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Théâtre-Français; toutes les têtes étaient exaltées : il n'y avait point de cercle où l'on n'applaudit avec transport à l'appui que le gouvernement français accordait ouvertement à la cause de l'indépendance américaine. La constitution projetée pour cette nouvelle nation se rédigeait à Paris, et tandis que la liberté, l'égalité, les droits de l'homme, faisaient le sujet des délibérations des Condorcet, des Bailly, des Mirabeau, etc., le ministre Ségur fit paraître l'édit du roi qui, en révoquant celui du 1er. novembre 1750, déclarait inhabile, pour parvenir au grade de capitaine, tout officier qui ne serait pas noble de quatre générations, et interdisait tous les grades militaires aux officiers roturiers, excepté à ceux qui étaient fils de chevaliers de Saint-Louis 1. L'injustice et l'absurdité de cette loi furent sans doute une cause secondaire de la révolution. Il fal

mais lord Stormont, ambassadeur d'Angleterre en France, fut informé de son dessein, et força le ministère de s'y opposer. Parvenu, après beaucoup d'obstacles, en Amérique, il y fut accueilli par Washington. « Je viens vous demander deux grâces, lui dit-il : l'une de servir sous vos ordres en qualité » de simple volontaire, et l'autre de ne recevoir aucun appointement. » (Anecdotes du règne de Louis XVI.)

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(Note de l'édit.)

On lit à ce sujet, dans Chamfort, l'anecdote suivante, qu'il raconte avec sa causticité ordinaire : « M. de Ségur ayant publié une ordonnance qui obligeait à ne recevoir dans le corps de l'artillerie que des gentilshommes, et d'une autre part cette fonction n'admettant que des gens instruits, il arriva une

lait tenir à cette classe honorable du tiers-état, pour connaître le désespoir ou plutôt le courroux qu'y porta cette loi. Les provinces de la France étaient remplies de familles roturières qui, depuis plusieurs siècles, vivaient en propriétaires sur leurs domaines et payaient la taille. Și ces particuliers avaient plusieurs fils, ils en plaçaient un au service du roi, un dans l'état ecclésiastique, un autre dans l'ordre de Malte, comme chevalier servant d'armes, un enfin dans la magistrature, tandis que l'aîné conservait le manoir paternel; et s'il était situé dans un pays célèbre par ses vins, il joignait à la vente de ses propres récoltes, le commerce de commission pour les vins de son canton. J'ai vu, dans cette classe de citoyens justement révérés, un particulier long-temps employé dans la diplomatie, ayant même été honoré du titre de ministre plénipotentiaire, gendre et neveu de colonels, majors de place, et, par sa mère, neveu d'un lieutenant général cordon rouge, ne pouvoir faire recevoir ses fils sous-lieutenans dans un régiment d'infanterie.

Une autre décision de la cour, qui ne pouvait être annoncée par un édit, fut qu'à l'avenir tous les biens ecclésiastiques, depuis le plus modeste prieuré jus

chose plaisante, c'est que l'abbé Bossut, examinateur des élèves, ne donna d'attestations qu'à des roturiers, et Chérin qu'à des gentilshommes. Sur une centaine d'élèves, il n'y en eut que quatre ou cinq qui remplirent les deux conditions. >>

(Note de l'édit.)

qu'aux plus riches abbayes, seraient l'apanage de la noblesse. Fils d'un chirurgien de village, l'abbé de Vermond, qui avait beaucoup de pouvoir dans tout ce qui concernait la feuille des bénéfices, était pénétré de la justice de cette décision du roi.

Pendant un voyage qu'il fit aux eaux, j'obtins de la reine une apostille au placet d'un curé de mes amis qui sollicitait un prieuré voisin de sa cure, et comptait s'y retirer : j'obtins pour lui cette grâce. Au retour des eaux, l'abbé l'apprit, et vint chez moi pour me dire très-sévèrement que j'agirais d'une manière tout-à-fait opposée aux vœux du roi, si j'obtenais encore de semblables grâces; que les biens de l'église devaient à l'avenir être uniquement destinés à soutenir la noblesse pauvre; que c'était l'intérêt de l'état, et qu'un prêtre roturier, heureux d'avoir une bonne cure, n'avait qu'à rester curé.

Doit-on s'étonner du parti que prirent peu de temps après les députés du tiers-état, lorsqu'ils furent convoqués en états-généraux?

CHAPITRE X.

Voyage du comte et de la comtesse du Nord en France.

Leur réception à Versailles.

de timidité.
demande de Louis XVI.

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Réponse singulière du comte du Nord à une Fête et souper à Trianon. Le cardinal de Rohan pénètre dans le jardin pendant la fête, sans l'aveu de la reine. - Elle en est fort irritée.

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Froide

réception faite au comte d'Haga (Gustave III, roi de Suède). Anecdotes. Paix avec l'Angleterre.

missaire anglais établi à Dunkerque.

Départ du comJoie nationale.

Les Anglais accourent en France. Détails intéressans. Nuage léger qui s'élève entre le roi et la reine, promptement dissipé. Conduite qu'il faut tenir à la cour.

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Anecdote. Mission du chevalier de Bressac auprès de la reine. Cour de Naples. Marie-Antoinette ne connaît rien de comparable à celle de France. La reine Caroline, le ministre Acton. Débats de la cour de Naples avec celle de Madrid. - Réponse insolente de l'ambassadeur espagnol à la reine Caroline. Intervention de la France.

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tient la révision des jugemens portés contre le duc de Gui

nes, et contre MM. de Bellegarde et de Moutier. Détails relatifs à ces derniers. Leur famille reconnaissante vient

embrasser les genoux de la reine.

Facilité de la reine à

s'exprimer en public. Elle déroge à l'usage adopté en pa

reil cas.

par

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MM. de Ségur et de Castries, nommés ministres

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Engagement pris par elle avec

M. de Ségur. Tour perfide joué par M. de Maurepas à

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la reine. Elle commence à sentir les inconvéniens d'une société intime. Judicieuses réflexions de cette prin

cesse.

PLUSIEURS Souverains du nord, à la fin du dernier siècle, prirent le goût des voyages. Christian III, roi de Danemarck, était venu à la cour de France, sous le règne de Louis XV, en 1763; nous avions vu à Versailles le roi de Suède et Joseph II. Le grand-duc de Russie, fils de Catherine II (depuis Paul Ier.), et sa femme, princesse de Wurtemberg, voulurent aussi visiter la France. Ils voyageaient sous le titre de comte et de comtesse du Nord. Leur présentation eut lieu le 20 mai 1782. La reine les reçut avec infiniment de dignité et de grâces. Le jour de leur arrivée à Versailles, ils dînèrent dans les cabinets avec le roi et la reine.

L'extérieur simple et modeste de Paul Ier. avait convenu à Louis XVI. Il lui parlait avec plus de confiance et de gaieté qu'à Joseph II. La comtesse du Nord, d'une belle taille, fort grasse pour son âge. ayant la raideur du maintien allemand, instruite, et le faisant connaître peut-être avec trop de confiance, n'avait pas obtenu dans les premiers jours le même succès auprès de la reine. Au moment de la présentation du comte et de la comtesse du Nord, la reine avait été très-intimidée. Elle se retira dans son cabinet avant de se rendre dans la pièce où elle devait dîner avec les illustres voyageurs, demanda un verre d'eau, avouant « qu'elle venait d'éprouver

TOM. I.

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