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tredit royaume, se par nous ne lui estoit impartie nostre grace et miséricorde, très humblement requerant icelle : Pour ce est-il, etc. Si donnons en mandement â noz amez et feaulz les genz tenans et qui tiendront nostre dite court de parlement de Thoulouse, audit seneschal de Carcassonne et ausdiz viguier et juge de Besiers, et à tous noz autres justiciers, etc.

Donné aux Montilz, au moy de septembre, l'an de grace mil CCCC LXX. et de nostre règne le dixième.

Ainsi signé PAR LE ROY, les sires DE BUEIL, DE LA FOUREST, maistre Pierre d'ORIOLE et autres présens FLAMENG. Visa. Contentor. Du BAN.

ÉPIGRAMME

DE

JEAN ROBERTET

CONTRE UN MAUVAIS PEINTRE.

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Jean Robertet, de Montbrison, fit, comme poëte, les délices de la cour du duc de Bourbon, Jean II. Sa grande réputation fut cause que Louis XI se l'attacha par une pension, faveur qui amena plus tard les Robertet au service des rois de France, et qui prépara l'élévation rapide de leur famille; car Florimond Robertet, fils de Jean, fut secrétaire d'État pour les finances, et le ministre le plus influent de Louis XII après la mort du cardinal d'Amboise.

Les œuvres de Jean Robertet n'ont jamais été réunies; mais des morceaux de lui se trouvent çà et là dans les éditions des poëtes qui ont précédé la renaissance. Il a travaillé aux Douze dames de rhétorique, volumineuse allégorie qui a été mise au jour dans ces derniers temps. Tout cela est très-froid et très ennuyeux. Cet auteur n'était pas de la bonne école française. Au lieu de suivre les traces de Villon, il s'évertuait à imiter la phraséologie pompeuse et obscure du Flamand Chastellain, dont il n'avait pas le génie; sans doute il eût mieux fait s'il ne se fût pas pris d'admiration pour ce dangereux modèle. Les quelques vers qu'on va lire prouvent qu'il était homme d'esprit, et que s'il eût voulu il aurait eu du naturel. Il s'y moque très-agréablement d'un certain Roger de Saint-Lô, méchant peintre de province, qui avait conservé le faire de son pays, lorsque l'exemple de l'Italie avait déjà changé le goût des grands seigneurs français en matière de tableaux. Robertet met en opposition avec ce pauvre hère le Pérugin et les peintres du feu roi de Sicile, c'est-à-dire du roi René; précieuse circonstance d'où il résulte que René d'Anjou entretenait autour de lui plusieurs peintres de talent, et qu'ainsi c'est à ces maîtres ignorés qu'il faut attribuer tant de beaux ouvrages qui passent pour être de la main du vieux roi (1).

(1) Par exemple le tableau du Buisson ardent qui est dans la cathédrale d'Aix ; ce

On remarquera encore que l'épigramme de Robertet est des plus anciennes qui existent dans notre langue, ce genre de poésie n'ayant commencé à être cultivé chez nous qu'à la fin du quinzième siècle. On peut lui assigner pour date les dernières années du règne de Charles VIII. Elle est tirée du manuscrit de la Bibliothèque royale, no 7686 (fo 95), qui est un recueil de vers écrit du temps de François Ier par un Robertet de la lignée du poëte lui-même. Nous la donnons avec le titre qu'elle porte dans ce manuscrit.

Soubz une meschante paincture faicte de mauvaises couleurs et du plus meschant peinctre du monde par manière d'yronnie par Me Jehan Robertet.

Pas n'approchent les faictz maistre Rogier
Du Perusin, qui est si grant ouvrier,
Ne des painctres du feu roy de Cecille;
Et semble bien qu'il n'est pas savetier
Le compaignon, mais homme très abille.
En perspective est ung peu inutille;
Pareillement à faire un doulx visaige;
Mais il m'a dit qu'à Sainct-Lo est l'usaige
D'ainsi le faire par les hostelleries,
Et qu'au mestier fut en apprentissaige
Trente six ans, non compris les féries.

lui du Jugement dernier, dans l'église de l'hôpital à Villeneuve-lès-Avignon, etc. Déjà un excellent critique en fait de peinture, M. Sulpice Boisserée, dans une lettre adressée au ministre de l'instruction publique, avait soupçonné ce fait et réduit le talent de René d'Anjou à celui d'enlumineur (Bulletin du comité historique des arts et monuments, t. 1, p. 106).

BULLETIN BIBLIOGRAPHIQUE.

FRANZÖSISCHE STAATS UND RECHTSGESCHICHTE; von L. 1. Warnkönig und L. Stein. Erster Band: Französische Staatsgeschichte von L. A. Warnkœnig. — Histoire du gouvernement et du droit en France. Premier volume: Gouvernement; par M. Warnkœnig. Bâle, 1846; in-8° de 760 pages.

« La pensée d'écrire une histoire du gouvernement de la France et du droit français n'a pas besoin d'une longue justification. Ce n'est pas en France seulement qu'est reconnue depuis longtemps la nécessité d'un ouvrage de ce genre, et il est indispensable pour la perfection de la science des lois en Europe que l'origine du droit de l'un des premiers peuples du continent soit l'objet d'une lucide exposition. L'Allemagne, qui tend en notre siècle au sommet le plus élevé, au plus large embrassement de la jurisprudence, doit coopérer à combler cette grande lacune de la littérature juridique. Tenter une telle entreprise sera toujours, quel qu'en soit le succès, rendre un service aux savants. Les jurisconsultes de l'Allemagne occidentale ont à profiter d'explications plus exactes sur les fondements historiques du droit, qui, en vigueur chez eux depuis le commencement du dix-neuvième siècle, leur est devenu cher par un usage de quarante ans. Longtemps a régné, parmi les savants et les hommes d'État allemands, l'idée que ce droit étranger découlait d'une source impure; que c'était un fruit des temps d'horreur de la révolution française et du despotisme de Napoléon. Déjà, pour détruire cette opinion, qui assurément est encore un peu plus répandue aujourd'hui, il vaut la peine de s'informer du passé de la jurisprudence française. De cette recherche résultera la réponse rassurante, que le droit germanique et le droit français n'ont rien d'essentiellement différent, et que leurs fondements à tous deux ne sont autres que le droit romain et le droit germanique unis par le christianisme et les vues philosophiques des trois derniers siècles. Seulement le développement de cette fusion a été prompt chez les populations françaises, naturellement vives, et formant un seul État, qui, après la victoire de l'autorité royale sur le régime féodal, parvint à l'unité de bonne heure. Baden et la rive gauche du Rhin ne sont donc pas soumis à une législation complétement étrangère à l'Allemagne, mais à un droit qui est le même chez tous les peuples germaniques de l'Europe chrétienne; seulement sa forme vient des rives de la Seine, tandis que sa substance même est issue des principales sources du droit civil de l'Allemagne et des coutumes particulières de provinces primitivement habitées par les Franks. »

Ces paroles, qui s'adressent aux lecteurs allemands, sont la traduction des premières lignes de l'ouvrage de MM. Warnkoenig et Stein. Le but de cet ouvrage est de présenter, en trois volumes, un grand ensemble d'études

sur l'histoire des institutions françaises. L'un des trois volumes sera consacré à l'histoire du droit civil, l'autre à l'histoire de la procédure et du droit criminel; un autre enfin, servant d'introduction aux deux précédents, contient l'histoire de l'administration de l'État, c'est-à-dire le grand cadre auquel se rattachent les modifications peu apparentes que subissent chaque jour les institutions civiles d'un pays. Ce volume, dû à M. Warnkœnig, est le seul paru jusqu'à présent.

On voit par la citation qui précède qu'il ne s'annonce pas comme fait pour nous, ni pour nos amis, mais pour nos voisins seulement; on voit aussi que, tout en jouissant des bienfaits de notre équitable et belle législation, les savants et les hommes d'État de l'Allemagne rhénane déplorent ces bienfaits répandus chez eux par le torrent impur des idées de la révolution française. Pour les rassurer contre cette fâcheuse origine, M. Warnkoenig leur apporte, dit-il, cette parole tranquillisante (1), que nos codes civil, pénal et autres, malgré leur forme française, sont des lois à demi germaniques au fond. A la place des Allemands, c'est là une assertion par laquelle nous serions fort peu tranquillisés. Au reste, ce singulier début du livre que nous analysons n'empêche pas le reste de l'ouvrage d'être un bon et utile travail, dont nous allons donner rapidement une idée.

M. Warnkoenig, successivement professeur de droit français à Liége, à Fribourg et aujourd'hui à Tubingue, n'est pas un nouveau venu dans le monde savant de notre pays : il fait partie depuis longtemps de la Société royale des Antiquaires; il publié une histoire de la Flandre et de ses institutions; c'est à lui enfin qu'on doit l'édition des OEuvres de Henri Klimrath, imprimée à Strasbourg en 1843. Son nouveau volume est donc écrit d'une main sûre et familiarisée avec la littérature et l'histoire de notre pays.

M. Warnkoenig a divisé son travail en cinq livres, qui correspondent à autant de périodes historiques: 1o temps antérieurs à l'invasion francke; 2o période francke; 3° période féodale, de 987 à 1285; 4° suite de la période féodale, de 1285 à 1483; 5° temps modernes, de 1483 à 1789. Puis, dans chacun de ces livres, sauf dans le premier où la différence des temps est trop grande pour se prêter à cette disposition, l'auteur donne rapidement un exposé 1o des événements politiques accomplis pendant la période ;

(1) Beruhigende Antwort. La phrase entière vaut la peine d'être citée : « Lange herrschte unter den deutschen Gelehrten und Staatsmaennern die Ansicht, diess fremde Recht sei aus unlauteren Quellen geflossen, eine Geburt der Graeueljahre der Franzoesischen Revolution und des Napoleon'schen Despotismus: Schon um diese, jetzt freilich wenig mehr verbreitete, Meinung zu verstreuen, lohnt es sich der Mühe, die Vergangenheit des franzoesischen Rechts zu befragen. Sie wird die beruhigende Antwort geben: dass deutsches und franzoesisches Recht wesentlich nicht verschieden sind, indem die Grundlagen beider keine andern sind als roemisches und germanisches Recht vereint durch das Christenthum und die philosophischen Ansichten der drei letzten jahrhunderte. »

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