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I.

Charles, par la grace de Dieu, Roy de France, à noz amés et féauls les généraulx conseillers à Paris sur le fait des aides ordenez pour la guerre, salut et dileccion. Savoir vous faisons que pour contemplacion des bons et agréables services que nostre amé sergent d'armes et maçon maistre Raymon du Temple nous a fais, fait encores de jour en jour, et espérons qu'il nous face ou temps avenir, nous avons donné et octroié, donnons et octroions par ces présentes ceste fois de grace especial à Charles du Temple, nostre filleul, son filz, la somme de deux cens frans d'or, pour tenir et gouverner nostre dit filleul à l'estude à Orliens, où il est escolier de présent, et pour lui acheter des livres et autres choses necessaires pour lui, à prendre et avoir iceulz Ir frans de et sur nos diz aides. Si vous mandons que des deniers d'iceulz aides vous faciez bailler et délivrer audit nostre filleul ou à son certain commandement ladicte somme de Iro frans, laquelle, par rapportant ces présentes et lettres de recongnoissance dudit nostre filleul, nous voulons estre alloée sans contredit ès comptes de celui ou ceulz à qui il appartiendra par noz amez et féauls gens de noz comptez à Paris, nonobstant quelconques dons par nous autrefois fais à nostre dit filleul, ordenances, mandements ou deffenses à ce contraires. Donné à Paris, en nostre hostel de Saint Pol, le v jour de décembre, l'an de grace mil ccc soixante et seize, et le XIIIe de nostre regne.

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Par le Roy, Blanchet.

Saichent tuit que je, Charlot du Temple, escolier à Orléans, confesse avoir eu et receu de François Chanteprime receveur général à Paris sur le fait des aides ordennez pour la guerre, par la main de Jaques Francoiz receveur des diz aides ou diocèse de Laon, la somme de deux cens frans d'or qui deubz m'estoient pour cause de certain don à moy fait par le Roy nostre dit seigneur pour moy tenir et gouverner à l'estude audit lieu de Aorléans et pour acheter des livrez. De laquelle somme de deux cens frans d'or dessus dicte, je me tieing à bien paié et content et en quicte

le Roy nostre dit seigneur, ledit receveur et touz autres à qui quictance en peut et doit appartenir. En temoing de ce, j'ay mis mon seel à ces présentes. Quictance faite le vre jour de novembre, l'an mil CCCLX dix et sept.

III.

Loys, filz de Roy de France, duc d'Orliens, conte de Valoiz et de Beaumont, à nostre amé et féal trésorier Jehan Poulain, salut et dilection. Pour considération des bons et agréables services que nous a faiz et fait chascun jour nostre amé Maistre Remon du Temple, sergent d'armes et maistre des euvres de maçonnerie de Monseigneur le Roy, et des peines et travaulz qu'il a eu et a continuelement pour noz euvres tant de nostre chappelle que nagaires avons fait faire et édifier coste l'église des Célestins de Paris, comme de nostre hostel de Bahaigne, nous lui avons donné et donnons de grace especial par ces présentes la somme de deux cens frans d'or, à yceux prendre et avoir pour une foiz, des deniers de noz finances. Si vous mandons que des deniers de noz dites finances vous paiez, baillez et delivrez audit maistre Remon ou à son certain mandement ladite somme de Ir frans, et par rapportant ces présentes et quictance souffisant, icelle somme sera allouée en voz comptes et rabatue de vostre recepte par noz amez et féaulz gens de noz comptes sanz aucune dificulté ou contredit, non obstant quelconques ordenances, mandemens ou defenses à ce contraires. Donné à Paris le vIII. jour de juillet, l'an de grace mil ccc. 1111** et quatorze. Par Monseigneur le duc, Vous présent, H. GUINGANT (1).

ĮV.

Saichent tuit que je, Ramon du Temple, sergent d'armes et maistre des euvres du Roy nostre sire, confesse avoir eu et receu de Jehan Poulain, trésorier de Monseigneur le duc d'Orléans, la somme de cent livres tournois, en déduction et rabat de la

(1) Scellé en queue de parchemin du grand sceau du duc d'Orléans, de cire rouge, à moitié brisé. On ne lit plus de la légende que les mots.... llimontis super Isaram... Au contre-sceau, le heaume et l'écu d'Orléans soutenus par deux faucons.

somme de rr livres tournois, lesquels mondit Seigneur m'a donnez pour une foiz de grace espécial, pour consideracion des bons et agréables services que je lui ai faiz et fais chascun jour, si comme par mandement de mondit Seigneur donné à Paris le VIIIe jour de juillet l'an mil CCC III et XIII puet apparoir; de laquelle somme de c. livres tournois dessus dicte je me tieng pour content et bien paié et en quicte ledit Seigneur, sondit trésorier et tous autres. Donné en tesmoing de ce soubz mon seel, le xxre jour d'octobre l'an mil ccc IIII** et quatorze. (Scellé, sur queue de parchemin et en cire rouge, du sceau décrit ci-dessus, p. 43.)

XX

Dans une collection particulière que nous avons citée quelquefois, celle de M. H.-L. Bordier, nous avons trouvé la quittance donnée par Raimond du Temple pour le restant de la somme dont le duc d'Orléans lui avait fait don au mois de juillet 1394. Elle porte aussi un sceau dont le dessin, plus distinct que celui des sceaux précédents, laisse voir que la tête barbue servant de cachet à notre architecte a les yeux couverts d'un bandeau noué au-dessus de la nuque et dont les coins voltigent comme ceux d'un diadème. Cette dernière quittance, délivrée comme la précédente au trésorier Jean Poulain et conçue dans les mêmes termes, est datée du 7 août 1395.

J. Q.

RÉPRESSION

DE DÉSORDRES

AUX ENVIRONS D'AGDE

EN 1470.

Les historiens se sont plus apitoyés sur la fin tragique du dernier comte d'Armagnac qu'ils n'ont cherché à mettre en évidence les motifs de la colère de Louis XI contre lui. Qui ferait la récapitulation des crimes et des désordres que cet homme abominable commit ou favorisa pendant dix ans, dans tout le midi de la France, mettrait fin assurément aux regrets du meurtre dont il fut victime; mais un tel calcul n'est pas facile à faire. Nos chroniqueurs, toujours fort ignorants de ce qui s'est passé au delà de la Loire, sont loin d'en fournir les éléments. La Chronique Scandaleuse, la seule de ce temps-là qui parle du comte d'Armagnac, se borne à mentionner les mesures de rigueur prises contre lui à trois ou quatre reprises, mesures dont on ne comprend pas la portée, parce que l'annaliste ne spécifie pas les actes qui les avaient motivées. Ces actes, il faut les chercher dans les documents judiciaires, où ils se trouvent incidemment rapportés à cause des procès qu'ils firent naître plus tard. Les archives du parlement de Toulouse, celles du Palais de Justice et de l'hôtel Soubise, à Paris, fourniraient sur cette matière de quoi remplir un volume.

C'est au dernier de ces dépôts qu'a été empruntée la pièce que nous publions ici pour la première fois. Elle provient du 196 registre du Trésor des chartes, où elle est insérée sous le no 46. Elle nous apprend le nom, les prouesses et la fin de l'un des hommes de confiance du comte d'Armagnac. Les circonstances tout à fait inconnues qu'elle relate se rattachent à un événement qui lui-même est à peine indiqué dans l'histoire, par la raison alléguée ci-dessus. Il s'agit de la seconde révolte du comte d'Armagnac contre Louis XI, en 1469. Ou n'ignore pas quelle indulgence ce roi, plus sévère pour d'autres, avait montrée jusqu'alors au comte d'Armagnac. A son avénement, il lui rendit ses biens con

fisqués par Charles VII, et le releva de l'infamie qu'il avait encourue pour s'être marié avec sa propre sœur. Trahi par lui lors de la guerre du Bien public, quoique les autres confédérés fussent assez disposés à le sacrifier, il le renvoya dans son pays, sans rien plus exiger de lui que le serment d'être fidèle à l'avenir. Ce serment fut prêté sur l'Évangile. Trois ans après, le comte d'Armagnac livra les côtes de la Gascogne aux Anglais, et celles du Languedoc aux Aragonais. Alors le roi revêtit Dammartin de pouvoirs extraordinaires, et l'envoya dans le Midi pour en finir avec l'incorrigible perturbateur dont les manœuvres mettaient en danger tant de pays. Le comte d'Armagnac, débusqué successivement de toutes ses villes et châteaux, fut réduit à s'enfuir presque sans suite dans les montagnes du Guipuzcoa, où il tenait quelques fiefs du roi de Castille. Ses partisans se virent non moins vertement poursuivis, et ceux qui purent échapper aux gens d'armes de Dammartin, ne purent se maintenir dans le pays qu'en s'y cachant pour vivre de brigandage. Telle est l'histoire du héros de notre document.

C'était un cordelier du nom de Pellet. Quelques paroles de lui, rapportées en languedocien dans la pièce du Trésor des chartes, font voir qu'il était méridional. Il jeta, comme on dit, le froc aux orties, se fit appeler Coquillon, et reçut un commandement du comte d'Armagnac. Pendant l'insurrection de 1469, il tint pour ce seigneur la forteresse de Severac, qui était une place importante, fermant tous les passages du mont Cantal. Chassé de ses retranchements, Coquillon quitta le Rouergue, et descendit vers la Méditerranée, où l'appelait une vieille rancune qu'il avait contre l'évêque d'Agde, ayant tâté dans le temps de la prison de ce prélat. Tant que l'autorité ne fut pas rétablie dans cette partie du Languedoc, Coquillon usa d'Agde comme d'une ville à lui; il envoyait ses gens y prendre refuge quand les soldats du roi les rencontraient dans la campagne, les faisait effrontément mettre en franchise avec leur butin dans le sanctuaire de la cathédrale, et menaçait la ville effrayée de la visiter en personne. Mais un jour les habitants d'Agde et les officiers de l'évêque se sentirent assez forts pour tenir les portes fermées contre Coquillon et ses gens. Alors celui-ci fut réduit à errer sur les grèves autour de la ville, ne vivant plus que de ce que lui apportaient les croiseurs entretenus sur toute cette côte par le roi don Juan d'Aragon.

Pendant que la bande de Coquillon végétait dans cette situation précaire, le viguier d'Agde prit son temps, et fit contre elle une sortie si bien conduite, que capitaine et soldats furent investis et forcés de s'enfermer dans une tour isolée sur le bord de la mer. On les somma de se

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