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pondit que c'estoit bien fait et en rescripvit audit arcevesque et envoya certain mandement. Toutes voyes, après que l'on eust monstré ledit mandement audit arcevesque l'on luy dist que, s'il vouloit bailler sauve caution subjette de les rendre, et l'on les luy bailleroit, et fut mené esdites prisons esquelles il interrogea lesdits prisonniers et n'a voulu bailler caution et pour ce que l'on ne les luy a voulu bailler i les a excommunié, dont il a ésté encoires appellé; pourquoy les gens du roy firent prisonnier du roy notre dit seigneur ledit arcevesque et est arrestée audit Provins et adjourné à Paris en personne au 111 jour de septembre prochain venant. Lesquelles choses il qui parle dit savoir, pour ce qu'il a escriptes les dépositions, confessions, interrogatoires et procès des dessusdit par son serment et pour acquitter sa conscience comme bon chrestien doit faire, li fait savoir et en advertist les justices des lieux où il passe, afin de y adviser et pourveoir se aulcuns sont trouvés de ladite secte. J. Rabustelli, Procurator communitatis Divionensis.

Archives municipales de la ville de Dijon, Entendits et Informations.

IV.

Le fait dont la relation va suivre remonte à l'année 1463; on le trouve dans les mémoires de Jacques Duclercq, liv. III, c. x1 [édit. du Panthéon Littéraire, p. 83]. Il s'agit de la condamnation de maistre Guillaume de l'Ollive, docteur en théologie, comme Vaudois.

« L'an dessus dict 1453, par ung dimanche, surveille du jour de Noël, feut échaffaudé et preschié publiquement et condampné perpétuellement estre en prison de l'évesque en la cité d'Evreulx en Normandie, ung nommé maistre Guillaume de l'Ollive, docteur en théologie, prieur de Sainct Germain en Laye et au devant Augustin et de certains aultres ordres, lequel, par tentation et exhortation de l'ennemi d'enfer, auquel il s'estoit donné pour accomplir ses délices mondains et par espécial pour faire son plaisir d'une dame chevallieresse, comme on disoit, se meit en certain lieu toutesfois qu'il estoit invité par ledit ennemy; auquel lieu ils avoient accoustumé faire leur consistoire, et ne lui falloit monter que sur un bastoncel, qu'il estoit prestement transporté là où ledit consistoire se faisoit. Et confessa icelluy maistre Guillaume de sa bonne vollonté avoir faict hommage à l'ennemy

estant en semblance et espèce d'ung mouton, en le baisant par le fonil fut condamné à tenir prison dans la fosse au pain

dement,

et à l'eau. »>

V.

Nous arrivons aux scènes les plus animées de l'histoire des Vaudois. Dans un chapitre général des frères prêcheurs, tenu à Langres, en 1459, un nommé Robinet de Vaulx, natif de Hébuterne, en Artois, condamné au feu comme Vaudois, signale plusieurs hommes et femmes de sa secte, et entre autres une fille de joie nommée Deniselle, de Douai, et un certain Jean Lavitte, peintre et poëte, dit l'Abbé de peu de sens. Pierre le Broussart, jacobin, inquisiteur de la foi à Arras, qui avait assisté à l'assemblée de Langres, fait au retour arrêter Deniselle. Celle-ci, mise à la torture et interrogée par les vicaires de l'évêque d'Arras, Jean Geoffroy, qui était alors en cour de Rome, confesse avoir été plusieurs fois en Vauderie et y avoir vu Jean Lavitte. Lavitte est découvert à Abbeville, ramené à Arras dans la prison épiscopale; et comme il s'était coupé la langue avec un canif, de peur de se laisser aller à des révélations nuisibles, on le force de donner sa confession par écrit. Sur ses indications, de nouvelles arrestations ont lieu. « Les vicaires, dit Jacques Duclercq, auquel nous empruntons ces détails (1), voyant que la chose montoit de plus en plus, feurent tous délibérés de laisser aller tous les dessus dicts, << prins comme Vauldois et Vauldoises, sans nulle punition. Mais Jacques Dubois, docteur en théologie, et Jean Faulconier, évêque de Baruth, s'opposèrent à leur délivrance, firent ordonner aux vicaires par Jean, comte d'Étampes, la continuation du procès, et malgré les avis indulgents du doyen de Notre-Dame et de l'official de l'évêque de Cambray, ils insistèrent pour les mesures de rigueur. Suivant eux, plus du tiers de la chrétienté était Vaudois; ceux qui avaient été à la Vauderie et l'avaient confessé, devaient mourir; ceux que des Vaudois accusaient devaient être considérés comme Vaudois et condamnés, malgré leurs dénégations, pourvu que quatre témoins se prononçassent contre eux. Aussitost qu'un homme estoit prins ou raccusé pour la dicte Vaulderie, disaient Jacques Dubois et l'évêque de Baruth, nul « ne les debvoit aider ny secourir, feust père, mère, frère,

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(1) Liv. IV, édit. du Panthéon littér., p. 137 à 174.

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« sœur ou quelqu'autre proche parent ou amy, sur peine d'estre prins comme Vauldois. » Sous l'empire de pareilles doctrines, le nombre des personnes arrêtées augmenta rapidement. Il s'agissait de les juger. On réunit des clercs, des moines, des avocats, et on leur soumit les accusés; puis on amena ceux-ci mitrés sur un échafaud élevé dans la cour de la maison épiscopale, et là l'inquisiteur Pierre le Broussard déclara qu'ils avaient été en Vauderie de la manière suivante :

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Que quand ils voulloient aller à ladicte Vaulderie, d'un oignement « que le diable leur avoit baillé ils oindoient une vergue de bois << bien petite et leurs palmes et leurs mains, puis mettoient celle verguette entre leurs jambes, et tantost ils s'envoloient où ils voulloient << estre, par desseure bonnes villes, bois, eaues, et les portoit le diable au « lieu où ils debvoient faire leur assemblée; et en ce lieu trouvoient l'ung l'aultre les tables mises, chargiées de vins et viandes; et illecq << trouvoient ung diable en forme de boucq, de quien, de singe et « aulcune fois d'homme; et là faisoient oblation et hommaiges audict << diable et l'adoroient et luy donnoient les plusieurs leurs àmes et à peine << tout ou du moings quelque chose de leurs corps; puis baisoient le << diable en forme de boucq au derrière, c'est au cu, avec candeilles << ardentes en leurs mains. Et estoit ledict Abbé de peu de sens le droict <«< conducteur et le maistre de les faire faire hommaige quand ils es« toient nouveaulx venus. Et après celle hommaige, ils marchoient sur « la croix et cacquoient de leur salive sus, en despit de Jésus-Christ et « de la Sainte-Trinité, puis monstroient le cul devers le ciel et le firma« ment en despit de Dieu; et après qu'ils avoient touts bus et mangiez, «< ils prenoient habitation carnelle ensemble, et mesme le diable se << mestoit en forme d'hommes et de femmes, et prenoient habitation les « hommes avec le diable en forme de femme, et le diable en forme « d'homme avecq les femmes; là ils commettoient tant de crimes sy puants et énormes, tant contre Dieu que contre nature, que ledit inquisiteur dit qu'il ne les oseroit nommer, pour doubte que les << oreilles innocentes ne fussent averties de si villaines choses: et s'y dit << encoires ledit inquisiteur, qu'en leur assemblée le diable les preschoit, << et leur deffendoit d'aller à l'eglise, d'ouyr messe, prendre de l'eau bénite, et que s'ils en prenoient pour monstrer qu'ils fussent chres« tiens, ils disoient: ne déplaise nostre maître! qu'ils n'alloient point « à confesse, et qu'ils avoient tenu leur dite assemblée au bois de Mof

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flaines, assez près d'Arras, au bois de Maugart, à demi-lieue d'Ar« ras, et à Haultes-Fontaines-lez-Arras.

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Après avoir relaté ces circonstances, l'inquisiteur demanda aux accusés si elles étaient vraies, et tous répondirent que oui. Alors on rendit contre eux une sentence qui les déclarait indignes de vivre parmi les membres de l'Eglise, on les remit à leurs juges laïques respectifs, et ils furent condamnés au feu. En mourant, ils protestèrent de leur innocence, et déclarèrent qu'ils n'avaient jamais été à la Vauderie, et que ce qu'ils en avaient confessé ç'avait été par force de torture et par les promesses dont on les avait leurrés pour extorquer des aveux.

La persécution s'étendit au dehors. On saisit à Amiens et à Tournay de prétendus Vaudois; mais l'évêque d'Amiens, Ferry de Beauvoir, délivra les prisonniers en disant « qu'autant qu'on luy «en améneroit il les laisseroit aller et les délivreroit, et qu'il ne << croyoit pas qu'ils feissent ne peussent faire ce qu'ils disoient. » Les accusés de Tournay furent aussi renvoyés impunis, après l'apparition d'un traité sur la Vauderie, que publia Jean Taincture, docteur en théologie.

:

A Arras, les rigueurs continuaient. De nouveaux accusés avaient remplacé, dans les prisons de l'évêque, Deniselle et ses compagnons. En 1460, ils furent jugés, et sept d'entre eux furent brûlés. Les persécuteurs s'enhardissaient par le succès et s'échauffaient en quelque sorte par l'odeur du sang. Le soupçon montait des gens du peuple aux riches et aux nobles. Au mois de juin 1460, on arrêta à Arras comme Vaudois Jean Taquet, échevin, Pierre du Carieulx, bourgeois très-riche, Payen de Beaufort, chevalier, une des anciennes bannières de l'Artois; au mois de juillet furent emprisonnés Antoine Saquespée, Jean Josset, échevins, Henryet de Roy ville, sergent, Jacotin d'Athies, fils de bourgeois; au mois d'août, Jean Lefevre fut mené dans les prisons de l'évêque, etc. Quelques citoyens, craignant le même sort, prirent la fuite. On les cita à comparaitre, et comme ils ne vinrent pas au jour fixé, on les excommunia. La frayeur était extrême à Arras; les habitants n'osaient s'absenter de la ville, de peur qu'on ne les accusat d'avoir voulu éviter d'être traités comme des Vaudois. Au dehors, les gens d'Arras étaient mal famés et mal reçus; à peine consentait-on à les admettre dans les

auberges; on exigeait qu'ils payassent leurs dettes immédiatement, et on se défiait de leurs marchandises.

A ce moment, la commission chargée d'examiner et de juger les Vaudois fut modifiée; le duc de Bourgogne et le comte d'Etampes y introduisirent chacun des hommes à eux. Philippe le Bon, mêlé d'une manière directe et personnelle à cette malheureuse affaire, fit ouvrir à Bruxelles une consultation par les clercs les plus savants de l'université de Louvain, envoya à Arras son héraut Toison d'Or, vit les pièces du procès de Beaufort, de Taquet, de Carieulx et de Aubry, et néanmoins le sort des accusés ne fut guère adouci. Les arrestations cessèrent à Arras; mais bientôt Beaufort, ayant avoué publiquement qu'il était allé en Vauderie ou au sabbat, fut condamné à être battu de verges, à tenir prison pendant sept ans, et à payer des amendes considérables; Jean Taquet fut condamné à dix ans de prison et à des peines pécuniaires, Huguet Aubry à vingt ans de prison au pain et à l'eau; Perrotin de Carieulx fut brûlé (1).

Ce furent les dernières exécutions. Pendant le mois d'octobre, les vicaires d'Arras firent sortir de prison une douzaine d'accusés. L'un d'eux, pendant sept mois de captivité, avait été mis plus de quinze fois à la torture, et on lui avait brûlé la plante des pieds. On commençait à s'indigner tout haut de ces cruautés. Les persécuteurs avaient fait verser du vinaigre et de l'huile bouillante sur les plaies des victimes; ils avaient ordonné qu'on leur serrât la tête ou les membres avec des cordes à nœuds, qu'on traînât les femmes par les cheveux, qu'on les foulât aux pieds, etc. On répandit dans Arras une pièce de vers (2) assez violente contre les juges des Vaudois, auxquels on reprochait d'avoir été poussés dans leurs rigueurs par un infernal esprit de convoitise. Enfin l'émotion se propagea; l'évêque Jean Geoffroy, quand il revint, désapprouva la conduite de ses délégués, et le parlement de Paris couvrit de sa protection les accusés ou les condamnés d'Arras qui souffraient encore. Le 16 janvier 1461, un huissier de la cour, venu pour informer sur l'affaire de la Vauderie, tira de prison le sieur de Beaufort, qui fut emmené à Pa

(1) Le 26 août 1460, on brûla à Mantes Noel Ferre, qui avoua être sorcier, avoir commis plusieurs meurtres et larcins, avoir été quatre fois en Vauderie, et y avoir adoré le diable en forme de bouc. Il nomma comme Vaudois des gens d'Arras, d'Amiens, de Paris, de Blois, etc. On attribua aux Vaudois l'incendie de Pernes, 13 mars 1460. (2) Cette pièce de vers est intercalée dans le récit de Jacques Duclercq.

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III. (Deuxième série.)

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