant par faulte de liesse?
Je croy qu'en vous n'a point tant de rudesse.

Vostre rigueur me feit plusieurs destours.
Quand au premier je vous vins requerir,
Mais Bel Acueil m'a faict d'assez bons tours,
En me laissant maintz baisers conquerir.

Las voz baisers ne me sçavent guerir,

Mais vont croissant l'ardant feu qui me presse:
Jouyssance est ma medecine expresse.

XXX.

DIEU gard ma maistresse et regente,
Gente de corps, et de façon,
Son cueur tient le mien en sa tente
Tant et plus d'un ardant frisson,
L'on m'oyt poulser sur ma chanson
Son de lucz, ou harpes doulcettes,
C'est espoir qui sans marrisson,
Songer me faict en amourettes.

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I

Chaque couplet de cette chanson renferme un jeu poétique dont le premier est encore employé dans la xxxiiie chanson; le second couplet est fait en écho; le troisième est une gradation.

2 L'écho, introduit dans les vers latins, se glissa dans la poésie

Souvent je voys priant criant:
Mais dessoubz la cordelle d'elle
Me jecte un œil friant, riant,
En ne consommant, et sommant
A douleur qui ma face efface :
Dont suis le reclamant amant,
Qui pour l'oultrepassse trespasse.

Dieu des amans de mort me garde,
Me gardant donne moy bonheur,
Et me le donnant prens ta darde,
En la prenant, navre son cueur:
En le navrant me tiendras seur,
En seurté suyvray l'accointance,
En l'accointant, ton serviteur
En servant aura jouyssance.'

française. Cette gaieté que Pasquier trouve admirable, n'a d'autre mérite que celui de la difficulté vaincue. Cependant J. Dubellay s'en est servi ingénieusement dans le dialogue d'Écho et d'un

Amoureux

1

Piteuse Écho, qui erres dans ces boys,
Respons au son de ma dolente voix.

D'où ay-je peu ce grand mal concevoir,

Qui m'oste ainsi de raison le devoir? de voir.
Qui est l'auteur de ces maux advenus? Venus.
Comment en sont tous mes sens devenus? nuds.
Qu'estois-je avant d'entrer en ce passage? sage.
Et maintenant que sens-je en mon courage? rage.
Qu'est-ce qu'aymer, et s'en plaindre souvent? vent.
Que suis-je donq' lorsque mon cœur en fend? enfant.
Qui est la fin de prison si obscure? cure.

Dis moy quelle est celle pour qui j'endure? dure.
Sent elle bieu la douleur qui me poinct? point.
que cela me vient bien mal a poinct.

Pasquier ne pense rien de si beau, mesmes que ce dernier couplet

XXXI.

Vous perdez temps de me dire mal d'elle,
Gens qui voulez divertir mon entente :
Plus la blasmez, plus je la trouve belle,
S'esbahit on si tant je m'en contente?
La fleur de sa jeunesse,

A vostre advis rien n'est ce?
N'est ce rien que ses graces?
Cessez voz grans audaces,

Car mon amour vaincra vostre mesdire :
Tel en mesdict qui pour soy la desire.

XXXII.

AMOUR et Mort m'ont faict oultrage:
Amour me retient en servage,

Et Mort pour accroistre ce dueil,
A prins celluy loing de mon œil,
Qui de pres navre mon courage.

Helas, Amour, tel personnage
Te servoit en fleur de son aage,
Mais tu es ingrat à mon vueil,

où, par une belle gradation, Marot met sa plume à l'essor jusques à ce qu'il vient fondre au poinct tant desiré par les amants.

De souffrir guerre et son orgueil

Tuer ceulx qui t'ont faict hommage.

Si c'est à mon cueur advantage,
De ce que son noble corsage
Gist envers, loing de mon acueil :
Car si j'avois veu son cercueil,
Ma grand'douleur deviendroit rage.

XXXIII.

PLAISIR n'ay plus, mais vy en desconfort,
Fortune m'a remis en grand'douleur.

L'heur que j'avois est tourné en malheur,
Mal heureux est qui n'a aucun confort.

Fort suis dolent, et regret me remord,
Mort m'a osté ma dame de valeur,
L'heur que j'avois est tourné en malheur:
Mal heureux est qui n'a aucun confort.

Valoir ne puis, en ce monde suis mort,
Morte est m'amour, dont suis en grand'langueur,
Langoureux suis plein d'amere liqueur,
Le cueur me part, pour sa dolente mort.

S

XXXIV.

NE sçay combien la haine est dure,
Et n'ay desir de le sçavoir:

Mais je sçay qu'amour, qui peut dure,
Faict un grand tourment recevoir.
Amour autre nom deust avoir :
Nommer le fault fleur ou verdure,

Qui peu de temps se laisse veoir.

Nommez le donc fleur ou verdure,
Au cueur de mon leger amant:
Mais en mon cueur qui trop endure,
Nommez le roch, ou dyamant:
Car je vy tousjours en aymant,
En aymant celluy qui procure,
Que mort me voyse consommant.

XXXV.

POUR LA BRUNETTE.

POURTAN

ANT si je suis brunette,

Amy n'en prenez esmoy,

Autant suis ferme et jeunette,
Qu'une plus blanche que moy:
Le blanc effacer je voy,

Couleur noire est tousjours une:

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