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Besançon, des sceaux, etc. Au moyen àge, les méreaux, c'est-à-dire de petits jetons en métal, servirent à peu près au même usage que les tessères dans l'antiquité. Ils s'employaient pour constater, soit l'acquit de droits et d'impôts, soit la valeur de la paye journalière des ouvriers employés à des ouvrages d'utilité publique. Dans ce dernier cas, au bout d'un laps de temps plus ou moins long, on les échangeait contre de l'argent; mais dans l'intervalle, ces pièces étaient reçues par les marchands comme monnaie courante. Les méreaux tenaient lieu encore de ce que nous appelons aujourd'hui des jetons de présence. Ainsi on en distribuait aux assistants dans les assemblées des corporations et des confréries. Le relâchement des mœurs du clergé et le peu d'assiduité des chanoines, des chapelains et des clercs, à assister aux offices, avaient aussi rendu nécessaire la distribution de méreaux aux ecclésiastiques présents dans l'église à un certain moment du service divin. Cet usage, qui persista jusqu'à la révolution française, remontait fort haut, car il en est très-souvent question dans la relation des visites pastorales d'Odon Rigaud, archevêque de Rouen au milieu du treizième siècle. Après avoir énuméré et décrit les méreaux connus, M. de Fontenay a passé à la description des jetoirs usités autrefois dans les administrations. A la chambre des comptes, par exemple, les conseillers ou auditeurs munis d'une bourse de jetons suivaient attentivement la lecture faite à haute voix des comptes qu'ils devaient vérifier, et ils marquaient les sommes en jetant devant eux des jetoirs, qui avaient une valeur déterminée d'après l'ordre où on les rangeait, comme cela se pratique encore dans divers jeux de cartes. Ensuite ils déjetaient, c'est-à-dire qu'ils faisaient l'addition. Les légendes des jetoirs donnaient en général des avertissements : « Pour bien jeter et déjester, fault bien entendre et po(int) parl(er): - Gétés et entendés au compte et vous gardés de mescompte.

M. de Fontenay a donné, planche IX, fig. I, la représentation d'un jetoir allemand, où se trouve figuré, d'un côté un abaque ou comptoir, et de l'autre une espèce de carré magique. A propos de l'abaque, il aurait pu ajouter qu'une machine de ce genre est encore usitée aujourd'hui chez les Russes, qui l'ont probablement empruntée aux Chinois, et s'emploie même chez nous dans les écoles primaires.

Le mémoire de M. de Fontenay est accompagné de seize planches, contenant chacune environ douze ou quinze figures. Les huit premières sont consacrées aux méreaux, et les autres aux jetoirs et à diverses médailles du dix-septième siècle. LUD. L.

LETTRES SUR L'HISTOIRE MONÉTAIRE DE LA NORMANDIE ET DU PERCHE, par M. Lecointre-Dupont. Paris, Dumoulin, 1846; 152 pages in-8°, fig.

Les lettres sur l'histoire monétaire de la Normandie sont au nombre de quatre. La première est relative aux monnaies frappées avant la réunion de cette province à la couronne. Les deux suivantes comprennent le treizième

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et le quatorzième siècles et la première moitié du quinzième ; l'auteur y a joint comme appendice un tableau indiquant le poids, le titre, la valeur d'émission et la valeur actuelle des monnaies de Henri V, frappées en Normandie, avec la date des ordonnances qui ont prescrit leur fabrication. La dernière lettre est relative à plusieurs monnaies historiques frappées en Normandie au seizième siècle, telles que l'écu d'or, frappé à Rouen par les protestants, en 1562, le demi-écu d'argent et le demi-franc de Henri IV, frappés à Saint-Lô, l'un en 1589, l'autre en 1590.

Après la lettre sur l'histoire monétaire du comté du Perche, viennent des pièces justificatives fort nombreuses, qui occupent environ le tiers du volume. Elles sont au nombre de vingt-trois, et en partie inédites. L'une d'elles provient des archives de la Tour de Londres; c'est une ordonnance datée du 12 janvier 1420, pour la fabrication à Rouen d'écus d'or et de gros de billon à un nouveau type.

DOCUMENTS INÉDITS ou peu connus sur Montaigne, recueillis et publiés par le docteur J. F. Payen. Paris, Techener, 1847, in-8° de 44 pages, avec un portrait et des fac-simile.

Ce petit volume est l'ouvrage d'un homme qui a fait une étude toute particulière de Montaigne et de ses écrits. Il contient plusieurs lettres de Montaigne, dont M. Payen a pris soin de discuter l'authenticité. Une lettre adressée à Henri IV, et qui a été publiée par M. Macé dans le Journal de l'instruction publique (4 novembre 1846), la lettre de la collection de madame de Castellane, qui avait été arguée de faux; une lettre publiée par M. Gustave Brunet dans le Bulletin du Bibliophile (juillet 1839), etc. On y trouve aussi une remontrance faite au roi de Navarre au nom de la ville de Bordeaux, datée du 10 décembre 1583, signée de Montaigne, mais non écrite par cet homme illustre; quelques lettres adressées à Montaigne par Henri III, Henri IV, Duplessis-Mornay et Antoine Loisel; des annotations écrites par Montaigne sur des livres connus, et enfin des fac-simile de l'écriture de Montaigne, de la Boëtie, de Marie de Gournay, etc. C'est un recueil intéressant et fait avec soin. F. B.

HISTOIRE DE LA VILLE DE LAON et de ses institutions, par M. Melleville; Laon et Paris. Dumoulin, 1846, 2 vol. in-8°, fig.

Tome Ier, liv. I. Description géologique du territoire de Laon. État ancien du pays. — Forêts. — Provinces dont le Laonnais a autrefois fait partie. Origine de Laon. - État ancien et moderne de la ville. — Rues, places, cimetières. - L. II. Monuments civils. - Palais royal. Tour de Louis d'Outre-mer.- Ancien beffroi communal. Monuments militaires. Château Gaillet. Citadelle. Casernes.-Monuments religieux.-Description et histoire des églises et des chapelles de Laon (un chapitre tout entier est consacré à la cathédrale).

Objets d'art.

Tableaux.

Bas-reliefs.

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Monnaies romaines et du moyen âge. Tombeaux. L. III. Usages reli

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Mœurs et

gieux. Cérémonies observées à la prise de possession du siége de Laon par les évêques. Associations religieuses. Funérailles. - Rites. - Épîtres farcies. Fêtes des fous et des Innocents. Primes folles. Mystères. Usages féodaux (ce chapitre ne renferme pas deux pages). usages populaires. L. IV. Droits féodaux. Impôts. Finances municipales, revenus de la ville. · Industrie et commerce, mesures. et métiers. Confréries. Foires et marchés. Institutions civiles. Administration municipale.

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Population.
Commune.

Corps Liv. V.

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Anciens

vinage. Liste des mayeurs, prévôts, gouverneurs, présidents de municipalité et maires de Laon. Établissements de bienfaisance. hôpitaux. Instruction publique. Écoles et colléges. — Sociétés savantes. Bibliothèques, Archives. L. VI. Institutions judiciaires. Anciennes juridictions civiles. Coutumes. Prévôtés foraines. Liste des prévôts. Grand bailliage. Liste des grands baillis du Vermandois. Justice seigneuriale. Juridiction ecclésiastique. Tribunaux de l'officialité du Vidame. Juridiction du chapitre et des abbayes. L. VII. Institutions féodales. Liste des comtes et gouverneurs de Laon. Le châtelain. Institutions militaires. Maréchaussée. Institutions financières.

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Tome second. L. VIII. Institutions religieuses. Élection, priviléges, cour et liste biographique des évêques de Laon. - Établissements religieux. Chapitres, abbayes, prieurés, couvents. Templiers. Béguines. Reliques. Richesse, revenus, mœurs du clergé. L. IX. Histoire politique. — L. X. Biographie des personnages célèbres nés à Laon. Cet ouvrage nous a paru utile à consulter. Nous regretterons seulement que l'auteur n'ait pas, dans le cours de son livre, renvoyé aux sources dont il s'est servi. Mais nous comprenons qu'il s'en soit abstenu si son livre est entièrement fait par le même procédé que son chapitre de la cathédrale de Laon, lequel est impudemment copié sur un opuscule de M. J. Marion, publié en 1843.

GEOFFROY CHAUCER, poëte anglais du quatorzième siècle. Analyses et fragments, par H. Gomont. Paris, Amyot, 1847. 284 pages in-18. Geoffroy Chaucer, le créateur du pur anglais, comme disait Pope, naquit à Londres vers 1330. Marié à une sœur de Catherine Rosset, la maîtresse du duc de Lancastre, il fut d'abord attaché à la personne d'Édouard III, qui, dans un acte de 1367, le qualifie de Valettus noster. Plus tard, il remplit diverses fonctions diplomatiques en Italie et en France. Disgracié sous Richard II, par suite de ses liaisons avec la maison de Lancastre, il acheta, dit-on, par une trahison sa rentrée en faveur. Comblé de bienfaits par Henri de Lancastre, lorsque celui-ci fut monté sur le trône, il mourut, à ce que l'on croit, vers 1400.

« Poëte lettré et populaire, dit M. Villemain, imitant les Latins, les

Italiens et les Français, Chaucer a au plus haut degré l'humour anglaise, le tour d'esprit sérieux et moqueur. » Proclamé par Dryden l'égal d'Homère et de Virgile, il jouit encore chez ses compatriotes d'une immense réputation. En France, si son nom est connu, ses œuvres ne le sont guère; aussi doit-on savoir beaucoup de gré à M. Gomont d'avoir entrepris la tâche assez ingrate de nous faire connaître un écrivain dont la langue doit offrir plus d'une difficulté au traducteur. « Les divers écrits de Chaucer, dit-il dans son introduction, peuvent se diviser en trois classes: 1o les poëmes allégoriques et les songes, fictions bizarres où l'auteur se représente comme transporté durant son sommeil dans un monde idéal; 2° les contes et les récits non allégoriques; 3o les pièces auxquelles on donnerait aujourd'hui le nom de poésies légères. Le tout peut former de quatre-vingts à cent mille vers, chiffre vraiment effrayant, et dont la simple énonciation suffira pour nous faire excuser si nous n'offrons qu'une traduction de morceaux choisis. >>

Les poëmes allégoriques et les songes, outre une traduction tronquée du Roman de la Rose et une composition intitulée la Cour d'amour, empruntée aussi à Jean de Meung, comprennent plusieurs poëmes assez longs. 1o La Complainte de la Pitié, ou Comment la Pitié est morte et a été ensevelie dans un noble cœur ; 2o la Complainte des oiseaux ; 3o le Livre de la Duchesse, tribut funèbre payé à la mémoire de la duchesse Blanche de Lancastre; 4° le Coucou et le Rossignol, lutte poétique entre les deux oiseaux; 5° le Songe de Chaucer, qui finit, comme tous nos vaudevilles, par le mariage des héros de l'auteur et de Chaucer lui-même, avec les da mes de leurs pensées; 6o la Fleur et la Feuille; 7° le Palais de la Renommée. Ces deux derniers poëmes, remarquables à plus d'un titre, ont été, avec le Livre de la Duchesse, traduits presque entièrement par M. Gomont.

Les contes et récits non allégoriques renferment: 1o Troïle et Cresside, poëme en cinq chants, dont le sujet est l'amour que Troïle, fils de Priam, éprouva pour Cresside, fille de Calchas; 2o la Légende des femmes célèbres, qui semble imitée de Boccace, et où figurent Cléopâtre, Thisbé, Didon, Médée, Lucrèce, etc.; 3° les Contes de Cantorbéry, vaste composition qui, bien que non terminée, renferme encore près de vingt mille vers. C'est l'ouvrage le plus remarquable et le plus connu de Chaucer. En voici le sujet :

Chaucer raconte que, se trouvant un jour dans une auberge de Soutwark, il y rencontra vingt-neuf personnes de conditions différentes, qui avaient comme lui l'intention de se rendre en pèlerinage à Cantorbéry, et qu'il fait successivement passer sous les yeux du lecteur. Chaucer dépeint d'abord un chevalier chercheur d'aventures, et qui avait fait la guerre en Afrique, en Asie, en Lithuanie, en Russie, etc.; puis une coquette et pimpante prieure, madame Églantine, parlant le français de l'école de Stratford, car le langage de Paris lui était inconnu. Vêtue III. (Deuxième série.)

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galamment et ayant sur l'un de ses bracelets la devise: Amor omnia vincit, elle portait avec elle des petits chiens qu'elle nourrissait de viandes rôties, de lait et de brioches. Viennent ensuite un moine, un marchand, un clerc d'Oxford, un sergent de la loi, un lord des sessions, un marin, un médecin, une bourgeoise remariée en cinquièmes noces, un curé, un meunier, un porteur d'indulgences, un huissier épiscopal, etc.

Les pèlerins ayant fait connaissance, conviennent, pour charmer les ennuis du voyage, de raconter chacun une histoire. Le chevalier, que le sort a désigné en premier lieu, commence par les aventures de deux chevaliers thébains, Arcite et Palamon, faits prisonniers par Thésée, et qui deviennent amoureux de la belle-sœur de ce prince. Ce poëme, où se trouvent de gracieux détails, et les Rimes du sieur Thopas, où Chaucer, prenant à son tour la parole, ridiculise les romans de chevalerie, sont les seuls morceaux des Contes de Cantorbéry que M. Gomont ait traduits en entier. Pour notre part, nous le regrettons vivement. L'analyse des autres pièces, quelque bien faite qu'elle soit, ne peut donner au lecteur une idée suffisante de l'œuvre de Chaucer, dont le principal mérite, comme l'a dit un critique, est d'offrir, pour le style comme pour les détails, la plus complète peinture de la vie et de la société anglaise du temps.

Les autres petits poëmes de Chaucer sont au nombre de quatorze, dont quelques-uns seulement, le Bon Conseil de Chaucer, Chaucer à sa bourse vide, un Virelai, l'Alphabet de Chaucer, prière à Notre-Dame dont chaque strophe commence successivement par chacune des lettres de l'alphabet, ont été traduits par M. Gomont.

Une bonne introduction, des notes intéressantes, d'utiles tables des matières, complètent ces traductions et ces analyses, que nous aurions vues avec plaisir plus développées et plus complètes. Mais, malgré ces lacunes et grâce au style du traducteur, toujours correct et souvent élégant, on ne pourra plus dire en France du poëte anglais ce qu'en disait feu M. Suard : « Chaucer a eu le sort de tous les écrivains qui ont montré du génie dans les premiers temps de la renaissance des lettres. On l'admire et on le loue beaucoup, mais on le lit peu. » LUD. L.

HISTOIRE DU LIMOUSIN, par M. A. Leymarie, archiviste du département de la Haute-Vienne ; ouvrage couronné par l'Académie des inscriptions et belles-lettres en 1846. Paris, Dumoulin (sans date), 2 vol. in-8°.

Ces deux volumes sont consacrés uniquement à l'histoire de la bourgeoisie, sujet neuf et traité d'une manière intéressante par M. Leymarie. Voici la division de l'ouvrage :

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1er volume, 1re partie. Transformation du municipe en commune. Identité des curiales, des échevins et des prud'hommes. Commune mixte en Limousin, partage du pouvoir entre un seigneur et l'association bourgeoise. Communes bâtardes en Limousin. 2e partie. Organisation de

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