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VII.

1521.

DE PAIX ET DE VICTOIRE. I

UEL hault souhait, quel bienheuré desir
Feray je, las, pour mon dueil qui empire?
Souhaiteray je avoir dame à plaisir?
Desireray je un regne, ou un empire :
Nenny (pour vray) car celluy qui n'aspire
Qu'a son seul bien, trop se peult desvoyer:
Pour chascun donc à soulas convoyer,
Souhaiter veulx chose plus meritoire :
C'est Dieu vueille en brief nous envoyer
Heureuse paix, ou triumphant' victoire.

que

Famine vient Labeur aux champs saisir :
Le bras, au chef, soudaine mort desire :
Soubz terre voy gentilz hommes gesir,
Dont mainte dame en regretant souspire:
Clameurs en faict ma bouche, qui respire:
Mon triste cueur l'œil en faict larmoyer:
Mon foible sens ne peult plus rithmoyer,
Fors en dolente, et pitoyable histoire :

1 L'empereur, à l'arrivée de François Ier dans le Hainaut, s'était retiré précipitamment en Flandre, et avait réclamé l'arbitrage du roi d'Angleterre. On espérait une paix avantageuse; mais les conférences qui se tinrent à Cambray, n'aboutirent à rien, et la guerre continua avec plus d'acharnement.

Mais bon espoir me promet pour loyer
Heureuse paix, ou triumphant' victoire.

Ma plume lors aura cause, et loysir
Pour du loyer quelque beau lay escrire :
Bon temps adonc viendra France choisir,
Labeur alors changera pleurs en rire.
0 que ces motz sont faciles à dire!

Ne

sçay

si Dieu les vouldra employer: Cueurs endurcis (las) il vous fault ployer. Amende toy, o regne transitoire!

Car tes pechez pourroient bien forvoyer
Heureuse paix, ou triumphant' victoire.

ENVOY.

Prince Françoys, fais discorde noyer: Prince Espaignol, cesse de guerroyer: Prince aux Angloys, garde ton territoire. Prince du ciel, vueille à France octroyer Heureuse paix, ou triumphant' victoire.

VIII.

1524.

D'UN AMANT FERME EN SON AMOUR. I

PRES de toy m'a faict arrester
Amour, qui tousjours me remord:
Mais d'en partir fault m'apprester,
Sans en ce poursuyvre ma mort.
Bel Acueil qui m'a ris, me mord,
Et tourne ma joye en destresse,
Pour avoir quis en trop
en trop hault port
Premiere, et derniere maistresse.

Ha mon cueur, que voy regreter
Tu cherches trop heureux confort,
Foible suis pour te conquester
Un chasteau de si grand effort :
Si vivras tu loyal, et fort:
Et combien que rigueur t'oppresse.
Je veulx que la tiennes (au fort)
Premiere, et derniere maistresse.

Premiere, car d'autre accointer
Ne me vint oncques en record.

1 Diane se reprocha bientôt d'avoir cédé au doux penchant qui l'avait entraînée vers l'aimable poète. L'encens qu'on lui prodiguait avait enflé son orgueil, et ses yeux se tournaient souvent vers le trônė. Déjà son amant ne s'apercevait que trop de son refroidissement, bientôt changé en haine.

Et derniere, car la quitter
Jamais je ne seray d'accord.
Premiere me serre, et entord:
Derniere peult m'oster de presse

Bref, elle m'est (soit droit, ou tort)
Premiere, et derniere maistresse.

ENVOY.

Adieu donc cueur de noble apport,
Taché d'ingratitude expresse :

Adieu du servant sans support
Premiere, et derniere maistresse.

IX.

1525.

CONTRE CELLE QUI FUT S'AMYE.1

Un jour rescrivy à m'amye

N

Son inconstance seulement,"
Mais elle ne fut endormie
A me le rendre chauldement:
Car des l'heure tint parlement
A je ne sçay quel papelard, 3

1 Clément Marot composa cette ballade satirique dans la prison du Châtelet de Paris, où Diane le fit jeter, en l'accusant d'avoir mangé du lard en carême. Voyez la Notice.

2 Il veut parler du rondeau xv du liv. II: Comme inconstante, etc.; qui lui attira cette triste aventure.

3 Le docteur Bouchar. Voyez l'épître que Marot lui adressa de sa prison, 1, pour obtenir la liberté.

Et luy a dict tout bellement:
Prenez le, il a mangé le lard.

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Lors six pendars ne faillent mye
A me surprendre finement :

Et de jour pour plus d'infamie,
Feirent mon emprisonnement.
Ilz vindrent à mon logement :
Lors ce va dire un gros paillard:
Par la morbieu voyla Clement,
Prenez le, il a mangé le lard.

Or est ma cruelle ennemie
Vengee bien amerement :
Revenge n'en veulx, ne demie.
Mais quand je pense, voyrement
Elle a de l'engin largement,
D'inventer la science et l'art
De crier sur moy haultement:
Prenez le, il a mangé le lard.

ENVOY.

Prince, qui n'eust dict plainement,
La trop grand' chaleur, dont elle ard,
Jamais n'eust dict aucunement :

Prenez le, il a mangé le lard.

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