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CHANSONS.

La mort n'y mord.

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Je suis aymé de la plus belle,

Qui soit vivant'dessoubz les cieulx :
Encontre tous faulx envieux
Je la soustiendray estre telle.

Si Cupido doulx et rebelle,
Avoit desbandé ses deux yeulx,
Pour veoir son maintien gracieux,
Je croy qu'amoureux seroit d'elle.

Venus la deesse immortelle,

Tu as faict mon cueur bien heureux,
De l'avoir faict, estre amoureux
D'une si noble damoyselle.

II.

1524.

Qui veult avoir liesse,

Seulement d'un regard

1 Marot est triomphant; il est aimé de Diane, il ne met plus de bornes à ses espérances; son bonheur s'évanouit bientôt !

Vienne veoir ma maistresse,
Que Dieu maintienne et gard:
Elle a si bonne grace,
Que celluy qui la veoit,
Mille douleurs efface,
Et plus s'il en avoit.

Les vertus de la belle
Me font esmerveiller :

La souvenance d'elle
Faict mon cueur esveiller :
Sa beauté tant exquise

Me faict la mort sentir :
Mais sa grace requise

M'en peult bien garantir.

III.

1524.

QUAND j'ay pensé en vous ma bien aymee,

Trouver n'en puis de si grande beauté.
Et de vertu seriez plus estimee,

Qu'autre qui soit, si n'estoit cruauté.

Mais pour vous aymer loyaument
J'ay recompense de tourment :
Toutesfoys quand il vous plaira,
Mon mal par mercy finira.

Des que mon œil apperceut vostre face,
Ma liberté du tout m'abandonna :
Car mon las cueur esperant vostre grace
De moy partit, et à vous se donna.
Or s'est il voulu retirer

En lieu d'où ne se peult tirer:

Et vous a trouvee sans si,

Fors qu'estes dame sans mercy.

I

Vostre rigueur veult doncques que je meure,
Puis que pitié vostre cueur ne remord:
Si n'aurez vous, de ce je vous asseure,
Los ny honneur de si cruelle mort.
Car on ne doibt mettre en langueur
Celluy qui ayme de bon cueur.
Trop est rude à son ennemy,
Qui est cruel à son amy.

1

IV.

1524.

CELLE qui m'a tant pourmené,

A eu pitié de ma langueur,

Dedans son jardin m'a mené

Ou tous arbres sont en vigueur:
Adoncques n'usa de rigueur,

Car plus vous prie, et tant moins je proufite,
Dont sans mercy (par droict) vous puis nommer.

JEAN MAROT.

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