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vileges de ladite Eglise ne dudit pardon; nous supplians lesdiz reverend père en Dieu et gens de ladite Eglise, lesdites choses considerer, et leur donner sur ce et pour le temps avenir provision et remède convenable, humblement le nous requerans : pour ce est il que nous, desirans de tout nostre pouvoir favoriser le fait de ladite Eglise dont nos prédecesseurs, ducs de Bretaigne, et nous suymes fondeurs et protecteurs, et l'augmentation et contentement d'icelle et du service divin, ainsi que tenuz y suymes; et pour autres causes à ce nous mouvans: avons aujourd'huy voulu et octroié, voulons et octroions par ces presentes, de grace especial, que touz vroiz pelerins venans par devocion au pardon de ladite église, puissent aller, venir et resider en nostredite ville de Treguer durant le temps dudit pardon, et s'en retournent avecques touz leurs biens seurement et sauvement, par ainsi que, si les Anglois et autres nos ennemis y venoint, ils seront tenuz le faire dedans les huit jours precedens lesdiz jours du Saint Sacrement et dudit pardon; lesqueulx ainsi venus, pourront audit lieu de Treguer sejourner et demeurer seurement et sauvement, jusques à ce que ils aient lieu et temps suffisant et convenable pour eulx en retourner en leur party; voulans nostre presente concession et octroy durer, valoir et tenir jusques ayons ordenné au contraire; laquelle ordonnance, s'aucune nous faisons, nous ferons savoir et publier trois moys avant ledit pardon, affinque lesdiz Anglois et tous autres en puissent avoir congnoissance. Or donnons en mandement par ces presentes à noz mareschal, admiral, vice-admiral, capitaines, présidiaulx, seneschaulx, baillifs, prevostz, leurs lieutenans, et autres justiciers, officiers, vassaulx, féaulx et subgez de notre duchié, et à tous autres à qui de ce peut ou pourra appartenir, de cestz noz presens concession et octroy et de tout le contenu en ces presentes, faire, souffrir et laisser joir tous lesdis pelerins, touz empeschemens cessanz au contraire et sans sur leurs navires et biens quelzcunques leur donner, faire, mettre ne souffrir estre donné, mis ne fait aucun trouble, empeschement, arrest, ne molestacion, en corps ne en bien, en aucune manière, soit pour marque, contremarque, prinse, reprinse, à requeste de partie ne autrement, en aucune maniere, ne pour quelconque caution ne occasion que ce soit; car ainsi le voulons et nous plaist. Et affin que ce soit ferme et estable, nous avons signé ces présentes de nostre

main et fait seeller de nostre seel. Donné a Nantes, le xx jour de juillet d'au mil iiii soixante trois.

Par le Duc de son commandement et en son conseil.

Signė FRANCOYS.

Et plus bas : Richart.

ANATOLE BARTHÉLEMY.

LETTRE

SUR LA

BATAILLE DE CASTILLON

EN PÉRIGORD,

19 juillet 1453.

La journée de Castillon fut une petite bataille suivie d'un grand effet. Les troupes de Charles VII s'y mesurèrent pour la dernière fois avec les Anglais; et la Guienne, redevenue française par la victoire, fut réunie pour toujours au domaine de la couronne. Il existe de bonnes relations de cette action décisive. Jean Chartier, le hérault Berri, et surtout Mathieu de Coussy, en ont dit tout ce qu'il importait à l'histoire de connaître. Toutefois l'intérêt légitime qui s'attache aux témoignages contemporains des événements, fera accueillir avec faveur, nous n'en doutons pas, le document nouveau que nous publions sur le même sujet.

C'est une lettre qui se trouve copiée d'une manière assez peu correcte à la suite de la relation de la conquête de Normandie par le hérault Berri, relation qui termine le second volume de Monstrelet dans le manuscrit français de la Bibliothèque royale, no 8346. Une seule et même main a transcrit le Monstrelet, la relation de Berri et la lettre. Celle-ci est annoncée par une rubrique disant qu'elle « fut envoyée par ung << honnourable homme, qui fut à la dicte journée, au conte d'Angou« lesme; » mais c'est une erreur du copiste; l'épître, quoique sans adresse, est destinée à plusieurs personnes qui sont traitées de chers amis; et celui qui écrit, loin de se donner comme ayant pris part au combat, ne parle que d'après les nouvelles arrivées à Angoulême le surlendemain de la bataille.

Puisque nous en trouvons ici l'occasion naturelle, nous ferons connaître à nos lecteurs un court passage d'une chronique inédite qui

prouve que les Bretons se distinguèrent d'une manière particulière à la journée de Castillon. Le manuscrit de cette chronique, exécuté du vivant de Charles VII, est à la bibliothèque Sainte-Geneviève (n° 1155). Voici ce qu'on y lit au folio 131, relativement à la bataille : «< Talebot y print << mort, et son filz, et le bastart d'Angleterre, et pluseurs autres Anglois jusques au nombre de deux mille et plus. Et y eurent les Sei• gneurs de Hunaudaye et Montauban, et ceulx de leur compagnie, « très grant honneur et plus que nulz autres des trois batailles. Et y gaigna messire Olivier Giffart la banière de Talebot; et en général les Bretons y gaignèrent cinq bannières qu'ilz emportèrent en Bretaigne. »

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Chiers amis, etc. (1). Je vous laisse sçavoir des grandes et bonnes nouvelles que Dieu nous a données, qui sont tellez, que mardi derrenier, qui fu xvij jour de juillet l'an mil iiij et liij, Thabelot à tout vijm combatans angloix se parti de Libourne et ariva devant et près de Chastillon où noz gens tenoient leur siége, pour yceulz combatre; et à tout leur armée estoient partie hors dung parcq en champ, que noz gens avoient fait devant ladicte place de Chastillon pour eulx fortifier. Le Grand-maistre (2) et Joachin Rohault [montèrent] à cheval à tout ije lanches pour che qu'ilz se doubtoient bien de la venue dudit Thalebot et se eslongièrent du champ bien une demi lieue. Les Angloix vinrent fors et à puissance; et lors se retrayrent ledit Grand-maistre et Joachin Rohault. Toutefois furent fort apressés, et fu Monseigneur le Grandmaistre prins et puis rescoux; lequel estoit demouré derriere pour faire rentrer ses gens ou dit parcq, lequel parcq nos gens avoient fortifié.

Ledit Thalebot avoecq grand quantité d'Angloix drecha la bannière Saint George et celle d'Angleterre, et les vindrent mettre sur le bort du fossé dudit parcq, et puis combatirent les Anglois main à main à noz gens; et dura chelle baterie ung peu de temps et y furent faites des vaillances d'un costé et d'aultre. Girault le canonnier (3) et ses assistens et compaignons drechèrent l'artillerie contre eulx, dont il les greva moult; car à chacun cop en ruoit cincq ou six par terre, tous mors; et tellement les greva

(1) Sic.

(2) Jacques de Chabannes.

(3) Artilleur très-renommé qui s'illustra encore sous Louis XI. Ayant été pris par les Bourguignons à la bataille de Montlhéry, il resta avec eux jusqu'au moment de la paix de Conflans (1465). Voy. Comines, l. 4, c. 6.

que par forche furent constrains d'eulx retraire; et de fait se retrayrent.

Noz gens ne furent point contens; ains firent lever les barrières du dit parcq et saillirent dehors à cheval et à pied et ferirent viguereusement sur sire Jehan Thalebot, tellement que, à l'aborter, en ruèrent jus de v a vic, tous mors, car nul n'estoit retenu prisonnier. Et en cheste saillie furent les armes dudit Thalebot ruées jus par terre et ledit Thalebot mis à mort par ung archier, lequel luy bailla d'une épée par mi le fondement, tellement qu'elle wida par mi la gorge. Et che fait, noz gens vinrent par grand corage sur les Angloix, lesquelx se mirent tantost en fuite. Et ne sariés ymaginer ne penser la grande desconfiture et le crit qui lors fut entre les diz Angloix.

Et après la mort dudit Thalebot, noz gens leur donnèrent la cache jusques à Saint-Milion (1) où il y a deux lieues, et y furent les champs tous couvers d'Englès. Et des vij mil desus ditz, s'en sont ij mil retrais dedans Chastillon, et requirent de rendre la plache et estre recheus en la merchi du Roy. Le demourant s'en est fuy par la manière devant dicte.

Tous messeigneurs qui sont par de chà l'ont fait si vaillamment que merveilles. Monseigneur l'admiral (2) y a esté blechié en deux lieus; mais Dieu merchi, il n'a point de dangier de mort. Les nouvelles en sont venues au roy environ à x heures, et à x1 heures l'avons sceu en Angoulesme. Che jour meysmes le roy a recheu lettres contenans che que dit est. J'ay veu homme qui y a esté et veu lectres de Gui de la Roche, seneschal d'Angoulesme, contenans che que dict est.

Le roy a fait chanter Te deum laudamus à la Rochefoucault. Escript le xix jour de jullet, l'an mil iiije et liij.

Le fils de Thalebot et chelui du Captal (3) sont mors; et finablement tout a esté prins ou mort.

(1) Saint-Emilion.

(2) Jean de Bueil.

(3) Jean de Foix, seigneur de Candale, fils du captal de Buch. Il ne mourut pas, comme le dit notre auteur; au contraire il fut de ceux qui purent se retirer dans Cas tillon; mais dans le premier moment on avait pu le croire mort.

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