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2o des limites jusqu'auxquelles s'étendait alors le royaume; 3o de l'état et des attributions de l'autorité royale, de ceux des grands pouvoirs du royaume et de tous les pouvoirs subalternes, depuis l'assemblée des trois états jusqu'aux moindres fonctionnaires des diverses administrations de la justice, des finances, de la guerre et de la police. Le tout est précédé d'une longue introduction, destinée surtout à des indications bibliographiques.

Le beau sujet entrepris par M. Warnkoenig dans ce volume, l'histoire complète de l'administration politique de la France, n'a été traité chez nous. par personne; mais cela tient moins, croyons-nous, à l'oubli des savants qu'à leur connaissance de la matière et à leur juste crainte de tenter une trop vaste et trop difficile entreprise.

Le tableau dressé par M. Warnkenig est complet dans son ensemble, sinon dans ses détails; on y trouve décrits tous les rouages petits et grands qui ont formé le gouvernement de la France et pris part à son administration depuis l'origine de la monarchie jusqu'en 1789. Ce sont, il est vrai, des descriptions plus succinctes que profondes; mais elles sont toujours accompagnées de notes qui contiennent des renseignements bibliographiques rassemblés avec une abondance et d'ordinaire avec un discernement qui font d'autant plus honneur à l'érudition de l'auteur, qu'il a puisé des documents pour son ouvrage jusque dans les travaux les plus récents. Les écrivains français ne sont pas mieux que lui au courant de ce qui s'écrit en France. Si même il est un reproche général qu'on doive faire à son livre, c'est d'être trop emprunté aux travaux modernes, et de former plutôt une compilation extraite d'ouvrages de seconde main qu'un résultat de solides et véritables études. A l'exception de ce qui concerne l'histoire des communes, nous ne croyons pas qu'on y trouve un seul chapitre produit par l'examen des sources. Il n'en reste cependant pas moins dans le livre de M. Warnkoenig un utile résumé des travaux qu'on a faits jusqu'ici sur l'histoire de l'administration française; c'est un point de départ pour ceux qui voudront pousser plus avant cette étude, et en faire l'objet de méditations plus profondes.

L'histoire des communes a particulièrement intéressé M. Warnkœnig, et il y a donné plus de soin qu'à tout le reste. Dans la seule période féodale (987-1285), il a consacré à ce sujet une étendue de plus de 80 pages, où l'auteur cite en notes comme matériaux de son travail quatre-vingt-cinq ouvrages différents; nous les avons comptés. Voici un résumé qui fera comprendre la manière dont est traitée cette partie de l'ouvrage : « Des classes inférieures, et en particulier de la bourgeoisie et des villes. État des classes inférieures en général. — Après le clergé et les possesseurs de fiefs et d'alleux, c'est-à-dire les gentilshommes, tous les habitants du royaume, soit dans les villes, soit dans la campagne, sont dans une condition inférieure. Bourgeois; vilains; serfs. Nature de la propriété territoriale exercée par le vilain et par l'homme de poeste. Charges qui leur étaient imposées : censes annuelles, corvées, droits de prise, banalités, péages, droits de

mutation, etc. Des villes. Origine de l'organisation municipale. Si l'on compare entre elles les villes de la France sous le rapport de leur état politique à l'époque qui nous occupe, on trouve : 1o des villes avec une constitution municipale romaine, modifiée, où les magistrats portent le nom de consuls. Elles se présentent dans le midi de la France, et sont soit d'anciennes villes qui avaient déjà cette constitution consulaire au commencement du douzième siècle, soit des places fortes qui, fondées au treizième, avaient emprunté ces constitutions aux lieux plus anciens. 2o Des villes avec la constitution échevinale franque; elles avaient éprouvé, au treizième siècle, des modifications, dans quelques points de leur constitution, mais nul changement dans leur état de communauté de jurés. Elles se trouvent surtout au nord et au nord-est de la France. 3o Des villes à communes, c'est-à-dire auxquelles appartient, pour la garantie des priviléges et des constitutions par elles obtenus, le droit de se défendre contre les seigneurs, sous la conduite de magistrats nommés par elles, soit que ce droit leur ait été accordé à la suite d'une insurrection, comme il en avait éclaté dans la plupart des villes de cette classe soumises auparavant à des évêques, soit que ces villes le tinssent d'une libre concession, comme quelques anciennes cités des pays de la couronne. 4° Il y avait beaucoup de villes qui n'avaient aucune concession de commune et étaient administrées par les officiers du roi, mais dont les habitants jouissaient cependant de quelques libertés et priviléges, ou avaient été gratifiés d'une charte incomplète; par exemple, Paris et Orléans, dans les domaines de la couronne. On ne connaît pas encore toutes les anciennes chartes municipales de la France; cependant on a la plupart de celles qui ont été accordées, renouvelées ou confirmées par les rois. La comparaison de ces chartes de commune donne les résultats suivants : 1. Il y a des villes qui ont pour charte celle de Beauvais, qui est de l'an 1122; ce sont Soissons, Vesley et cinq autres petites villes (1185), Compiègne (1186), Sens (1189), Villeneuve-en-Beauvoisis (1200), Senlis (1201), Bray (1210), Crespy-en-Valois (1215), Meaux (1179), Dijon (1183), et d'autres villes de la Champagne et du duché de Bourgogne. 2. D'autres ont la charte de Laon de 1128. Ce sont Reims (1188), Cerny et sept autres petites villes (1184), Crespy (1184), Bruyères et six autres bourgs du Laonnais (1186), Montdidier (1195). 3. Une autre famille de chartes de communes est celle qui a également la charte de Laon pour souche, mais qui en diffère par la rédaction. Ce sont la charte de Saint-Quentin, qui est de 1161 (1), celles de Roye (1183); Chauny (1213); Corbie, Poissy, Triel et Saint-Léger (1222-1223). 4. Famille

(1) Un peu plus loin, pag. 301, l'auteur la range parmi celles qui ont pour type la charte de Noyon. M. Warkœnig n'a pas connu, et ne pouvait guère connaître, la charte primitive de Saint-Quentin publiée récemment, mais d'une manière très-défectueuse, et dont deux élèves de l'École des Chartes préparent une édition nouvelle. C'est la plus ancienne charte de commune que l'on aurait après celle de Strasbourg; elle fut donnée aux habitants de Saint-Quentin dans l'intervalle des années 1043 à 1076.

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voisine de la précédente: Amiens obtint en 1184 une charte qui servit de modèle à celles d'Abbeville (1184), de Dourlens (1203) et des autres villes du Ponthieu. 5. A ces villes on peut joindre celles de Tournai (1187); Péronne (1207); Athies (1212). 6. Les chartes des villes immédiatement soumises à l'autorité royale forment une famille très-importante. Ce sont d'abord Mantes (1150); Chaumont et Pontoise (1182); puis Beaumont, Chambli et Asnières (1222-1228), qui forment une classe à part; puis Rouen, Falaise et Saint-Jean d'Angely; enfin les chartes des villes royales du Gâtinais, dont Lorris est le type. - Tableau chronologique des chartes communales accordées ou confirmées par les rois de France pendant les douzième et treizième siècles. Tableau des très-anciennes chartes de coutumes publiées par La Thaumassière. Étude sur les villes munies d'une charte de coutume. Caractères généraux de leur histoire et de leurs institutions. Des dispositions des chartes de communes qui sont relatives, 1o au droit civil; 2° à la procédure. Histoire sommaire de quelques communes Beauvais, Noyon, Laon, Tournai, Amiens, Saint-Quentin, Mantes, Chaumont et Pontoise; Beaumont-sur-Oise, Chambli et Asnières. Des villes royales sans constitution communale : Lorris, Bourges, Orléans, Étampes, Paris. Des villes de divers pays de la France régis par des seigneurs particuliers: Flandre, Champagne, Normandie, Bourgogne. Des communes dans le midi de la France: Nîmes, Aigues-Mortes, Sisteron, Toulouse, Montpellier. Communes des provinces méridionales de la France soumises au roi d'Angleterre. Table des chartes de communes des provinces de Franche-Comté, Dauphiné et Forez. Des corps de métiers institués dans les villes. >>

Le livre de M. Warnkoenig se termine par un certain nombre de pièces justificatives empruntées à nos grands recueils historiques.

Nous désirons voir bientôt la suite de ce travail, dont les deux autres volumes contiendront l'histoire du droit civil et du droit pénal de la France. C'est un sujet familier sans doute au savant professeur; mais il trouvera, pour l'écrire, une moins belle moisson à faire dans les ouvrages français.

H.-L. B.

HISTOIRE DES GUERRES RELIGIEUSES EN AUVERGNE, PENDANT LES SEIZIÈME ET DIX-SEPTIÈME SIÈCLES, par André Imberdis, avocat. 2o édition, augmentée et revue par l'auteur. Riom, 1846. - Un vol. in-8. de 595 pages, avec planches et une carte de la province d'Auvergne. (Prix : 7 fr.)

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L'analyse de ce travail intéressant et plein de faits n'a pas encore trouvé place dans nos comptes-rendus; mais ce retard a eu son bon côté, puisque la seconde édition se trouve débarrassée de certaines erreurs de détail qui déparaient la première.

L'Histoire des guerres religieuses en Auvergne est divisée en sept livres, qui se subdivisent en chapitres. Elle s'étend depuis l'année 1540, époque où la Réforme commence à être prêchée en Auvergne, jusqu'à la réformation de l'édit de Nantes, en 1685. Cet ouvrage, couronné en 1839 par l'académie

de Clermont, reçut alors cet éloge, « qu'il faisait autant d'honneur au paatriotisme qu'au talent de l'auteur. » Ces obligeantes paroles étaient bien faites assurément pour alléger le souvenir des labeurs préparatoires auxquels M. Imberdis a dû se livrer, et qu'il a décrits, dans son introduction, avec la complaisance et le naïf étonnement d'un érudit un peu novice. Il faut l'avouer toutefois, les débuts de M. Imberdis se sont trouvés porter sur l'une des époques les plus difficiles à traiter, puisque le seizième siècle, malgré la foule de ses écrivains, est resté l'un de ceux pour lesquels la science historique a le moins fait.

Les chapitres qui nous semblent le mieux traités sont le second du livre Ier, où se trouve raconté le supplice du réformé Brugière, à Issoire; le chapitre 1er du livre III, dans lequel, après avoir nié l'existence de cette lettre fameuse, où le gouverneur Saint-Hérem aurait refusé, d'après Voltaire, d'exécuter la Saint-Barthélemy en Auvergne, l'auteur explique pourquoi les ordres sanguinaires de la cour des Valois sont restés sans effet dans cette province. On remarque, dans le chapitre 2 du livre V, une curieuse description des États ligueurs de Saint-Flour et de Billom; dans les chapitres 2 et 3 du livre VI, des documents et des détails très-dramatiques, auxquels la connaissance des localités ajoute beaucoup de prix; enfin, dans le chapitre 2 du livre VII, des renseignements nouveaux et importants sur le rachat des places fortes de l'Auvergne, par Henri IV. Malheureusement, toutes les bonnes qualités de ce livre sont grandement obscurcies par un seul défaut, mais capital, l'inexpérience du style historique. L'auteur s'étonnera peut-être de cette observation, lui qui a prodigué les images, les apostrophes, les inversions, les néologismes; mais c'est là précisément le sujet de nos plaintes. Ce n'est pas ainsi, selon nous, qu'il faut traiter l'histoire, et cette confusion de tous les tons et de tous les genres nous a paru fort irrévérencieuse pour elle. Nous craignons même que les témérités de son ardente imagination n'aient poussé l'auteur jusqu'à offenser la langue française; car, une fois sur la pente des innovations, il est difficile de ne pas entreprendre un peu partout. L'abus de la description est aussi l'un de ceux auxquels M. Imberdis se livre avec le plus d'entraînement. Pourquoi, par exemple, lorsqu'il est question de la moindre villette de l'Auvergne, remonter jusqu'à ses origines celtiques, et raconter son histoire jusqu'au seizième siècle? Vous voulez du mouvement; marchez, et d'abord supprimez tous ces épisodes. Mais qu'on nous permette de revenir sur les dangers du lyrisme en histoire. On connaît la lettre où Marguerite de Valois, écrivant à Sully, traite de bagasse la défunte duchesse de Beaufort; eh bien, M. Imberdis, qui transcrit ailleurs avec soin les documents originaux qu'il a recueillis, a tronqué et dénaturé cette lettre, pour se ménager un effet oratoire (1). Ces licences sont interdites à tous, et particulièrement à l'au

(1) Cf. Hist. des guerres religieuses en Auvergne, 2o édit., p. 520, et Economies royalles, t. I de l'édition in-fol., chap. 91.

teur qui avait jugé nécessaire, et avec raison, de démontrer la fausseté de la dépêche de Saint-Hérem.

La manière dont les sources sont indiquées au bas des pages nous semble aussi très-défectueuse; nous aurions encore souhaité qu'il terminât la seconde édition de son livre par une table alphabétique des matières : la table des chapitres est tout à fait insuffisante. Pourtant voici un ouvrage trèsutile à connaître; et nous croyons bien volontiers M. Imberdis, lorsqu'il nous dit que, pour le composer, « il prit le bâton du voyageur, alla par l'antique province, quêtant recueils et parchemins abandonnés, chartes « et registres confondus dans une poussière trois fois séculaire, et que la «< collecte a été bonne. » E. DE F.

«

CHRONIQUE.

Septembre Octobre 1846.

En annonçant dans notre dernière livraison le prix obtenu par M. Guessard à l'Académie française, nous promettions à nos lecteurs un compte rendu de la séance où ce prix devait être décerné. Le sujet mis au concours était, comme on sait, un Vocabulaire des principales locutions de Molière. La nouveauté de la question, qui est comme un appel de l'Académie à l'étude philologique de nos grands écrivains; l'heureux choix de l'auteur désigné aux concurrents pour faire entrer la science grammaticale dans cette voie fructueuse; le brillant résultat de la tentative qui a fait que la récompense promise a dû être doublée, au sentiment des juges, pour satisfaire deux concurrents de force égale; enfin le talent reconnu de M. le secrétaire perpétuel à faire valoir les choses, quand il veut tout cela nous donnait lieu d'attendre de lui quelque remarquable morceau de doctrine, dont notre recueil eût été trop heureux de faire son profit. En cela nous nous sommes trompés. Le concours de Molière n'a pas souri au spirituel orateur de la tribune Mazarine, et tout ce qu'il en a dit s'est ressenti du peu de cas qu'il en faisait. L'intention visible de réduire à néant l'importance de la question, une mauvaise grâce achevée à parler des lauréats, voilà tout ce que nous avons pu saisir dans cette partie de son discours, d'ailleurs obscure, embarrassée, d'une déduction équivoque, et qui, des qualités ordinaires à M. Villemain, n'a que la malice.

Voici le passage : « En dehors de ses prix ordinaires, l'Académie avait à juger cette année des recherches d'érudition et de goût sur notre langue. C'était l'essai d'un nouveau concours. En proposant une étude détaillée du style de Molière, elle voulait qu'on y cherchât ce travail commun du génie d'un homme et de l'esprit d'un siècle, et cela dans la forme d'ouvrage qui, par la peinture des passions du cœur et des accidents de la vie sociale, par le

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