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XIX.

1525.

MAULDICTE soit la mondaine richesse,
Qui m'a osté m'amye, et ma maistresse. '
Las, par vertu j'ay son amytié quise,
Mais par richesse un autre l'a conquise :
Vertu n'a pas en amour grand' prouesse.

Dieu gard de mal la nymphe, et la deesse.
Mauldict soit l'or ou elle a sa liesse,
Mauldicte soit la fine soye exquise,
Le dyamant, et la perle requise,

Puis que par eulx il fault qu'elle me laisse.

XX.

1525.

J'AY contenté

Ma voulunté

Suffisamment :

Car j'ay esté

D'amours traicté

' Marot s'imaginait que les présens ou les richesses lui avaient enlevé cette aimable personne. Mais Diane était jeune, et un scul amour ne la contentait pas : elle vouloit goûter de tout, et en peu de tems acquérir beaucoup d'expérience. Je n'ose la blâmer, puisque dans la suite elle a su en tirer tant d'avantages.

L. DUFRESNOY.

Differemment.

J'ay eu tourment,

Bon traictemeut,

J'ay eu douleur et cruauté :
Et ne me plains fors seulement,
D'avoir aymé si loyaument
Celle qui est sans loyauté.

Cueur affeté

Moins arresté,

Qu'un seul moment :

Ta lascheté

M'a dejecté

Fascheusement.

Prens hardiment

Amendement.

Et vous, dames de grand'beauté, Si l'honneur aymez cherement, Vous n'en suyvrez aucunement Celle qui est sans loyauté.

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JOUYSSANCE

XXI.

1525.

OUYSSANCE vous donneray, '

Mon amy, et si meneray

A bonne fin vostre esperance:
Vivante ne vous laisseray :
Encore quand morte seray,
L'esprit en aura souvenance.

Si

pour moy avez du soucy,

Pour vous n'en ay pas moins aussi,
Amour le vous doibt faire entendre:
Mais s'il vous greve d'estre ainsi,
Appaisez vostre cueur transy:

Tout vient à poinct qui peult attendre.

1 Il fait parler ici cette maîtresse inconnue qu'il accable d'injures dans l'élégie 14. Cette Iris lui avait dit d'attendre, mais Marot ne comprenait pas le vrai sens de ce mot, au lieu de faire naître l'heureux instant qu'une femme désire et feint toujours de reculer, il s'indigna d'un retard, demanda à grands cris et n'obtint rien.

XXII.

1527.

D'UN nouveau dard je suis frappé
Par Cupido cruel de soy :
De luy pensois estre eschappé,
Mais cuydant fuyr, me decoy
Et remede je n'apperçoy

A ma douleur secrette,
Fors de crier, allegez moy
Doulce plaisant brunette.

Si au monde ne fussiez point,
Belle, jamais je n'aymerois:
Vous seule avez gaigné le poinct,
Que si bien garder j'esperois :
Mais quand à mon gré vous aurois
En ma chambre seulette,
Pour me venger, je vous ferois

La couleur vermeillette.

I

1 Ronsard menace sa maîtresse de la même vengeance :

Je luy ferois soubz la couldrette

Sa couleur blanche vermeillette.

XXIII.

1527.

Si de nouveau j'ay nouvelles couleurs
Il n'en fault ja prendre esbahissement :
Car de nouveau j'ay nouvelles douleurs,
Nouvelle amour, et nouveau pensement:
Dueil et ennuy c'est tout l'advenement,
Que j'ay encor de vous tant amoureuse :
Si vous supply, que mon commencement
Cause ne soit de ma fin langoureuse.

Ou

Pleust or à Dieu pour fuyr mes malheurs,
Que je vous tinsse à mon commandement :
pour le moins, que voz grandes valeurs
Ne feussent point en mon entendement:
Car voz beaulx yeulx me plaisent tellement,
Et vostre amour me semble tant heureuse,
Que je languy ainsi voyla comment,

:

Ce qui me plaist m'est chose douloureuse.

XXIV.

1527.

QUAND vous vouldrez faire une amye,

Prenez la de belle grandeur:

En son esprit non endormie,

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