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contens as églises de Saint-Quentin, doiens, capitles, abbés, cou vens, et vos besoingnes vous vinrent bien et à vo volonté, la cours et li roys se gouvernoient par grant gent layes et en grant estat. Orez est li contraire. Pour quoi en ceste année je vous ai conscillié et loé, et en secré, que vous, plus que autrefois, eussiés l'amour de vos balliu et de vo prévost et feissiés vos besoingnes et vos querelles en la court le roy, par devant eauz, à Saint-Quentin, et que vous à vo pooir eschiussiez que vos besoingnes ne venissent à court contre eauz, ou vous vos apasissiés; car li clergiés en la court le roy est au desseure, et vous i estes au dessous. Et comme vous ne voelliés faire chose que je vous conseille et lo, anchois créés autre conseil qui si bien ne connoist mie vo pooir comme je fach, je vous fach à savoir que je ne bee mie à estre vos hiraus ne boire au hanap de la confusion là ù vous beverés prochainement. Je ferai envers le ville ce que je deverai, et pleuist à Dieu que tous li communs de le ville sevist vo folie, mais que ce ne fust mie par mi! Vous envoiés vo braieur Gobert le Drapier, si le quidiez waingnier par brere et par crier; mais il n'est mie ensi, car vous avés à faire à gens qui ont toute le faveur de le court. Et sachiés que je ne bee mie à i estre sos ne braieres ne crieres pour vos folies, car je n'en venroie à cief, anchois en venroie à confusion, aussi comme vous ferez. Et plaise à Diex que il vous plaise à advertir segont ce que li tans et li pooirs des persones se portent, et aussi, m'ait Diex, que je vorroie l'onneur et le pourfit de le ville autant que feroit homs jurés de vo maison. Et Diex vous wart.

(Archives de l'hôtel de ville de Saint-Quentin, liasse 21, dossier A, original sur parchemin, coté 1 bis.)

EUG. JANIN.

BULLETIN BIBLIOGRAPHIQUE.

RECHERCHES SUR LA GÉOGRAPHIE ET LE COMMERCE DE L'ALGérie MÉRIDIONALE, PAR E. CARETTÉ. 2 volumes in-8°. Paris, imprimerie royale, 1844. Faisant partie de l'Exploration scientifique de l'Algérie, publiée par ordre du Ministre de la Guerre.

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Ce livre traite en effet de l'Algérie méridionale, c'est-à-dire de cette portion de l'Algérie, éloignée non pas seulement des établissements et des nouveaux villages de colons, mais même des derniers postes militaires qui les protégent; de cette région que nos armées n'ont pas encore visitée, et où nul Européen ne voudra de longtemps voyager isolément. La première question que l'on s'adresse est de savoir comment M. Carette a pu, sans y pénétrer, dresser le tableau géographique et commercial d'un semblable pays. Cela s'est fait par un procédé aussi simple qu'ingénieux et dont les résultats sont surprenants de clarté, de richesse, on dirait presque de certitude. Sans quitter pour ainsi dire Alger, M. Carette s'est mis en rapport avec les Arabes qui viennent des tribus les plus éloignées apporter à la côte et surtout à la capitale les produits de leurs récoltes. Grâce à la connaissance parfaite de la langue indigène, que lui a donnée un long séjour en Afrique, M. Carette a pu prendre à part et interroger individuellement tous ces marchands voyageurs, répétant les mêmes questions à dix individus du même village, prenant note de leurs réponses, les réunissant et les interrogeant ensuite ensemble pour une dernière vérification; puis, passant à la tribu voisine, reprenant, sans se lasser, les mêmes détails, et parcourant ainsi de proche en proche l'Algérie entière. M. Carette a pu de la sorte dresser la carte et la statistique des provinces les plus reculées jusqu'au désert, et réunir les renseignements les plus précis sur des pays et des peuplades dont les noms mêmes n'avaient jamais été indiqués avant lui. Il est arrivé, par le même procédé, à figurer le réseau de toutes les voies de communication existant au sud de l'Algérie, à donner même la distance d'un village à un autre. On ne citerait pas de localité un peu marquante dont M. Carette ne puisse indiquer approximativement le nombre de tentes, le nombre d'hommes, leur richesse, la nature de leur industrie, leur état intellectuel et moral; car l'auteur, aussi persévérant que sagace, n'a rien négligé pour compléter ses investigations testimoniales.

Dans la partie géographique, la seule à laquelle nous puissions nous arrêter ici, M. Carette précise d'abord la distinction, imparfaitement connue, du Tell et du Sahara. Le Tell est la partie septentrionale ou maritime de l'Algérie; le Sahara est au-delà et précède le désert. Dans le Tell se trouvent nos camps, nos établissements, à côté d'immenses espaces de terres cultivables qui pour longtemps suffiront à nos efforts de colonisation. Si l'on veut tracer à peu près la limite de cette région, depuis le Maroc jusqu'à la

régence de Tunis, on doit suivre une ligne qui partant de la position de Sidi-Ahmed ben Abdallah, à 8 lieues sud-est de la ville marocaine d'Ouchda, touche El Gor, Saïda et Frenda, passe au sud de Takdempt, touche Gondjila, laisse Msila à 5 lieues au sud, touche El Gantar, laisse encore Biskra à 6 lieues au sud et s'arrête à Négrin, sur la limite du royaume tunisien. C'est dans cette grande étendue de pays de 150 lieues de long sur une profondeur variable de 20 à 50 lieues, que se trouvent, outre les ports de mer, les villes de Mascara, Takdempt, Orléansville, Médéah, Blidah, Sétif, Djimilah, Constantine, etc. Au sud de la ligne que nous venons de tracer, est le Sahara algérien, dont les villes principales sont Aïn-Madhi, Msila, Bousada, Biskra, Tuggurt, Goug, Metlilli, Ouareglah, Rardeia, etc.

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Le Tell est le pays des céréales, du labourage et des moissons; le Sahara est le pays des palmiers, des fruits et des pâturages. Les habitants du Tell sont essentiellement agriculteurs; ceux du Sahara sont pasteurs et jardiniers. Ces définitions, empruntées au livre de M. Carette, surprendront peut-être quelques personnes que trompent encore la confusion occasionnée par les géographes et les poètes, entre le Sahara et le désert. Il faut ici laisser parler l'auteur lui-même : « Compris sous deux dénominations qui « s'excluaient mutuellement, appelé par les uns grand désert, ce qui en« traînait l'idée de la désolation et de la stérilité; appelé par les autres « pays des dattes, ce qui impliquait l'idée de la production et du travail, « le Sahara était devenu une contrée fantastique dont notre ignorance << agrandissait les proportions et uniformisait l'aspect. Depuis les montagnes qui bordent l'horizon du Tell, jusqu'aux premières côtes du pays « des noirs, il semblait que la nature eût étendu une nappe uniforme composée de steppes ardentes, région maudite..... Tel n'est point l'aspect du « Sahara, vaste archipel d'oasis dont chacune offre un groupe animé de « villes et de villages. Autour de chaque village règne une ceinture d'arbres a fruitiers le palmier..., le grenadier, le figuier, l'abricotier, le pêcher « et la vigne... Le Sahara ne règne pas seulement au sud de la régence d'Alger, il s'étend au midi de la régence de Tunis et de l'empire de Maroc; « dans ces deux états, la zone septentrionale porte aussi le nom de Tell. Il

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« existe donc un Tell et un Sahara tunisiens, un Tell et un Sahara algériens, un Tell et un Sahara marocains. »

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Mais à quelle profondeur s'étend le Sahara algérien ? Et jusqu'où faudra-t-il descendre, si l'on veut en trouver le terme? Question intéressante pour la géographie et liée à cette autre question importante : l'Algérie a-t-elle vers le sud une limite arrêtée et naturelle? Le livre de M. Carette nous donne ici une réponse affirmative et péremptoire. Oui l'Algérie a une limite physiquement et distinctement marquée par une suite continue d'oasis qui, partant du Maroc, arrive à la régence de Tunis, sous les noms d'Ouad-Sidi-Cheihk, Ouad-Mzab, Ouaregla, Temacin, Oulad-Rir et Ouad-Souf. Au-delà de cette ligne est le désert, le vrai et grand désert; au-dedans sont les oasis ou le Sahara. C'est

cette grande région mitoyenne, renfermée entre le Tell et le désert, région inexplorée et presque inconnue, que M. Carette a décrite en détail.

Après l'étude géographique du pays, l'auteur passe à la statistique commerciale et suit tout le mouvement des tribus. Il fait connaître leurs marchés, la nature et quelquefois la quotité de leur commerce, les ressources de leur agriculture, leurs moyens d'échange, leurs marchandises, le prix des denrées, les relations des villes et des oasis entre elles, les routes que suivent leurs marchands pour se rendre à la côte, les placements qu'ils y trouvent et les moyens d'augmenter ces débouchés. M.-L.

TRAITÉ DU CONTRAT DE MARIAGE OU du régime des BIENS ENTRE ÉPOUX, par Pierre Odier, professeur de droit à l'académie de Genève. Paris, Cherbuliez, 1847, 3 vol. in-8° (prix 18 fr.).

Cet ouvrage de jurisprudence n'aurait point trouvé mention dans notre bulletin bibliographique, s'il ne se faisait remarquer par un soin des origines historiques, ordinairement inconnu aux jurisconsultes praticiens et même aux professeurs de droit. Pour toutes les théories, toutes les questions qui se présentent successivement sous sa plume dans cet important sujet du régime des biens entre époux, M. P. Odier s'est attaché à ne point laisser passer inaperçues la discussion des origines et l'opinion des anciens auteurs. C'est à Pothier que s'arrête ordinairement la connaissance des anciens auteurs chez les commentateurs du Code civil; mais M. Odier fait usage des docteurs du seizième siècle; il remonte même quelquefois au grand Coutumier, à Beaumanoir et aux Établissements de saint Louis, et remonterait sans doute plus haut encore si notre savoir historique était plus complet qu'il n'est. C'est là un mérite rare qu'on doit apprécier dans ce recueil, c'est une voie nouvelle indiquée aux jurisconsultes, et dont ils profitent déjà, car deux avocats distingués, MM. Rodière et Pont, occupés aussi d'un traité sur le contrat de mariage qui devait être publié il y a quelques mois, l'ont sagement retiré à l'apparition de celui de M. Odier, afin de répandre au profit de la science le fruit des veilles de ce savant étranger.

Pour mieux faire connaître le livre de M. Odier, nous en citerons un passage, celui dans lequel l'auteur explique l'origine de la communauté de biens entre époux, en faisant observer que nous l'avons écourté autant que possible, et que nous en avons notamment retranché les citations de sources qui occupent une grande place dans les notes et souvent dans le texte même de l'auteur.

« Plusieurs auteurs, tant anciens que modernes, ont cherché avec plus de zèle que de bonheur l'origine de la communauté, les uns dans le droit gaulois, les autres dans le droit romain. Une troisième opinion qui voit dans la communauté une institution d'origine germanique est la plus vraisemblable, au moins quant au principe d'une société de biens entre le mari et la femme, qui constitue son élément primitif. Mais cette idée de société III. (Deuxième série.)

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fut modifiée par bien d'autres notions avant d'arriver à la communauté entre époux des coutumes rédigées au seizième siècle. Dans les usages des peuplades germaniques, qui, aux cinquième et sixième siècles, firent invasion dans les Gaules et y rédigèrent leurs lois, les droits du chef de famille sur sa femme et ses enfants n'étaient pas une puissance rigoureuse et absolue comme celle que les Romains reconnaissaient au pater familias. Le pouvoir des pères sur les enfants, des maris sur les femmes, n'était qu'un droit de tutelle ou de protection qu'on appelait mundium, du radical mund qui signifie garde. Ce pouvoir, le père le transmettait à l'époux sous la forme d'une vente dont les anciennes lois des Francs saliques, des Saxons, des Allemands, fixaient diversement le prix. En vertu du mundium, le mari acquérait sur les biens apportés par sa femme un droit presque absolu d'administration et de jouissance. Toutefois ces biens restaient strictement séparés le mari n'en avait pas la propriété; il ne pouvait les aliéner sans le consentement de sa femme; à la dissolution du mariage, il était tenu de les restituer à celle-ci ou à ses héritiers. On trouva bientôt injuste que le mari pût en tous cas bénéficier avec les biens de sa femme sans la faire participer aux produits de cette gestion, et aussi la plupart des lois barbares, rédigées aux huitième et neuvième siècles, assurèrent à la femme une part dans tous les gains et acquêts résultant de la collaboration commune et de l'administration du mari. Cette attribution faite à la femme par ces diverses lois, soit au prorata des apports, soit d'une part fixe du tiers ou de la moitié des acquêts, transformait le régime entre époux en une véritable société d'acquêts, en une communauté réduite aux acquéts; ce fut donc le principe de tout le système du droit français sur ce point. Dès que cette société d'acquêts fut introduite, il était difficile que tous les biens meubles de la femme n'y fussent pas bientôt compris, car leur mélange avec ceux du mari était intime pendant le mariage, et les droits d'administration que lui donnaient sur eux les attributs du mundium et de la puissance maritale rendaient presque impossible, surtout lorsque le commerce et les transactions se développèrent, toute distinction entre les meubles que le mari administrait comme propres de sa femme et ceux qu'il administrait comme rentrant dans la société d'acquêts. Cette extension fut probablement favorisée par un usage qu'on retrouve dans quelques provinces, usage qui faisait considérer comme produisant une société tacite de tous meubles, fruits et acquets, la simple cohabitation de deux personnes pendant l'an et jour; car à plus forte raison en fut-il ainsi entre personnes unies par le lien du mariage. On fut donc très-promptement conduit à regarder tous les meubles des deux époux, ceux de la femme en particulier, comme compris dans la société ou communauté introduite par le mariage, et à étendre jusqu'à eux les droits que le mari exerçait déjà sur les acquêts ainsi qualifiés. Il en ré sulta que la communauté entre époux ne se borna plus aux seuls acquêts, mais revêtit la seconde forme que nous avons mentionnée, celle d'une société de tous meubles et des acquéts. La seule nuance qui s'établit dans

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