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B. della Baireira, D. Malamosca, Esperos, Aldebertz de San Just, Andreus lo capellas, Bernartz Guillem, Deusde della Baireira, Willelm Rotberte Peire Odembels et Uclo, priors de Bona Cumba, que aquest do receub, e Raimonz Bornadels que lla carta escrius. E de toz aizo au donat Ugo, lo comte de Rodes, per fianza.]

Examen d'entrée. Cet examen consistait, comme l'examen de sortie, en deux épreuves, l'une orale, l'autre écrite. A chaque fois, les candidats ont eu à lire et à expliquer une charte latine et une charte en langue romane du nord, ou, si mieux on l'aime, en vieux français.

Des deux chartes qui ont servi à l'épreuve orale, l'une, qui date de 1212, est une donation de soixante livres dix sols à percevoir à la Saint-Remi sur le guionage de Péronne. Cette donation est faite par le roi Philippe-Auguste à Michel, seigneur d'un lieu que nous croyons être Harnon, en Vermandois. Le père du donataire jouissait déjà de cette rente, qu'il tenait en fief du comte de Vermandois; c'est par suite de la réunion de Péronne au domaine de la couronne que Philippe-Auguste renouvelle la concession. L'acte spécifie qu'elle est faite à titre héréditaire, et d'abord transmissible aux enfants à naître du mariage que le donataire était sur le point de contracter, comme l'indiquent les mots de uxore sua desponsata, sur l'interprétation desquels plusieurs candidats ont bronché.

La seconde charte, datée de 1273, constitue ce qu'on appelait ordinairement des lettres de non préjudice. Le comte de Champagne devait hommage au duc de Bourgogne pour certaines possessions qu'il tenait de lui, et cet hommage devait être rendu, dit la charte, au Ru de Augustines. D'un commun accord, le comte le rendit à Sézanne, ville qui faisait partie de son domaine; mais pour que ce fait ne tirât point à conséquence au détriment du vassal, le duc de Bourgogne fit faire à Sézanne même les lettres qu'on va lire, et qui laissaient subsister l'ancien usage de rendre l'hommage au Ru d'Augustines.

Voici le texte de ces deux chartes:

(Juin 1212.)

Philippus, Dei gracia Francorum rex. Noverint universi ad quos littere presentes pervenerint, quod nos dilecto et fideli nostro Michaeli de Harn. (1), damus sexaginta libras et decem

(1) Avec une abréviation sur l'n. Sans doute Harnone.

solidos parisienses, percipiendos annuatim in festo Sancti Remigii, in guionagio (1) Perone tenendos, tam ab ipso, quam heredibus ejus de uxore sua desponsata, de nobis et heredibus nostris, in feodo et hominagio, sicuti pater ejusdem Michaelis predictum redditum tenebat de domino Perone (2). Et ut hoc firmum habeatur et stabile, presentem paginam sigilli nostri auctoritate roboramus. Actum Compendio, anno Domini Mo. CCo. duodecimo, mense junii.

(Archives du royaume, J, 232, no 11.)

( 18 avril 1273.)

Nous, Robers, dux de Borgoine (3), faisons a savoir à touz ceaus qui sunt et qui saront, que, cum tres hauz princes Henris, por la grace de Deu, rois de Navarre, de Champaigne et de Brie, cuens palatins, fust tenuz à nous fare fare homaige au Ru de Augustines de ce que il tient et doit tenir de nous; et il nos en ait fait homaige, por son gré et por le nostre, à Sezanne (4): ne volons mie que ce li soit atorné à grevance ne à usaige, à lui ne à ses heirs, ne à ses suscessours, de nous ou de nous heirs ou de noz successours, que li homaiges ne soit faiz à Augustines, ou leu desus dit. Ou tesmoignage de la quele chose, nous avons fait seeler ces presentes letres de nostre seel, que furent faites et donées por nous à Sezanne, lo jour de l'Ascension Nostre-Seignour, an l'an de grace mil et duscenz sexante et treze, ou mois de may.

( Archives du royaume, J, 198, no 121.)

Les deux pièces qui ont fait l'objet de la composition écrite datent, l'une et l'autre, du milieu du treizième siècle. La première, de 1243,

(1) Dans l'ancien français guionage, droit payé par les marchands ou voyageurs pour avoir sauf-conduit du seigneur dont ils traversaient la terre. Du Cange, au mot guida, cite plusieurs exemples du même mot, tous tirés de chartes picardes. Une donation de Raoul de Vermandois à l'église de Notre-Dame de Capi, est prélevée précisément sur le guionage de Péronne.

(2) Philippe-Auguste reçut l'hommage des habitants de Péronne en 1191, par suite de la mort de Philippe d'Alsace, comte de Flandre, à qui cette ville était restée ainsi que Saint-Quentin, après la mort de sa femme Isabelle, dernière comtesse de Vermandois.

(3) Son père Hugues venait de mourir, et il n'était duc que depuis quelques semaines.

(4) Sézanne, près d'Épernay (Marne).

émane de l'official de Troyes. Elle constate la vente d'une rente assise sur le portage de Troyes, vente faite par Helye, dame de la Vacherie, veuve d'un chevalier nommé Fromont, à Thibaut, roi de Navarre et comte de Champagne.

La seconde, qui est de 1245, concerne la fameuse abbaye du Paraclet, et se rattache à une transaction dont les auteurs du Gallia christiana ont eu connaissance (1). Il s'agit d'un échange de bois appartenant à la communauté, qu'Ermengarde, troisième abbesse après Héloïse, fit avec le même Thibaut, roi de Navarre et comte de Champagne. Ce prince, pour se faire un parc au-dessus de Pont en Montmorvois (serait-ce Pontsur-Seine, qui était ainsi dénommé au treizième siècle ?), prit de gré à gré, des religieuses du Paraclet, cent soixante-treize arpents de bois, en compensation desquels il leur concéda cent seize arpents d'autres bois, sis en meilleur terroir et estimés faire l'équivalent par jugement d'arbitres. Les conditions de la cession du comte furent l'affranchissement de tout droit de gruerie et d'usage, ainsi que l'abandon aux religieuses des amendes pour délits et contraventions commis dans ledit bois. C'est pour faire connaître ces conditions que notre charte a été rendue. Comme le Gallia christiana relate un acte de même date, qui constaterait l'acceptation par Ermengarde de cent soixante arpents de bois prélevés sur le parc de Pont, il est évident que les bénédictins ont été trompés par une lecture trop précipitée ou par une mauvaise analyse du titre auquel ils ont fait allusion, et que cette prétendue acceptation des bois de Pont n'est autre chose que l'échange même dont on vient de lire les clauses.

Universis presentes litteras inspecturis magister Nicholaus, officialis trecensis, salutem in Domino. Noverit universitas vestra quod in nostra presentia constituta nobilis mulier Helya, domina de Vacaria (2), relicta Fromondi, militis, spontanea voluntate sua recognovit et confessa est coram nobis se vendidisse illustri viro Theobaldo, Dei gratia regi Navarre, Campanie et Brie, comiti palatino, decem et septem libras pruvinenses, quas ipsa in portagio (3) Trecarum, singulis annis habebat, ut dicebat, sibi ad Pascha annuatim redditas (que predicte decem et septem

(1) Tom. XII, col. 575.

(2) La Vacherie, village voisin de Troyes.

(3) Droit perçu à la porte des villes sur les denrées qui se transportaient à bras ou sur les épaules.

libre de capite suo movebant, ut etiam dicebat), pro centum et sexaginta libris pruvinensibus de quibus coram nobis ad plenum se tenuit pro pagata. In cujus rei testimonium presentibus litteris sigillum curie trecensis ad petitionem dicte Helye duximus apponendum. Actum anno Domini Mo. CC°. quadragesimo tercio, mense junio, in festo beatorum apostolorum Petri et Pauli.

(Septembre 1245.)

Nos E. abesse dou Paraclit, et touz li couvanz de ce mesme lieu, faisons savoir à touz ces qui verront ces presantes lettres, que, quant nostre chier sire Thiebauz, par la grace de Dieu rois de Navaire, de Champaigne et de Brie, cuens Palazins, cust prins, par nostre otroi et par nostre volanté, et anclos an son parc que il a fait deseur Ponz an Mont-Morvois, de nostre bois jusque à VIII" et XIII arpanz: il, à l'esgart de preudomes, et porceque li suens bois valoit plus que li nostres, il nos a randu et asis sis vinz arpanz de bois quatre meins, ou bois qui fu monseigneur Guillaume de la Court, le chevalier, et monseigneur Perron de Jaucourt, an tel meniere que nos, de ce bois pourons faire nostre volanté toutes les foiz que nos vourons, et le ferons garder et cloir, quant nos vorrons; et se nus i estoit trovez copant ou essartant, l'amande et li forfaiz seroit nostres as us et as coutumes de la forest, sauf ce que l'autre joutice demore au devant dit roi et à ses oirs. Et ce bois il nos rant en eschange franc et quite de gruerie et d'usuaire, et le nos doit garantir contre toute gent qui voudroient venir à droit. An quel tesmoignance des choses devant dites, nos avom fait seeller ces presantes lettres de nostre seel. An l'an de l'incarnacion Nostre Seignor, mil et CC et quarante et cinc, ou mois de septambre.

BULLETIN BIBLIOGRAPHIQUE.

CORRESPONDANCE INÉDITE DE MABILLON ET DE MONTfaucon avec L'ITALIE, suivie des lettres inédites du P. Quesnel à Magliabechi, accompagnée de notices, d'éclaircissements et d'une table analytique, par M. Valéry. - Trois vol. in-8°. Paris, Labitte, 1846.

Les communications épistolaires établies pendant une longue suite d'années entre des hommes célèbres par leur science et par leurs vertus, comme furent les bénédictins français de la fin du dix-septième siècle, sont un précieux recueil de documents pour notre histoire littéraire. Il semble que c'est là seulement qu'on pourra retrouver en entier, qu'on pourra voir et apprécier, dans l'abandon et l'intimité, ces modestes religieux, qui apportèrent leur belle part d'honneur et d'éclat au grand siècle, sans vouloir sortir de l'obscurité du cloître. L'espoir d'offrir un tel livre au public avait séduit M. Valery, qui, en ayant rencontré les premiers éléments dans les bibliothèques de l'Italie, s'était occupé depuis vingt ans de compléter ce travail. Il nous semble, après avoir lu ces trois volumes, qu'arrivé au bout de sa tâche, l'éditeur, connaisseur si délicat en matière littéraire, dut trouver le résultat moindre qu'il ne l'avait espéré d'abord, et s'appliquer avec regret les paroles du poëte: Spes mendax lusit amantem.

La Congrégation de Saint-Maur, qui avait son chef-lieu à l'abbaye de Saint-Germain des Prés, à Paris, entretenait un de ses membres à Rome, avec le titre de procureur, pour veiller aux intérêts de la communauté, et envoyait ses savants moissonner dans les bibliothèques, tantôt de l'Allemagne, tantôt de l'Italie, tantôt des diverses provinces de la France; ainsi en 1685, Mabillon partit pour Rome, accompagné de Michel Germain, comme treize ans plus tard Montfaucon partit avec Paul Brioys. Or, le fond de la correspondance qu'entretenaient les voyageurs avec leurs confrères de Paris et de Rome ou avec les savants des deux pays, est surtout formé de lettres d'affaires, écrites en courant, ou de billets de politesse. Il n'y a pas grande place sous ces plumes sévères pour les saillies de l'esprit, ni pour les détails de la curiosité, ni même pour les épanchements de l'amitié, et l'on s'y dit le plus vite possible, avec les nouvelles du jour, les menus services dont on a besoin. Il n'y a qu'un seul homme, parmi les nombreux personnages de cette volumineuse correspondance, dans les lettres duquel on sente respirer librement la vie, l'activité, le sens, la hardiesse françaises : c'est dom Michel Germain, bénédictin fort savant, et Picard très-patriote. C'est lui qui s'exprime avec le plus de liberté sur les mœurs du clergé romain et même sur quelques croyances superstitieuses; qui parle de la facilité avec laquelle les savants de France relèveraient la moustache aux étrangers; III. (Deuxième série.)

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