IV. 1518. A MADAME D'ALENÇON POUR ESTRE COUCHÉ EN SON ESTAT. PRINCESSE ESSE au cueur noble et rassis, La fortune, que j'ay suivie, Par force m'a souvent assis Je ne suis point des excessifz Dont suis au vent comme un chassis, L'un soustient contre cinq ou six I 1 Le génie de Clément Marot n'avait pas échappé à François Ier. Ce monarque, ami des lettres, ne tarda pas à encourager le jeune poète, et le fit entrer, en qualité de valet-de-chambre, dans la maison de sa sœur, Marguerite d'Alençon. C'est à ce sujet que cette ballade a été composée. L'autre, qu'il n'est que d'estre assis Pour bien tenir chere hardie: L'autre dit que c'est mélodie Mais quelque chose l'on die, Il n'est que que d'estre bien couché. ENVOY. Princesse de vertu remplie : V. 1520. DU TRIUMPHE D'ARDRES ET GUIGNES, PAR LES ROYS DE FRANCE ET D'ANGLETERRE. I AU camp des roys, les plus beaulx de ce monde, Sont arrivez trois riches estandars: ' Charles d'Autriche, élevé à l'empire en 1519, n'attendait que l'instant favorable pour attaquer le roi de France. François Ier craignant de voir l'Angleterre se ranger contre lui dans la guerre qui allait se déclarer, résolut de renouveler, dans une entrevue, le traité qu'il avait conclu un an auparavant avec Henri VIII. C'est entre Ardres et Guignes que les deux rois se rencontrèrent, accompagnés de leurs épouses et d'une suite nombreuse et brillante. Ce lieu, où on avait construit en bois des palais magnifiques, ornés de dorures et de riches tapisseries, fut appelé le Camp du Drap d'or. Les courtisans des deux cours étalèrent un tel luxe, que plusieurs, dit un Amour tient l'un de couleur blanche et munde, En ces beaux lieux plustost que vol d'aronde historien du tems, y portaient leurs forêts, leurs prés et leurs moulins sur leurs épaules. Les fêtes, les bals, les festins et les tournois se succédèrent pendant un mois. Enfin on se sépara, et François qui avait conçu de hautes espérances, n'obtint de Henri VIII qu'une promesse vague de rester neutre, s'il portait ses armes en Italie. 1 Sur le fronton du palais du roi d'Angleterre était représenté un archer anglais, avec cette devise: Qui j'accompagne est maître. Henri VIII était bien-aise de montrer à tous les yeux que la France avait besoin de l'Angleterre. Pas ne convient, que ma plume se fonde ENVOY. De la beauté des hommes me deporte : VI. 1521. DE L'ARRIVEE DE MONSEIGNEUR D'ALENÇON EN HAYNAULT. I DEVERS Haynault, sur les fins de Champaigne 1 Une altercation entre les maisons de Crouy et de Bouillon, donna naissance à cette guerre terrible qui, pendant vingt-sept ans, mit en feu une partie de l'Europe. Le prince de Crouy voulait prendre l'empereur pour arbitre; le prince de Bouillon refuse avec fierté Est arrivé le bon duc d'Alençon' Avec honneur qui tousjours l'accompaigne, Lourdz Haynuyers, gent rustique et brutale, Sur les climatz de France occidentale. 2 Prenez hault cueur doncques France, et Bretaigne3 Car si en camp tenez fiere façon, Fondre verrez devant vous Alemaigne, Comme au soleil blanche neige, et glaçon. entre de se soumettre au jugement de Charles, qu'il envoie défier en pleine diète, et fait une irruption dans les Pays-Bas. Charles furieux, croyant que François Ier est le moteur secret de ces hostilités, aussitôt en France avec des forces formidables, s'empare de plusieurs villes, et ne s'arrête qu'aux portes de Mézières. Le roi s'avance à la tête de son armée jusqu'à Valenciennes, et voit son ennemi effrayé fuir à son approche. 1 Le prince d'Alençon, époux de Marguerite, sœur du roi, était allé commander l'avant-garde de l'armée. 2 Les provinces qui sont en deça de la Moselle et de la Meuse. 3 François Ier, époux de Claude, fille de Louis XII et d'Anne de Bretagne, n'avait pas encore réuni ce duché à la couronne. Ce n'est qu'en 1532 que, d'après le consentement des États assemblés, la Bretague devint province inaliénable de France. |